On voyait venir les choses. Cela n’a rien de surprenant. Le chef d’état-major de la Séléka a déclaré ne pas se reconnaître dans l’accord de cessez-le-feu qui a été paraphé in extremis à Brazzaville au Congo, le 23 juillet dernier, sous l’égide du président congolais Denis Sassou Nguesso.
Certes, le médiateur a pu sauver la face en arrachant de justesse et au forceps, un cessez-le-feu entre Séléka et antibalaka. Mais force est de constater que son application pose problème. Car la situation n’a visiblement pas évolué depuis le forum de Brazzaville qui était censé mettre fin à la violence.
La Séléka est en train de ruser dans l’ultime objectif d’obtenir la partition du pays.
Bien au contraire, la situation se dégrade de jour en jour. La liste des morts continue à s’allonger dans l’ex-Oubangui-Chari et l’horizon est loin de s’être dégagé.
En déclarant que les accords de Brazzaville n’engagent que ceux qui y ont apposé leur signature, le chef d’état-major de la Séléka, le général Zoudéko, désavoue le n0 3 du mouvement qui l’a représenté lors des pourparlers de Brazzaville, et met à nu la fracture qui existe au sein de ladite milice. La Séléka serait-elle devenue une tour de Babel ?
En tout cas, on ne sait plus qui parle au nom de qui, qui est censé parler au nom de la Séléka, tant le cafouillage est énorme. Si fait qu’on se demande si les rebelles de la Séléka veulent la paix. Du reste, on a l’impression qu’ils sont en train de ruser dans l’ultime objectif d’obtenir la partition du pays.
De toute apparence, ils n’ont pas renoncé à cette idée.
La Centrafrique n’est pas sortie de l’auberge.
Cela dit, c’est à Michel Djotodia que devrait revenir la tâche d’éclaircir la démarche du mouvement qu’il pilote. Car, avec sa nomination à la tête de la Séléka, la preuve est désormais faite qu’étant physiquement au Bénin, le tombeur de François Bozizé était bien présent dans les agissements de la Séléka. De toute évidence, c’est lui qui tirait les ficelles.
Il est et demeure donc un acteur incontournable pour un retour de la paix en Centrafrique. C’est dire si la sortie guerrière de Catherine Samba-Panza qui a ferraillé contre celui qui vient d’être nommé à la tête de la Séléka, n’aura eu pour conséquence que de compromettre les chances d’un retour à la paix en RCA.
Or, tant que Djotodia et Bozizé ne seront pas directement impliqués dans le processus de réconciliation en RCA, la stabilité de ce pays risque de demeurer une arlésienne. En tout cas, le moins que l’on puisse dire, c’est que la Centrafrique n’est pas sortie de l’auberge
Par Thierry Sami Sou pour Le Pays