Centrafrique : Désarmement spectaculaire des soldats de la Minusca à Bozoum par les Anti-Balaka.
Bangui, le 12 mars 2017.
Par : Gisèle MOLOMA, CNC.
L’histoire paraît imaginaire, pourtant c’est une réalité du terrain que les soldats de la Mission multidimensionnelle des Nations-Unies en Centrafrique (Minusca) rencontrent quasiment toutes les semaines. Retournement de la situation, les Anti-Balaka qui devraient être désarmés par les soldats des Nations-Unies en application des dispositions du Conseil de sécurité des Nations unies deviennent spectaculairement ceux qui doivent désarmer de forces, les soldats des Nations-Unies en application d’une disposition locale. Incroyable !
Pour beaucoup des Centrafricains, la résolution 2127 du Conseil de Sécurité des Nations-Unies, qui avait été d’ailleurs votée à l’unanimité afin de renforcer la capacité militaire de ses Casques bleus en Centrafricaine, se transforme aujourd’hui à une sorte de résolution du renforcement du pouvoir militaire des Anti-Balaka sur toutes les forces opérationnelles. Ce constat est largement partagé en Centrafrique. Le dernier événement en date qui renforce un peu plus cette idée, vient de la ville de Bozoum où des soldats de la Minusca ont été désarmés de forces par les Anti-Balaka qui, sans se soucier d’une éventuelle conséquence qui ne viendra pas d’ailleurs, ont pris leurs courages à deux mains pour fouiller, poche par poche, sac par sac, tous ces soldats avant de trouer systématiquement toutes les roues de leur camion.
Selon les témoins joints par un de nos correspondants dans la région, ces soldats de la Minusca, basés à Paoua après leur départ définitif de la ville de Bozoum il y’a quelques mois, étaient au nombre de 10 où environ quand ils venaient de Paoua pour Bossemptélé via Bozoum. Alors qu’ils avaient été formellement interdits par les Anti-Balaka de mettre leurs jambes dans la ville de Bozoum, les responsables militaires des forces de la Minusca basés à Bangui, prenait cette interdiction des Anti-Balaka à la légère.
Surarmés et blindés, ils ont quitté Paoua la semaine dernière. En arrivant à Bozoum, leur convoi a été stoppé par les miliciens Anti-Balaka qui les avaient pointés, et les désarmer de forces. C’était la honte pour les Nations-Unies qui se soumettent à une milice armée comme si le droit d’employer la force était réservé exclusivement aux Anti-Balaka. C’est un crime de guerre qui n’a pas été condamné dénoncé, comme à l’accoutumée, par les responsables à Bangui en raison de la honte qui entoure les faits.
D’après un élève médecin témoin de l’évènement, certains de ces soldats de la Minusca tremblaient comme les malades de Charcot. Ils perdaient la motricité de leurs muscles et parois thoraciques et dégageaient d’énormes sueurs dans le dos. Ce qui fait qu’ils n’ont pas de force de tenir leurs armes.
Pour ne pas courir le risque supplémentaire dans cette ville de Bozoum, ils ont décidé quand même de poursuivre leur route dans l’état de leurs roues crevées afin d’atteindre la ville de Bossemptélé.
« Continuer vos routes en laissant des pneus en morceau en route que de laisser la vie humaine » conseille un habitant de la ville, visiblement pitié d’eux.
Un fait digne d’un film américain sur le sol centrafricain. Les Nations-Unies n’ont-elles pas d’autres moyens légaux à leur disposition pour renforcer la présence de leurs troupes en RCA ? Pour les Centrafricains, les forces des Nations-Unies n’existent que sur papier.
Déployés en Centrafricaine en septembre 2015 après le déclenchement de la guerre civile de 2012 qui a fait plus de 15 000 morts, les soldats des Nations-Unies sont actuellement au nombre de 12 000 sur le territoire centrafricain. Malgré ce nombre impressionnant, la situation reste chaotique sur le terrain.
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