Bienvenue au royaume des esclaves : la brasserie des Russes, des employés fantômes sans contrat ni protection

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Au PK 24 de Bangui, sur la route de Boali, la brasserie des Russes emploie des dizaines des travailleurs fantômes, sans contrat ni protection sociale, défiant ouvertement les lois centrafricaines.
La réalité frappe dès qu’on franchit les portes de cette brasserie que les centrafricains appellent “la brasserie des Russes”. Chauffeurs, magasiniers, brasseurs, tous exercent leur métier depuis quatre, parfois cinq ans, dans un vide juridique total. Ils reçoivent leur salaire en fin de mois, en liquide, sans fiche de paie. Aucune trace officielle de leur activité.
Cette pratique va directement contre le Code du travail centrafricain de 2009. L’article 44 oblige tout employeur à déclarer ses salariés à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale. Sans cette déclaration, impossible d’accéder aux soins, à l’assurance accident ou à la retraite. À la brasserie Wagner, cette obligation reste ignorée.
Les chiffres donnent le vertige. L’article 264 fixe l’amende entre 50 000 et 300 000 FCFA par travailleur non déclaré. Pour cent employés, la facture oscille entre 5 et 30 millions de FCFA. L’article 263 sanctionne plus lourdement encore la non-déclaration à la CNSS : de 100 000 à 1 000 000 FCFA par personne. Au total, Wagner risque jusqu’à 100 millions de FCFA d’amendes, plus le paiement rétroactif de toutes les cotisations sociales non versées.
En cas de récidive, l’article 266 double ces sanctions. L’amende peut alors atteindre 2 millions de FCFA par travailleur. Des sommes qui devraient dissuader n’importe quelle entreprise de jouer avec la loi.
Mais au-delà des chiffres, ce sont des vies humaines qui pâtissent. Ces hommes et femmes n’ont droit ni aux congés payés, ni à la couverture maladie, ni aux indemnités d’accident de travail. Ils travaillent sans filet de sécurité, dans une précarité totale. L’embauche se fait dans l’ombre, sans annonce publique, souvent par bouche-à-oreille.
Cette situation détonne avec celle d’entreprises centrafricaines comme Mocaf, qui respectent leurs obligations sociales et fiscales. Wagner, dont les activités en République Centrafricaine dépassent largement la production de boissons, semble bénéficier d’un traitement de faveur inexpliqué.
Le Code du travail donne pourtant aux inspecteurs tous les pouvoirs nécessaires. L’article 243 leur permet de contrôler les établissements, d’examiner les contrats et registres, de dresser des procès-verbaux. Au PK 24, ces contrôles semblent inexistants.
Comment expliquer cette inaction ? L’influence de Wagner dans d’autres secteurs économiques du pays pourrait expliquer cette immunité de fait. Pendant ce temps, cent familles centrafricaines subissent quotidiennement cette exploitation.
Le recrutement lui-même pose question. Aucune procédure transparente, aucun appel à candidatures public. Tout se décide dans des circuits informels, privant de nombreux compatriotes d’un accès équitable à l’emploi.
Cette affaire dépasse le simple non-respect du droit du travail. Elle questionne l’efficacité de nos institutions face à certains opérateurs étrangers. Elle interroge notre capacité à faire respecter notre propre législation sur notre territoire.
Les autorités disposent de tous les outils légaux pour faire cesser cette situation. Les textes existent, les sanctions sont prévues, les procédures sont définies. Reste à passer aux actes. Car derrière les articles de loi et les amendes, ce sont des Centrafricains qui voient leurs droits fondamentaux bafoués chaque jour.
L’heure des comptes a sonné au PK 24….
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