CENTRAFRIQUE : LA COMMUNICATION DE LA PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE EST EN PANNE.
Bangui, le 23 janvier 2017. 6:11′.
Par : Bernard Selemby Doudou. Collaboration spéciale.
Après un séisme militaro-politique qui a secoué notre chère patrie, la majorité des centrafricains, lassés par cette guerre fratricide ont décidé dans la dignité de se prêter au jeu électoral organisé dans des conditions sécuritaires incertaines. Un President de la République a été élu sur une trentaine de candidats et l’ordre constitutionnel a été rétabli nonobstant qu’une portion du territoire national échappe encore au contrôle du pouvoir central. Pour respecter l’expression de la démocratie, la classe politique centrafricaine a unanimement pris acte de la volonté populaire et chacun a accepté de jouer sa partition pour contribuer de près ou de loin à la reconstruction nationale. Force est de constater qu’à l’approche de la première année du mandat, la stratégie politique du President de la République a du mal à avoir une assise au sein de la population, de la classe politique etc…aucune lisibilité dans la communication de la présidence. Ainsi, le citoyen lambda se pose la question de comprendre ce manquement. Existe t-il un service de communication à la présidence de la République ?
Dans l’affirmative, pourquoi la communication de la présidence souffre d’un déficit chronique ? Comment expliquer ce déficit quand c’est notoire que le pays regorge des chevronnés en matière de communication ?
A titre de rappel, la communication du President de la République communément appelée “presse présidentielle” est un outil de communication, une machine de guerre pour mettre en valeur, soigner les actions et l’image du President de la République. C’est un moyen de transmission de l’information au profit du President, elle fait partie intégrante et indissociable des médias. Sans être prétentieux, Ia mission de la presse présidentielle est de rendre compte de façon compréhensible des actions du chef de l’Etat. Entre autres, ce service doit promouvoir l’image du guide et son rayonnement, mettre en place une stratégie de communication, trier des informations qui mettent en valeur le President de la République, gérer le site de la présidence, superviser, centraliser et coordonner les actions de communication en faveur du chef de l’Etat. En résumé, ce service doit être en symbiose, en cohérence, dans un rapport étroit avec la politique définie par le President de la République. Les membres de ce service doivent rester et œuvrer dans l’ombre mais nous constatons malheureusement qu’ils sont plus médiatiques que le President lui-même.
En Centrafrique, la communication du President de la République sur différents supports se présente de façon très archaïque et anarchique car toutes personnes même non habilitées voire des ministres ou conseillers à la présidence se permettent de participer à la communication de la présidence. Cette situation contribue maladroitement à détruire la stature présidentielle et finit par nourrir le sentiment d’amateurisme. Ces derniers temps, nous avons assisté scandaleusement sur les réseaux sociaux à une invitation d’un membre maladroit de la presse présidentielle. Ce dernier invitait les internautes à décrypter et interpréter les faits et gestes du President de la République lors du sommet France-Afrique au Mali. Quelle maladresse ? Sont-ils sérieux ? La presse présidentielle est-elle muette ? Est-elle muselée ? Est-elle soumise à la censure ? Si non, pourquoi jeté l’élu de la nation en pâture à la merci des opposants et des détracteurs ? Ont-ils oublié que leur posture est liée au statut de celui qu’ils exposent au danger ? Outre la multiplication des incidents, dérapages, des erreurs de casting, des ratés de la presse présidentielle, nous tenons à leur rappeler que leur mission consiste à vendre, à soigner l’image du President de la République et non de l’isoler.
Fort de toutes les polémiques, la rupture n’est pas loin d’atteindre son apogée et cela contribuera largement à l’impopularité du chef de l’Etat. Ainsi, pour éviter l’agonie de la communication présidentielle nous appelons les responsables à un diagnostic afin de recarder et de réajuster leur stratégie. En réalité, ce service doit s’évertuer à expliquer à travers tous les supports médiatiques les actions présidentielles, à cultiver ses relations avec les journalistes sans exception de tendance. Ce service doit être l’interface de la présidence. En conséquence, ses membres doivent être des professionnels compétents, disponibles et joignables. En guise de contribution, nous estimons que les membres de la presse présidentielle sont certes volontaires, courageux mais ils sont peu expérimentés avec des connaissances approximatives des enjeux et stratégies de communication. Ils manquent cruellement de culture sur la communication. Il vaut mieux s’entourer de professionnels qui maîtrisent la relation avec la presse et qui maîtrisent des supports médiatiques liés à la nouvelle technologie car il a été prouvé que ce sont les réseaux sociaux qui ont augmenté la côte de popularité du couple Obama aux Etats-Unis.
En outre, l’équipe de la presse présidentielle doit maîtriser les grandes lignes de la politique du President de la République. Elle doit apprendre à ce dernier la manière de s’adresser au public, contrôler son habillement, ses gestes, sa posture, son comportement face aux événements d’envergure nationale. Nous tenons à souligner à travers cette analyse que vos choix ne sont pas mis en cause, ni contestés car vous disposez d’un pouvoir discrétionnaire confié par la constitution pour choisir vos collaborateurs mais il faudrait qu’ils soient des professionnels ou formés. Nous appelons par ailleurs, à une vigilance accrue sur la gestion du site de la présidence et proposons par la même occasion à l’élu de la nation d’ouvrir un compte sur les réseaux sociaux, ce qui a réussi sous d’autres cieux à des célébrités politiques. Pour finir et afin d’éviter le déficit de popularité, nous invitons l’équipe de la presse présidentielle de coordonner la communication de la présidence afin d’éviter les maladresses, les couacs et surtout d’opter pour une communication explicative des mesures et actions de la présidence. Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites pas que c’est moi.
Paris le 21 janvier 2017.