Centrafrique : bavures en série des mercenaires russes

Image d'illustration des mercenaires russes à Sibut, dans la préfecture de Kémo, au centre-sud de la Centrafrique. Crédit photo : Alain Nzilo.

 

Bangui, République centrafricaine, lundi, 4 janvier 2021, 07:51:59 ( Corbeaunews-Centrafrique ). Alors que la Centrafrique traverse une période électorale tendue causée par une recrudescence des violences, les incidents mettant en cause les mercenaires russes de la société de sécurité privée Wagner se multiplient.

Au milieu de cette flambée de violences, la population découvre le vrai visage de mercenaires russes aux méthodes douteuses et qui font preuve d’amateurisme au combat. Mis en situation de stress, ils sont pointés du doigt dans plusieurs cas de dommages collatéraux, qui n’épargnent ni civils ni travailleurs des organisations humanitaires œuvrant pour le retour de la stabilité dans le pays.

Une de leurs dernières victimes s’appelait Albertine Bikossé, une pauvre habitante de Kpabé (près de Sibut), âgée de 72 ans et assassinée le 25 décembre sous les balles des employés de Wagner. Son seul tort a été de vouloir sauver son petit-fils alors que les tirs de fusils fusaient et retentissaient dans tous les sens.

Des faits similaires ont été signalés à Boali, où les Russes ont pris part à des combats face aux rebelles de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC). Selon certains observateurs, ils auraient reçu pour ordre de tirer sur tout ce qui bouge.

Le 28 décembre dernier, on apprenait que les mêmes mercenaires basés à l’entrée de la ville de Grimari ont ouvert le feu sur un camion de transport public qui circulait sur l’axe reliant Bambari à Bangui. Leurs tirs ont fait sortir le camion de la route et ont provoqué un grave accident. Il se dit que les mercenaires fébriles ont pris le camion pour un convoi transportant des troupes de l’UPC, un des groupes armés faisant partie de la CPC. Ce grave manque de discernement a causé au moins quatre morts et une vingtaine de blessés. Parmi les victimes figure un employé de Médecins sans frontières (MSF), décédé des suites de ses blessures, comme l’indique le communiqué de presse de MSF daté du 30 décembre.

A l’heure actuelle, il est difficile de dénombrer le nombre exact de victimes civiles causées ces dernières semaines par les méprises impardonnables de la société Wagner. Et il sera sans doute encore plus compliqué d’enquêter sur ces bavures dans les circonstances actuelles.

Toujours est-il que ces méfaits ne sont pas les premiers à se produire en Centrafrique. Déjà au cours d’affrontements survenus en janvier 2019, des mercenaires russes ont été accusés d’avoir torturé un commerçant de Bambari durant cinq jours. Arrêté sur le marché de la ville et considéré par ses tortionnaires comme un chef des ex-Seleka, les Russes avaient tenté de lui soutirer, par la violence et les mutilations, des aveux qu’il était incapable de livrer.

Ces faits mettent aussi en lumière un des dangers qu’il existe à recourir à des mercenaires au lieu de soldats professionnels. Ils contribuent à renforcer l’instabilité des pays concernés et font payer les pots cassés aux populations qui n’aspirent qu’à vivre en paix.

Par Gisèle MOLOMA

Journaliste politique

Alain Nzilo

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