En Centrafrique, ceux qui attendent des élections cette année-là perdent leur temps. Touadéra a bien dit, il a besoin des urnes dans les bureaux de vote, et non des électeurs.

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Le président centrafricain a tranché : les urnes lui suffisent pour 2025, peu importe qui y participe.
En effet, l’Autorité Nationale des Élections traverse une crise profonde de compétence. Cette institution ne parvient même pas qui n’a même pas pu produire des listes électorales provisoires en douze mois . Les experts internationaux, notamment ceux des Nations unies, de la MINUSCA et du PNUD, partagent ce constat. Depuis 2020, chaque échéance électorale tourne au fiasco. Les élections générales ont été entachées d’irrégularités massives. Le référendum constitutionnel de juillet 2024 a confirmé cette défaillance avec une participation dérisoire et des résultats douteux. Même les élections locales, pourtant soutenues par des partenaires internationaux, n’ont pas pu aboutir après deux ans de préparatifs.
L’ANE a reporté les élections locales cinq ou six fois, incapable de produire une liste électorale fiable après plus d’un an de travail. L’expert des Nations unies sur les droits humains, le Togolais Yao Agbetse, estime que la probabilité d’un nouveau report des élections prévues pour décembre 2025 est réelle. Cette situation alimente le scepticisme sur la possibilité d’un processus électoral transparent et démocratique.
Au-delà de l’incompétence, une stratégie délibérée se dessine. Le président Faustin-Archange Touadéra et son entourage organisent cet échec. Il ne s’agit pas d’un manque de moyens ou de capacités, mais d’un calcul politique. Touadéra lui-même a déclaré qu’il n’a pas besoin d’électeurs, mais seulement d’urnes dans les bureaux de vote. Cette affirmation expose une stratégie claire : manipuler les processus électoraux pour garantir des résultats prédéterminés, sans se préoccuper de la participation réelle ou de la légitimité du scrutin.
Le référendum de juillet 2024 témoigne parfaitement de cette tactique. La participation était quasi inexistante, estimée à 1 ou 2 % selon des sources indépendantes. Pourtant, les résultats officiels ont proclamé une approbation massive de la nouvelle constitution, avec plus de 90 % de votes favorables. Ces chiffres, fabriqués de toutes pièces, ont été validés sans contestation sérieuse par la communauté internationale. Ce précédent montre que le pouvoir maîtrise l’art de transformer les scrutins en simples formalités administratives.
Les élections prévues pour décembre 2025, englobant les présidentielles, les législatives et les municipales, ne seront pas des élections au sens démocratique du terme. Elles s’apparentent à une nomination instrumentée par le pouvoir en place. Le président, les députés et les maires seront désignés par décret, selon un scénario déjà écrit. Comme Touadéra l’a clairement indiqué, les urnes suffisent, même si elles sont vides. Les résultats seront fabriqués, et la communauté internationale, malgré quelques réserves, finira par entériner ces chiffres, comme elle l’a fait pour le référendum de 2024.
Ceux qui espèrent un processus électoral équitable, qu’il s’agisse des opposants ou des diplomates, perdent leur temps. Le pouvoir a déjà décidé de l’issue des élections. Les promesses répétées de corriger les failles des scrutins précédents, formulées après les élections de 2015-2016 et 2020, n’ont jamais été tenues. À chaque cycle électoral, la situation empire. En 2025, elle risque d’être encore plus désastreuse, selon les termes d’observateurs locaux.
Comme l’a affirmé l’opposant Martin Ziguelé : « Je crois rêver. Demander à cette ANE qui n’a même pas pu produire des listes électorales provisoires en onze mois de préparer 4 scrutins en un seul jour relève de la plaisanterie ».
Le président Touadéra bénéficie d’ailleurs de certains dictateurs du monde : Vladimir Poutine, Paul Kagamé. Ce soutien extérieur renforce sa position et lui permet de viser une présidence à vie. Les diplomates internationaux, bien qu’informés des dérives du régime, se contentent de rédiger des rapports vagues, mentionnant des irrégularités sans jamais remettre en cause la légitimité des scrutins. Les médias internationaux, comme la Radio France Internationale, relaient docilement les résultats officiels, souvent accompagnés d’une formule stéréotypée : « Touadera est réélu avec 90% des voix, dans un scrutin contesté par l’opposition». Cette phrase, que les dictateurs veulent entendre, répètent chaque fois après les élections en Afrique. Au lieu de dire contestée par la population, on préfère dire contestée par l’opposition.
L’opposition, de son côté, est d’ailleurs très marginalisée et inefficace. Les centrafricains qui envisagent de se présenter aux législatives ou de mobiliser des ressources pour des campagnes électorales en décembre prochain perdent leur temps. Le système est verrouillé : seuls ceux qui ont des connexions au sein de l’appareil du pouvoir peuvent espérer être nommés à des postes législatifs ou communaux. Comme l’a souligné un observateur, « si tu as un bon contact au sein de l’appareil, ils vont mouiller le maillot pour te nommer comme député ou maire». Les autres n’ont aucune chance.
L’idée d’organiser simultanément des élections présidentielles, législatives et municipales en décembre 2025 est irréaliste pour une institution comme l’ANE, qui n’a même pas réussi à tenir des élections locales après deux ans de préparatifs. Cette ambition démesurée cache une intention claire : créer un chaos organisé pour justifier des résultats préfabriqués. Le scénario est déjà écrit : une participation minimale, des urnes vides, et des chiffres truqués proclamant la victoire écrasante de Touadéra et de ses alliés.
Les Centrafricains, désabusés par des années de promesses non tenues, savent que leur voix ne compte pas. Les bureaux de vote seront peut-être garnis d’urnes, mais les électeurs seront absents. Comme Touadéra l’a lui-même déclaré, « ce n’est pas le détail qui compte, mais la fin ». Cette fin, c’est la consolidation de son pouvoir, quelles que soient les apparences ou les critiques.
La communauté internationale, bien qu’au courant de ces manipulations, joue un rôle ambigu. Les rapports des organisations comme la MINUSCA ou le PNUD se contentent de noter des conditions difficiles et appellent à des réformes prochainement. Ces recommandations, répétées depuis 2015, n’ont jamais conduit à des améliorations concrètes. Les diplomates rédigent leurs rapports pour satisfaire leurs supérieurs, sans s’attaquer aux véritables problèmes. Pendant ce temps, les médias internationaux contribuent à légitimer les résultats truqués en les relayant avec des formules vagues.
Ce silence relatif de la communauté internationale permet à Touadéra de poursuivre son agenda. Il savoure les annonces proclamant sa réélection avec des pourcentages écrasants – 70 %, 90 %, voire 99 % – relayées par les médias étrangers. Ces chiffres, bien que déconnectés de la réalité, lui confèrent une aura de légitimité sur la scène internationale, renforçant son emprise sur le pouvoir.
Les élections de décembre 2025 en Centrafrique ne seront ni libres, ni transparentes, ni démocratiques. Elles s’inscrivent dans une stratégie délibérée de manipulation instrumentée par le président Touadéra et son entourage. L’Autorité Nationale des Élections, minée par l’incompétence et instrumentalisée par le pouvoir, n’est qu’un rouage dans cette machine. Les partenaires internationaux, malgré leurs rapports et leurs appels à des réformes, restent complices par leur inaction. Pour les Centrafricains, il ne s’agit pas d’élire, mais d’assister à une nomination déguisée en élection. Le chaos est inévitable, et le cycle de désillusions se perpétue….
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