Viols en Centrafrique : l’enquête interne de l’armée déclassifiée
Bangui, (L.E.F) 06-06-2015
L’affaire vise 14 militaires français accusés de viols sur des enfants centrafricains entre 2013 et 2014. En parallèle, l’ONU a annoncé l’ouverture d’une enquête externe sur sa propre gestion de l’affaire.
Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a accepté mercredi que l’enquête interne de l’armée sur les accusations de viols d’enfants par des militaires français en Centrafrique soit déclassifiée. « Le ministre a répondu favorablement à la demande de la justice » après « avis favorable » de la Commission consultative du secret de la défense nationale, ont révélé des personnes dans son entourage.
Ce feu vert est important pour les suites judiciaires de l’affaire. le 29 avril dernier, l’affaire avait suscité En juillet 2014, Le ministère de la Défense, informé d’accusations par l’ONU de viols d’enfants centrafricains par des soldats de l’armée française avait saisi la justice et lancé une enquête interne pour vérifier s’il y avait eu dysfonctionnement de la chaîne de commandement. Le parquet de Paris avait annoncé l’ouverture d’une information judiciaire le 7 mai.
L’accord de Jean-Yves Le Drian intervient peu après que Zeid Ra’ad Al Hussein, Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme a exhorté plusieurs Etats à intensifier leurs efforts pour enquêter sur des allégations de crimes commis par leurs soldats déployés en République centrafricaine. « Dans certains cas, les protecteurs tant espérés se sont transformés en prédateurs », avait-il ajouté.
14 militaires français mis en cause
Selon une source judiciaire, 14 militaires français ont été mis en cause, dont trois sont identifiés par les témoignages de six enfants de 9 à 13 ans. Ces derniers dénoncent des faits commis entre fin 2013 et fin mai-début juin 2014, au début de l’opération française Sangaris en Centrafrique. Des enquêteurs de la gendarmerie prévôtale et de la section de recherches de la gendarmerie de Paris se sont déplacés à Bangui début août 2014. « Ils ont procédé à un certain nombre de vérifications » selon le parquet, mais aucun enfant ni aucun militaire mis en cause n’a été entendu.
Début mai, le ministère de la Défense avait indiqué que la justice avait demandé à avoir accès à l’enquête interne de l’armée et que le processus de déclassification était en cours.
Le secrétaire général de l’ONU a décidé de mettre en place une enquête externe indépendante sur la façon dont l’organisation internationale a géré cette affaire d’agressions sexuelles présumées sur des enfants. « L’intention de [Ban Ki-moon] est de faire en sorte que les Nations Unies ne déçoivent pas les victimes d’abus sexuels, en particulier lorsque ces abus sont commis par ceux qui sont censés les protéger », a expliqué le porte-parole de l’ONU Stéphane Dujarric.