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Centrafrique : La société civile dénonce l’inaction face aux exactions des Wagner

La société civile dénonce l’inaction face aux exactions des Wagner

 

Simplice Mathieu SARANDJI Simplice-Mathieu-SARANDJI-par-le-gouvernement Simplice Mathieu Sarandji, point focal de la nouvelle stratégie de campagne anti-communauté internationale, anti-Minusca, anti-Française en Centrafrique
Simplice Mathieu Sarandji, alors premier ministre, actuel Président de l’assemblée nationale centrafricaine

 

Bangui, CNC. La Coordination des Organisations de la Société Civile pour la Paix en Centrafrique (COSCIPAC) a adressé une lettre ouverte cinglante au président de l’Assemblée nationale. Ce document, daté du 14 octobre 2024, dénonce vivement l’inaction des députés vis-à-vis des “graves exactions et tortures exercées par des mercenaires russes et rwandais sur la population civile”.

 

Dans ce courrier de quatre pages, la COSCIPAC, qui se décrit comme “la voix des sans voix”, accuse les élus de “défaillance” et d’“incapacité notoire” à défendre les intérêts du peuple centrafricain. L’organisation, dirigée par Petit Delphin Kotto, rappelle avoir demandé dès le 2 mars 2021 l’ouverture d’une enquête parlementaire sur ces exactions, une requête restée lettre morte.

 

“Nous n’avons que des députés qui ne savent rien du rôle qui est le leur, avides d’argent, peureux, défaillants, mendiants, incompétents et incapables de prendre des décisions fermes pour la défense des intérêts de leurs élus”, fustige la COSCIPAC. L’organisation va jusqu’à questionner l’existence même d’une représentation nationale : “Y a-t-il des députés en Centrafrique ? Non et non !”

 

Le coordinateur national de la COSCIPAC accuse également les parlementaires d’avoir “trahi le peuple” et “vendu le pays aux mercenaires russes, rwandais, et aux mafieux libanais et chinois pour le seul intérêt, qui est le vôtre et avoir une main mise du pouvoir sur le Peuple meurtri”. Il les met en garde contre le “sacrifice de la vie du Peuple pour des intérêts égoïstes et personnels d’une poignée et d’une catégorie de personnes”.

 

La lettre évoque plusieurs épisodes qui, selon la COSCIPAC, illustrent cette trahison présumée : la destitution de l’ancien président de l’Assemblée nationale, Abdou Karim Meckassoua, en 2018, qualifiée de manœuvre “pour des intérêts mesquins”, ainsi que l’abandon de Dominique Yandocka, un collaborateur décrit comme “périssant encore dans les geôles de camps de roux”.

 

Les exactions des Wagner, et l’influence russe critiquée.

 

La COSCIPAC dénonce par ailleurs l’influence croissante du groupe Wagner en République centrafricaine. “Nous avons pu constater que les plus grandes décisions au sommet de l’État sont prises par les groupes Wagner”, affirme l’organisation. Elle accuse ces “terroristes” de se permettre “d’enseigner aux responsables centrafricains la dictature, la corruption et le mensonge comme mode de gouvernance”.

 

La lettre ouverte pointe également du doigt ce qu’elle décrit comme des “pseudo-mobilisations populaires” orchestrées par le groupe Wagner pour “dénigrer la Communauté Internationale (USA, France, MINUSCA et autres partenaires importants et principaux acteurs du retour à l’ordre constitutionnel en RCA)”. Selon la COSCIPAC, des “jeunes désœuvrés sont mobilisés, moyennant de l’argent mis à disposition par le groupe Wagner aux leaders des Requins” pour organiser ces manifestations.

 

L’organisation rappelle avoir “lancé plusieurs cris de détresse et plusieurs alertes” aux forces vives de la nation et à la communauté internationale sur “les nombreuses attentes du peuple centrafricain, longtemps méprisé et dont les droits ont toujours été foulés aux pieds par le régime ‘Autocratique’ de votre ami, le Président Faustin Archange Touadéra”.

 

Accusations de corruption et les exactions des Wagner.

 

La COSCIPAC s’en prend également à ce qu’elle qualifie de “pratique honteuse du Gouvernement qui consiste à fourvoyer les élus du peuple et certains leaders des partis politiques de l’opposition, groupes armés et de la société civile qui se laissent faire en oubliant qui ils sont censés défendre”.

 

L’organisation va jusqu’à accuser les plus hautes autorités de l’État, y compris les directeurs généraux de la police et de la gendarmerie, de se livrer à une “concurrence de partage des sites d’exploitation minière” avec des partenaires étrangers “sur le dos des Centrafricains”.

 

“La RCA est devenue invivable et ingouvernable à cause de votre ami et vous-même (Association de Malfaiteurs)”, accuse la COSCIPAC, s’adressant directement au président de l’Assemblée nationale. “Vous avez rendu les Centrafricains les plus pauvres des pauvres dans tous les domaines (manque de route, d’écoles, d’électricité, d’eau potable…).”

 

Appel à la mobilisation.

 

Face à ce qu’elle décrit comme un “tableau sombre, chaotique sur le plan tant diplomatique que politique, insupportable pour la population”, la COSCIPAC annonce que “le peuple a décidé de passer à la vitesse supérieure”.

 

“Le peuple a décidé de sortir dans la rue et exiger le départ du pouvoir de celui à qui le peuple ne peut faire confiance pour l’avenir de notre nation : Faustin Archange Touadéra”, déclare l’organisation. Cette mobilisation devrait débuter “à la fin de l’année 2024, et se poursuivra jusqu’à son départ du pouvoir”, précise la lettre.

 

La COSCIPAC promet d’informer ultérieurement de la date exacte de cette mobilisation, tout en soulignant que “le temps de la tergiversation est passé et est complètement révolu, le temps de dialogue et de la diplomatie sont finis”.

 

L’organisation réitère également sa demande de “retrait immédiat, sans délai et inconditionnel des mercenaires russes et rwandais, engagés par le Gouvernement, du territoire centrafricain”, ainsi que la “dissolution des sociétés fictives spécialisées dans le vol et pillages de nos ressources naturelles et la saisie de leurs matériels d’exploitation”.

 

Cette lettre ouverte intervient dans un contexte de tensions croissantes en République centrafricaine, notamment autour de la présence controversée du groupe Wagner. Elle souligne les divisions profondes au sein de la société centrafricaine et les défis auxquels fait face le pays en matière de gouvernance et de respect des droits humains.

 

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