Discours de sourds entre la communauté internationale et le gouvernement sur le sort des FACA
Bangui – Corbeau News Centrafrique: 25-01-2015.
La nouvelle patronne des Forces armés centrafricains (FACA), Mme Marie Noëlle Koyara a effectué, samedi 24 janvier 2015, sa première visite aux FACA du Camp Kassaï. La ministre d’Etat qui est allée en compagnie du général de Brigade Gérôme Bouba, chef d’état-major des armées, de Mme Diane Corner et M. Jean Pierre Reymondet-Commoy respectivement Représentante spéciale adjointe de la MINUSCA et Ambassadeur de l’Union européenne en RCA, pour non seulement encourager les quelques cinq mille (5 000) FACA rassemblés, mais aussi d’interpeler la communauté internationale qui, jusque-là, ne croit pas au caractère républicain des FACA. Alors que le Conseil de sécurité des Nations unies vient, à peine de reconduire jusqu’à janvier 2016, l’embargo sur les armes en direction de la RCA.
« Notre pays est aujourd’hui dans un élan de recherche de la paix, condition sine qua non à son épanouissement. Mais, nous sommes convaincus que cette recherche de paix ne peut se faire sans notre armée nationale. Cependant, c’est avec vous (les FACA) que nous allons reconstruire la nouvelle armée centrafricaine, car sans vous, nous n’y parviendront jamais.» a déclaré la Ministre d’Etat à la défense, Mme Marie Noëlle Koyara, à l’occasion de cette première visite aux FACA. Selon toujours la Ministre d’Etat, l’armée d’un pays, c’est ce qui lui confère toute sa dignité et son honneur aux yeux des autres, étant donné que c’est elle qui se charge de la défense de l’intégrité du territoire, des populations civiles ainsi que leurs biens.
Ce plaidoyer de Koyara ne signifie nullement la négation de la détérioration profonde actuelle des FACA – une armée totalement détruite et quasi inexistante depuis la prise de pouvoir, le 24 mars 2013, par l’ex-rébellion Séléka de Michel Djotodia Am Nondroko. « Aujourd’hui, nous savons que notre armée a beaucoup de problèmes, entre autres, le problème d’organisation et de l’opérationnalité au sein de notre armée ; une faiblesse dans les activités non-organiques, c’est-à-dire de replacer chaque catégorie des militaires (malades, âgés, valides, etc.) dans des Corps qui leur siéent ; l’attitude de notre armée à tenir et défendre le terrain, faire en sorte que les directives et décisions des chefs ne puissent pas rester verbales ; les infrastructures sont devenues toutes vétustes et inadaptées au courant actuel de la mondialisation marqué par des nouvelles technologies et moyens modernes… Tout cela n’ayant pas permis à nos FACA de remplir normalement leur mission de protection des civils, du territoire et des biens centrafricains ».
Sachant par ailleurs que la communauté internationale qui gère le pays ne s’est pas inscrite dans la même vision que le peuple centrafricain, ainsi que ses autorités actuelles au sujet de la réhabilitation des FACA, Mme Koyara a invité les FACA à se perfectionner dans les autres domaines de l’armées, à savoir le génie militaire, le sport, la culture où elle a particulièrement plaidé pour la rénovation de l’orchestre ‘’Commando Jazz’’. Fort de ces nouvelles orientations, peut-être provisoires, la Ministre d’Etat à la défense a lancé un appel aux autres éléments des FACA errant dans les rangs des Séléka ou des Anti-balaka ou encore dissimilés parmi les civils à regagner les rangs : « Je le redis ici, que sans les FACA, nous ne pourrons véritablement aller à la paix. C’est vrai qu’aujourd’hui, les conditions sont difficiles, mais ensemble, nos FACA retrouveront leur place d’antan non seulement en RCA, mais aussi dans la Sous-région et sur le Continent africain. Je demande donc, une fois de plus, à tous mes frères et sœurs FACA de regagner leur place. »
Entre temps, ces efforts du gouvernement centrafricains de voir coûte-que-coûte les FACA être réhabilités et dans un bref délai contrastent bien avec la vision d’une communauté internationale qui elle, ne croit nullement au caractère républicain et discipliné des FACA. Le 23 janvier dernier, à l’occasion d’une réunion sur la situation en République centrafricaine, le Conseil de sécurité a adopté à l’unanimité de ses 15 membres une résolution reconduisant jusqu’au 29 janvier 2016 l’injonction faite aux Etats d’ ‘’empêcher la fourniture, la vente ou le transfert directs ou indirects à la République centrafricaine’’ d’armements ou de matériels connexes. Ces mesures, toujours selon la résolution, ne s’appliquent pas ‘’aux fournitures destinées exclusivement à l’appui de la MINUSCA, de la Force régionale d’intervention (FRI) de l’Union africaine et des missions de l’Union européenne et des forces françaises déployées en République centrafricaine’’, ni aux ‘’livraisons de matériel militaire non létal destiné exclusivement à un usage humanitaire’’.
Si la nouvelle patronne des FACA, Mme Marie Noëlle Koyara a effectué sa première visite en compagnie d’une haute représentation de la communauté internationale, cela aurait le mérite d’être son plaidoyer de haut niveau en faveur des FACA. Reste que ce discours de sourds entre autorités centrafricaines et communauté internationale finisse par une compréhension en faveur des FACA.
En attendant, l’impression de l’Ambassadeur de l’Union européenne, M. Jean-Pierre Reymondet-Commoy à l’issue de cette visite témoigne d’une prise de conscience, quand même tardive, de la réalité des FACA et de leur importance dans la recherche de la paix et la sécurité en RCA, étant donné que la présence de ces forces nationales est fortement sollicitée par le peuple et les autorités centrafricains. « C’est encourageant, tout ce beau monde qu’on a vu ici et aussi la mobilisation des gens pour l’amélioration des choses. » s’est réjoui le diplomate qui annonce l’arrivée, la semaine prochaine d’une mission européenne en RCA pour appuyer la réhabilitation des forces armées centrafricaines et aider à la réforme de la sécurité toute entière.
Rappelons qu’au Camp Kassaï, déjà 8 400 sont enregistrés selon le Gl de brigade Gérôme Bouba, Chef d’état-major des armées. Ils sont employés dans le génie militaire dans le cadre des activités actuelles de réhabilitation dudit camp militaire.
Bangui, Fred Krock pour CNC