Centrafrique : 64 morts dans les événements de Bangassou, selon Cardinal Nzapalainga
Bangui, le 19 mai 2017.
Par : Fred Krock, CNC.
De la tournée pastorale qui devrait le conduire à Bangassou du 8 au 18 mai courant, le Cardinal Dieudonné Nzapalainga a vécu, sinon intervenu en tant que leader religieux charismatique, dans la meurtrière crise sécuritaire sans précédent qu’à connue cette paisible ville du Sud-est, la semaine dernière. C’est finalement ce jeudi 18 mai que Nzapalainga a pu regagner Bangui. A l’aéroport, l’homme de Dieu s’est livré à la presse.
« Ce que nous pouvons retenir, c’est que samedi passé, il y a eu une attaque au niveau de Bangassou. C’est des jeunes appelés auto-défenses qui voudraient entrer dans la ville pour manifester leur colère. Malheureusement, il y a eu beaucoup de dégâts, beaucoup de morts. Avant de quitter Bangassou, il y a eu 64 morts comptés, une cinquantaine de blessés.
Très rapidement, nous avons décidé de commencer les négociations pour rencontrer les jeunes qui étaient en armes et qui étaient nombreux dans le quartier Tokoyo pour leur demander de quoi il s’agit et pourquoi ils ont pris les armes et surtout demander qu’ils déposent les armes et arrêter pour discuter. Cela n’a pas été facile puisque le combat a été déjà engagé depuis plus de 24 heures avant.
A la fin, nous avons réussi à rencontrer les leaders, ensemble avec eux le lendemain, nous avons pu obtenir le cessez-le-feu. Ils ont fait un communiqué à la radio locale pour appeler tous les combattants à déposer les armes, ce qui a été profitable pour nous et pour tous les humanitaires afin de soigner les blessés et préparer les ponts humanitaires.
Ensuite, avec ces leaders, nous avons rencontré les combattants dans les quartiers, afin qu’ils demandent à leurs éléments de déposer les armes, c’est ce qui a été fait. Au moment où je vous parle, il y a eu un calme relatif peut-être précaire, puisque la solution, nous ne l’avons pas encore. Tous les leaders, les responsables administratifs et militaires étaient conviés hier (mercredi) à une grande réunion parce qu’il fallait trouver une réponse à cette crise, et chacun a pu prendre conscience.
La particularité de la République centrafricaine, c’est que nous devons travailler ensemble puisque nous avons une pluralité de religions et de traditions. Cette terre appartient à tout le monde. Mais la guerre qui se déroule là-bas n’est pas une guerre interreligieuse. J’étais clair en disant qu’il n’y a aucun Pasteur, aucun Imam, aucun Prêtre à la tête de ce groupe armé. Nous avons demandé seulement l’arrêt des hostilités pour donner la chance à chaque communauté de repartir chez elle. Au moment où je vous parle, la communauté musulmane se retrouve encore au niveau de l’Eglise catholique, plus précisément au Petit Séminaire de Bangassou. Nous pensons que s’il n’y a pas rapidement des aides qui arrivent, ce sera très catastrophique parce que les gens sont partis très vite pour rejoindre ces lieux d’abri.
Je puis vous dire que les enseignements tirés au niveau de Bangassou, c’est qu’il n’y a que sept (7) gendarmes avec deux armes, c’est insignifiant pour une ville de 37 000 habitants. J’aurai la latitude d’en parler à qui de droit pour dire que le redéploiement de l’Etat passe par la présence des gendarmes, des policiers pour pouvoir sécuriser.
“Je puis vous dire également qu’an niveau de la Minusca, il y a eu des failles et des limites. J’ai pointé cela et j’ai commencé à en parler avec les responsables. Au moment où on a sorti la communauté musulmane pour les regrouper au niveau de la Mosquée, on les a abandonnés à leur triste sort pendant plusieurs heures. Je pense bien que c’était impossible de procéder de cette manière. Il faut qu’on protège toute la population centrafricaine et leurs biens aussi ».
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