La tradition politique centrafricaine a opté pour un régime parlementaire calqué sur le modèle de la cinquième république française où le principe de séparation de pouvoir est garanti par la constitution. C’est dans l’élan de cette suite logique et rationnelle que la constitution du 30 mars 2016 (tout comme les précédentes) a défini les champs de compétence et les inter-fonctionnalités des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire.
Rédigé par Bernard Selemby Doudou, juriste
Publié par Corbeaunews Centrafrique (CNC), le dimanche 11 septembre 2022
Déterminé de s’embourber ou de s’enliser dans ce projet de réécriture d’une nouvelle constitution ouvrant une voie royale à « un troisième mandat), le pouvoir de Bangui embauche des badauds, active sa milice politique pour une démarche méthodique de démantèlement, d’anéantissement des attributs de la démocratie chèrement acquis parfois au prix du sang du peuple.
C’est ainsi qu’après l’appropriation stricto sensu de l’ensemble du pouvoir exécutif avec le musèlement de la classe politique voire de la société civile, le pouvoir de Bangui a débauché des députés pour se construire une majorité mécanique à l’assemblée nationale…ensuite vint le tour du pouvoir judiciaire pour vider les notions de démocratie et de la séparation de pouvoir de leurs contenus.
Il apparaît urgent de rappeler que le Bloc Républicain de Défense de la Constitution (BRDC) constitué d’opposants à la réécriture de la constitution avait introduit un recours en invalidation du décret présidentiel mettant en place le comité de rédaction de la nouvelle constitution.
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À l’instar de la gifle administrée par la Cour constitutionnelle en déclarant « anticonstitutionnelle » certaines dispositions substantielles de la loi relative à la cryptomonnaie et en prévision de la décision à prendre sur le recours du Bloc Républicain de Défense de la Constitution, le pouvoir de Bangui a organisé comme d’habitude une manifestation scandant des appels à la démission de la présidente de la Cour constitutionnelle, et présentant des écrits de menaces d’assassinat de la présidente.
Effaré par ce comportement qui appartient à un siècle révolu, le citoyen lambda s’interroge :
À défaut de constituer un trouble à l’ordre public, cette manifestation était-elle autorisée ?
Dans le cas contraire où cette dernière n’était pas autorisée, pourquoi la manifestation était encadrée par les forces de l’ordre au lieu de les disperser par les moyens légaux ?
Quel sont les échos au niveau du parquet général ?
En d’autres termes, pourquoi les initiateurs de cette manifestation non autorisée ne sont pas arrêtés et traduits devant les tribunaux ?
Quelles sont les réactions du président de la république et de son gouvernement ?
Parallèlement à ce qui précède, quelles sont les places de la milice politique et les associations de soutien au président de la république dans l’architecture politique de la république ?
S’agit-il de la légalisation d’une monarchie déguisée ?
En toute évidence, toutes les cases correspondant à la médiocrité, l’impunité et la violation des droits fondamentaux sont cochées.
N’oublions surtout pas que l’opinion nationale et internationale nous observe et qu’il n’est pas tard pour le pouvoir de Bangui d’abandonner ce funeste projet, de contribuer au retour d’un climat de paix et surtout d’arrêter de manipuler la jeunesse qui est un atout majeur pour la rénovation de notre nation.
Cette pression multiforme sur la Cour constitutionnelle pour obtenir la constitutionnalité du décret relatif à l’assemblée constituante n’a pas sa place dans la République, pourtant l’alinéa 12 de l’article 33 de la constitution fait du président de la république le garant de l’indépendance du pouvoir judiciaire, et qu’il lui revient le droit de veiller sur leur neutralité.
Ainsi, le silence complice du président de la république n’est-il pas assimilable à la haute trahison ou au parjure ?
Nous vous rappelons in fine que les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets…malheur à celui ou celle qui s’attend à un résultat contraire.
Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites surtout pas que c’est moi.
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