Bocaranga : un soldat FACA a failli abattre un jeune taxi-moto pour sa moto

Bocaranga : un soldat FACA a failli abattre un jeune taxi-moto pour sa moto

 

Les éléments rebelles du mouvement 3r sur des motos circulant sur la rue principale de Bocaranga, dans la préfecture de l'Ouham-Pendé, au nord-ouest de la RCA. CopyrightCNC rebelles-3R-Bocaranga-IMG_28mars2018142757 Centrafrique : massacre de Paoua, le CNCA-PDD communique.
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Bangui, CNC. Un jeune conducteur de taxi-moto a échappé de justesse à la mort lundi dernier dans la matinée à Bokaranga, dans l’Ouham-Pendé, après qu’un militaire du 9ème Bataillon d’Infanterie Territoriale (BIT-9) a tiré sur lui. Son seul tort : avoir refusé de céder sa moto à un FACA.

 

Une tentative d’homicide pour une réquisition forcée par un FACA

 

Les faits se sont déroulés aux premières heures de la matinée du lundi 28 octobre dans un quartier de Bokaranga. Le jeune conducteur, en pleine activité professionnelle, a été intercepté par des éléments du BIT-9 qui exigeaient la réquisition de sa moto. Face à son refus légitime de céder son outil de travail, l’un des militaires n’a pas hésité à sortir son arme et à faire feu sur le jeune homme. Par miracle, la balle n’a pas atteint sa cible.

 

« Les habitants du quartier sont sortis en masse pour supplier le jeune de céder la moto aux militaires, de peur qu’ils ne lui font du mal réellement », rapporte un témoin de la scène, encore sous le choc.

 

Un détournement des ressources militaires

 

Cette violence extrême d’un FACA intervient dans un contexte particulièrement troublant. Suite à l’attaque meurtrière des rebelles de 3R à Ngoutéré, où des soldats FACA ont perdu la vie, l’état-major avait doté le BIT-9 de nouveaux équipements, notamment deux véhicules et une dizaine de motos, sur instruction directe de Baba Kongoboro . Pourtant, ces dotations n’ont pas mis fin aux réquisitions forcées.

 

« Malgré les motos reçues de l’état-major, ces militaires continuent de nous terroriser pour prendre nos véhicules. La plupart des conducteurs ont désormais peur de circuler et gardent leurs motos à la maison », explique un responsable d’association de taxi-motos qui préfère garder l’anonymat.

 

Un système de racket bien organisé

 

L’enquête du CNC sur cette affaire révèle que ces réquisitions servent en réalité à alimenter un véritable réseau de location illégale. Les motos confisquées par un FACA sont parfois transportées dans des localités voisines comme Ndim et Mann, situées à plusieurs dizaines de kilomètres, où elles sont exploitées comme taxis pendant des semaines, voire des mois.

 

« Quand un FACA prend une moto ici, il prétexte des opérations militaires. En réalité, il l’emmène dans d’autres villes pour la mettre en location. Lorsqu’ils nous la rendent enfin, elle est complètement détruite », dénonce un conducteur de Bocaranga, victime de ces pratiques.

 

Une terreur nocturne

 

Plus inquiétant encore, des témoignages concordants accusent certains militaires de se livrer à des vols à main armée nocturnes. « La nuit, ces mêmes soldats deviennent des braqueurs. Ils n’hésitent pas à menacer de mort les conducteurs pour voler leurs motos », affirme un habitant de Bokaranga.

 

Une impunité qui perdure

 

L’incident de ce lundi matin dévoile une fois de plus l’impunité dont jouissent ces militaires. Malgré la gravité des faits – une tentative d’homicide sur un civil – aucune enquête n’a été ouverte. Le jeune conducteur, sous la pression de la population terrorisée, a été contraint de céder sa moto aux militaires.

 

Cette situation dramatique souligne l’urgence d’une réforme profonde au sein des FACA. L’absence de sanctions contre ces comportements criminels ne fait que renforcer le sentiment d’insécurité parmi la population de Bokaranga, censée être protégée par ces mêmes forces armées.

 

La ville vit désormais au rythme de la peur. Les conducteurs de taxi-motos, principale cible de ces exactions, voient leur activité économique paralysée. Une situation qui aggrave la précarité dans une région déjà durement éprouvée par l’insécurité.

 

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