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CENTRAFRIQUE : L’ASSEMBLÉE NATIONALE, LE BERCEAU DE LA MAGOUILLE ET DU COMPLOT D’ÉTAT.

Bernard Selembi Doudou, l’auteur de l’article. Photo courtoisie.

 

 

Bangui (République centrafricaine) – L’assemblée nationale centrafricaine est la chambre monocamerale représentative du peuple centrafricain en attendant la mise en place effective du sénat.

 

Elle est élue au suffrage universel direct pour une durée de cinq (5) ans renouvelable indéfiniment. Cette sixième législature est composée de cent quarante (140) députés cosmopolites élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours.

 

Les députés sont non seulement les représentants de la souveraineté nationale mais aussi les défenseurs des intérêts des électeurs de leurs circonscriptions respectives. Les missions principales et traditionnelles des parlementaires consistent à voter les lois de la république et de contrôler les actions gouvernementales. A cet égard, l’assemblée nationale apparaît ainsi comme le baromètre de l’équilibre politique et cela dans le respect de l’intérêt supérieur de la nation.

 

Force est de constater dans les faits que cette sixième législature pourtant composée de grands intellectuels et commis de l’Etat est en résumé un gâchis, un véritable constat d’échec à l’image de la politique générale du pays.

 

Cette sixième législature est à juste titre caractérisée par une série sans fin de scandales mafieux, de magouilles et de complots tous azimuts au sommet de l’état.

 

Malgré la multiplication exponentielle de scandales, les parlementaires ne sont pas inquiétés et les excès continuent. D’emblée, la mise en place du bureau de l’assemblée nationale après les élections de 2015 s’est faite sur fond de magouille, de promesses grossières et intenables en passant par la destitution programmée et téléguidée du Président de l’assemblée nationale.

 

On relève entre autres scandales la circulation dans les couloirs des enveloppes et frais opaques, des conflits d’intérêts imbibant les hautes autorités, la création des groupes d’intérêts occultes, des sociétés de parlementaires qui gagnent des marchés publics dont les conditions d’attribution des marchés ne sont pas transparentes etc….

 

Ces pratiques mafieuses, douteuses, malhonnêtes, illicites et illégales sont tellement notoires qu’elles justifient la non déclaration ou du moins la réticence de déclaration de patrimoine de certains parlementaires pourtant imposée par l’alinéa 1 de l’article 66 de la constitution du 30 mars 2016 qui dispose que « dans les trente (30) jours qui suivent l’installation du parlement, le député et le sénateur font chacun en ce qui le concerne une déclaration écrite de patrimoine déposée au greffe de la Cour constitutionnelle qui la rend publique dans les huit (8) jours francs ».

 

En plus de ces graves manquements constitutionnels restés impunis, les parlementaires excellent dans les détournements de deniers publics et de corruption de bas étage. Certains sont notoirement analphabètes et par voie de conséquence incompétents car ils ne s’investissent pas assez dans les débats et se précipitent pour voter les lois après un long et ennuyeux sommeil. Qu’à cela ne tienne, l’absentéisme chronique, injustifié et impuni au mépris du règlement intérieur de l’assemblée nationale, confirme le manque de productivité et d’efficacité dans les missions parlementaires confiées par la constitution.

 

Fort de ce qui précède, le citoyen lambda s’interroge sur la primauté de la magouille dans l’hémicycle au détriment de l’efficacité de la mission parlementaire :

 

Pourquoi les organes étatiques de contrôle c’est à dire la Cour des comptes et autres ne s’intéressent-ils pas à la gestion opaque et scabreuse de l’assemblée nationale ? Pourquoi la magouille, la mafia et le complot d’état qui devraient constituer le combat des parlementaires s’installent durablement dans le palais du peuple ? Pourquoi ces mutismes, inactions complices et légendaires des parlementaires face à la dérive totalitaire du pouvoir ?

 

Concernant l’interpellation à l’assemblée nationale du premier ministre sur la boucherie meurtrière de Paoua, certains députés se sont agités avec force pour enfin s’endormir après l’intervention du chef du gouvernement. S’agissait-il encore d’une énième épisode de corruption ? Comment peut-on éradiquer ces facteurs d’inefficacité pour privilégier les intérêts de leurs électeurs ? A ce jour, combien de parlementaires sont impliqués impunément dans des scandales politiques et financiers ?

 

Beaucoup de questions qui interrogent la moralité et la probité des parlementaires de la sixième législature qui laissent planer le doute et la suspicion sur cette prestigieuse institution étatique. Au moment où l’accord de Khartoum est mis à mal, en ballotage défavorable par les récentes tueries, les parlementaires submergés par la magouille ne font plus peur à l’exécutif et qu’une éventuelle interpellation, enquête parlementaire ou une tentative de motion de censure ne représente qu’une promenade de santé pour les acteurs du pouvoir exécutif.

 

En conséquence de ce qui précède, nous lançons un vibrant appel à la diaspora à travers le monde, à la jeunesse agissante et aux âmes éclairés d’assiéger massivement l’assemblée nationale en sollicitant le suffrage des électeurs aux prochaines échéances électorales en vue de renouveler ou de recycler la maison du peuple.

 

Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites pas que c’est moi.

 

 

Paris le 30 mai 2019.

Bernard SELEMBY DOUDOU.

Juriste, Administrateur des élections.

Tel : 0666830062.

 

 

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