23/06/14 (AFP)
Des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ont été commis en Centrafrique et continuent de l’être au cours d’un “conflit de l’impunité”, affirme la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) dans un rapport publié mardi.
Ce rapport, intitulé “Ils doivent tous partir ou mourir”, fait suite à plusieurs missions d’enquête en RCA par la FIDH et établit les responsabilités des parties en conflit, l’ex-rébellion Séléka et les milices anti-balaka.
“C’est un conflit politico-ethnique pour le contrôle du pouvoir qui a progressivement pris une dimension religieuse. Ceux qui donnent les ordres aujourd’hui sont en train de se rendre responsables d’une épuration et de commettre des crimes internationaux dont ils devront rendre compte”, affirme la FIDH.
Depuis le 5 décembre 2013 et leur offensive dans Bangui, les miliciens chrétiens anti-balaka “attaquent systématiquement les civils, en particulier musulmans”. Selon le rapport, plus d’une vingtaine d’enclaves regroupant entre 15.000 et 20 000 musulmans sont actuellement assiégées par les anti-balaka.
L’ex-rébellion de la Séléka, dont les crimes depuis sa prise du pouvoir en mars 2013 ont entraîné l’intervention armée de la France et d’une force africaine (Misca), “continue de perpétrer des violations graves des droits humains et des crimes internationaux” après s’être repliée dans le nord et l’est du pays, selon le rapport.
Parmi les Séléka, les responsabilités présumées de l’ex-président Michel Djotodia, de son chef des renseignements, Noureddine Adam ou encore du chef de milice soudanais Janjawid, le général Moussa Assimeh, “semblent établies”, selon la FIDH. “La présence parmi les Séléka d’Abdoulaye Miskine, de son vrai nom Martin Koumtamadji, ancien chef de la garde présidentielle sous le régime du président Ange-Félix Patassé et responsable présumé du massacre du marché à bétail de PK-12 à Bangui en 2002, démontre à quel point le conflit actuel en Centrafrique est aussi un +conflit de l’impunité+”
Pour les anti-balaka, les enquêtes établissent l’activisme de très nombreux officiers des Forces armées centrafricaines (FACA, ancienne armée) et de personnalités proches du président déchu, François Bozizé.
“Les instructions données, les revendications énoncées et les actions menées par les anti-balaka visent pour la plupart à provoquer un chaos sécuritaire, humanitaire et politique afin de faciliter le retour de l’ancien président”, affirme le texte.
En mai 2014, rappelle la FIDH, des sanctions ont été prises par le Conseil de sécurité de l’ONU et les États-Unis, contre cinq personnes, dont François Bozizé, un responsable des anti-balaka, Levy Yakété, et le numéro deux de la Séléka, Noureddine Adam. Des sanctions qui “doivent être étendues à d’autres personnalités et être endossées par d’autres États ainsi que par l’Union européenne”.
“Les groupes armés, Séléka ou anti-balaka, reçoivent des instructions, de l’argent et des soutiens pour mener cette politique du chaos et ériger les communautés les unes contre les autres. La justice nationale et internationale doit cibler les auteurs des crimes commis mais surtout doit mettre hors d’état de nuire les responsables qui donnent les ordres”.
Enfin, la FIDH rappelle que le gouvernement centrafricain a saisi la Cour pénale internationale le 30 mai, “estimant ne pas avoir la capacité de poursuivre les plus hauts responsables”. La FIDH demande à la procureure de la CPI “d’ouvrir rapidement une enquête”.