lundi, décembre 9, 2024
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Centrafrique: La paix, cette chimère

                     C’est un accueil tonitruant que les milices centrafricaines ont réservé à Jean-Yves Le Drian lundi dernier. Le ministre français de la Défense, qui se rendait pour la énième fois à Bangui, a été accueilli par un concert de mitraillettes, même si ça se passait à des centaines de kilomètres de la capitale. Ce jour-là, dans l’après-midi, des combattants musulmans ont encerclé la cathédrale Saint-Joseph dans le centre de Bambari, là où se trouvait un site de réfugiés. Des violences ont éclaté qui auraient fait une vingtaine de morts et plusieurs blessés graves. Nouveau drame dans un pays englué dans un cycle infernal depuis on ne sait combien de temps, et qui peine à en sortir. Ce n’est pas la première fois qu’un bain de sang est provoqué dans un lieu de culte : en mai dernier, l’église Notre-Dame de Fatima à Bangui, qui abritait près de 9 000 déplacés, avait été attaquée, causant une quinzaine de morts, sans oublier cette grenade lancée, en juillet 2014, dans une mosquée dans la ville de Paoua, à 490 km environ de Bangui.

Quand on pense que l’accalmie s’est installée, un autre événement encore plus dramatique survient pour nous rappeler combien la paix y est précaire. Une paix d’autant plus fragile qu’aux hostilités se sont greffées des considérations religieuses. La Séléka, ancien mouvement rebelle ayant permis la prise du pouvoir par Michel Djotodia, ayant  favorisé la naissance de petits monstres que sont les balakas (pro-musulmans) et les anti-balakas (pro-chrétiens). Les violences se poursuivent, avec une régularité de métronome dans la patrie de Jean Baptiste Boganda devant une présidente par intérim impuissante et qui n’a plus que ses yeux pour pleurer. L’on a bien pu avoir la tête de Michel Djotodia, mais, visiblement, l’affaire dépasse Dame Catherine Samba-Panza. Si bien qu’elle commence même à agacer ceux qui l’ont jusque-là portée à bout de bras. Il en va jusqu’au visiteur du jour, Jean Yves Le-Drian, qui ne s’est pas gêné, en des termes un peu voilés certes, de critiquer le bilan de son hôte. «Elle n’a pas permis la relance du processus politique … La politique est en panne … Mme Samba-Panza a beaucoup de bonne volonté … Ce n’est pas elle qui est en cause, mais ça n’aboutit pas», a-t-il murmuré.
Catherine de Bangui, pour sa part, réclame le réarmement des troupes centrafricaines. Est-ce la solution? Pas évident avec cette grande muette indisciplinée et abonnée aux mutineries. Va-t-on finir par sacrifier cette présidente par intérim sur l’autel de la paix, elle qui ne fait que prêcher dans le désert ? On se rappelle que c’est à N’Djamena que le sort de son prédécesseur, Michel Djotodia, accusé par les chefs d’Etats de la CEMAC et la communauté internationale de ne pas  avoir mis fin aux violences interreligieuses et aux exactions dans son pays avait été scellé Pauvre Centrafrique, malade de ses fils et à la recherche perpétuelle de la quiétude. Quand ce n’est pas un bouffon à l’image de Bokassa ou des despotes à la petite semaine qui la mettent sous leur coupe réglée, ce sont les populations elles-mêmes qui s’entre-déchirent.
Issa K. Barry

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