BANGUI: LE RAPPORT DE LA MINUSCA SUR LA SITUATION DES DROITS DE L’HOMME EN CENTRAFRIQUE

Publié le 22 décembre 2015 , 9:06
Mis à jour le: 22 décembre 2015 9:06 pm

(Corbeau News Centrafrique)

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LE RAPPORT DE LA MINUSCA SUR LA SITUATION DES DROITS

DE L’HOMME EN CENTRAFRIQUE

Bangui, (C.N.C), 11-23-2015

La Division des Droits de l’Homme de la MINUSCA a rendu public son premier rapport sur la situation des Droits de l’Homme en République centrafricaine. Au cours de la période sous revue, la Division des droits de l’Homme (DDH) de la MINUSCA a documenté 775 cas de violations des droits de l’Homme qui ont fait au moins 785 victimes, dont 88 femmes, 18 garçons et 25 filles. La présentation de ce rapport a été faite devant la presse, le vendredi 11 décembre 2015 à Bangui, au siège de la MINUSCA.

Dans un document de 26 pages rapportant les cas des violations des droits de l’Homme commis en Centrafrique, la Division des Droits de l’Homme a établi un tableau sombre de la situation des droits de l’homme dans le pays. Ce rapport est le résultat d’enquêtes menées par la Division des droits de l’Homme de la MINUSCA entre le 15 septembre 2014 et le 31 mai 2015, depuis le transfert d’autorité entre la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA) et la MINUSCA. Il fait état de violations des droits de l’Homme et du Droit humanitaire, y compris des assassinats, des violences basées sur le genre, de restriction de mouvements et d’actes de torture, entre autres.

« Alors que l’ampleur et la gravité du conflit ont diminué, de graves violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire continuent d’être commises dans tout le pays par des groupes armés non étatiques, y compris les Anti-Balaka et ex-Seleka, et dans une moindre mesure, par des acteurs étatiques », a rapporté Musa Gassama, Directeur à la Division des Droits de l’Homme de la MINUSCA, qui s’est réservé en toute partialité de mettre l’accent sur ces violations commises aussi par les forces internationales notamment la Sangaris et les casques bleus de la MINUSCA.

Le Rapport a établi que les violations des droits de l’homme sont commises par non seulement les groupes armés mais aussi par les forces internationales et nationales. Au cours de la période en vue, la DDH a documenté 124 cas de violations graves des droits de l’homme et de violations du droit humanitaire, imputables aux Antibalaka ayant affecté 209 victimes, dont au moins 46 femmes et 10 enfants dont cinq filles et cinq garçons. A cela s’ajoutent les 45 cas de violations du droit à la vie, affectant au moins 18 femmes et 5 enfants dont deux garçons et trois filles. Du coté des ex-Seleka, la DDH a documenté 75 cas de violations et abus des droits de l’homme et du droit humanitaire, affectant ay moins neuf femmes et six filles. Ces ex rebelles de la coalition seleka ont commis, d’après DDH, les 29 cas de violations du droit à la vie affectant au moins quatre femmes et une fille. La DDH a enregistré 23 cas de mauvais traitements affectant au moins quatre femmes et trois enfants dont deux garçons et une fille.

Pour les violations commises par les forces gouvernementales, la DDH a documenté des cas où les forces de sécurité nationales ont été activement empêchées par des groupes armés de réinstaller l’autorité de l’Etat. Elle a enregistré une violation du droit à la vie, quatre cas de traitements cruels, inhumains et dégradants et un cas d’arrestation arbitraire par les forces gouvernementales. Du coté des forces internationales, la DDH a collecté des informations et continué à suivre les cas de violations des droits de l’homme et des violations du droit humanitaire qui ont été commis par les forces internationales avant la période sous revue. Des informations incluent les abus et exploitations sexuels contre les enfants, les exécutions extrajudiciaires, la torture et les disparitions forcées.

Le Rapport fait une série de recommandations pour assurer l’amélioration progressive de la situation des droits de l’Homme en Centrafrique à l’endroit des autorités centrafricaines, de la communauté internationale et des groupes armés.

Aux Anti-Balaka et les ex-Séléka, le Rapport demande qu’ils réitèrent «leur engagement au référendum constitutionnel et à des élections pacifiques» en s’abstenant de toute forme de violence. Le Rapport leur demande également de jouer un rôle actif dans la mise en œuvre des recommandations du Forum de Bangui. Il précise que «les membres des groupes armés et leurs dirigeants qui mettent en péril la paix et le processus de réconciliation en commettant des violations graves des droits de l’Homme et du droit international humanitaire seront poursuivis devant les tribunaux nationaux ou internationaux et traduits en justice ».

Selon le Représentant du Secrétaire général des Nations Unies en Centrafrique et chef de la MINUSCA, Parfait Onanga-Anyanga, ce premier rapport public, qui s’inscrit dans la droite ligne des résolutions du Conseil de sécurité établissant la MINUSCA, sert de référence stratégique aux autorités judiciaires centrafricaines, à la Cour pénale spéciale, lorsqu’elle sera opérationnelle, et à la Cour pénale internationale.
Enfin, le Rapport invite la communauté internationale à intensifier l’appui et l’extension de l’autorité de l’État et à apporter un soutien financier et technique pour la mise en place et le fonctionnement effectif de la Cour pénale spéciale. Elle est aussi invitée à mettre en œuvre tous les efforts nécessaires pour traduire en justice les auteurs de violations des droits de l’Homme en République centrafricaine.

Bangui, Eric NGABA Pour CNC

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