(Corbeau News Centrafrique)
EX-MOUVEMENT A N T I B A LA K A
COORDINATION NATIONALE
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BUREAU EXECUTIF
DECLARATION DE MONSIEUR
PATRICE EDOUARD NGAÏSSONA
Bangui, Corbeau News Centrafrique, 06-05-2015
COORDONNATEUR GENERAL DE L’EX-MOUVEMENT DES PATRIOTES ANTIBALAKA
• Excellence Monsieur le Président de la République du Congo, Médiateur International de la crise centrafricaine ;
• Excellences Madame et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union Africaine, et de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) ;
• Excellence Madame le Chef de l’Etat de Transition ;
• Honorable Président du Conseil National de Transition ;
• Excellence Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement de Transition ;
• Excellence Monsieur l’Ambassadeur Haut Représentant de la France près la République Centrafricaine, Doyen des Ambassadeurs ;
• Excellences Mesdames et Messieurs les Chefs de Missions Diplomatiques et Organisations Internationales ;
• Monsieur le Secrétaire Général de la CEEAC ;
• Chers compatriotes, participants au Forum National de Réconciliation et de Reconstruction;
• Distingués invités, en vos rangs, grades et qualités ;
• Mesdames et Messieurs ;
Permettez-moi tout d’abord de m’acquitter d’un devoir, celui de rendre un hommage bien mérité à Son Excellence Monsieur Denis SASSOU N’GUESSO, Président de la République sœur du Congo, Médiateur International de la crise centrafricaine, dont l’engagement et l’abnégation ont permis aujourd’hui d’arriver à cette troisième étape du processus politique en cours. Je ne saurai faire l’économie de très vifs remerciements pour la présence constante de la Communauté Internationale au chevet de la République Centrafricaine, confrontée à des crises récurrentes.
Nous venons certes de différents horizons, de tous les coins de la République Centrafricaine avec nos préférences, nos particularités, nos différences, mais nous appartenons au même pays, la République Centrafricaine, avec ses valeurs, et nous aspirons donc au même avenir. L’enjeu de ce Forum ne se trouve pas dans un affrontement partisan. L’enjeu de ce Forum va bien au-delà des considérations égoïstes, régionales ou confessionnelles. L’enjeu de ce Forum, à quelques mois des élections générales, c’est le destin de la République Centrafricaine.
Nous sommes ici, pour écrire une nouvelle page de l’histoire de notre pays.
Toutefois nous devons frotter certaines tâches qui semblent indécrottables afin de reprendre la clarté de nos linges sales que nous voulons laver en famille.
La résolution durable de la crise nécessite de creuser en profondeur les mobiles qui l’ont déclenchée.
Il n’est pas absurde de souligner que pendant que certains se mettaient plein les poches avec leurs parents de manière cupide et arrogante en narguant les autres centrafricains, la précarité s’est étendue au
tour d’eux et dans les préfectures du Nord-Est, créant déjà ainsi ce qu’il convient d’appeler la sécession sociale. C’est ce qui a été à la base de la révolte légitime de nos compatriotes.
Ce que nous déplorons et condamnons avec fermeté, c’est le recrutement massif des mercenaires étrangers qui ont envahi notre pays le 10 décembre 2012 pour s’emparer du pouvoir de l’Etat.
Ceux qui ont signé le pacte avec le diable contre la République Centrafricaine sont clairement connus des centrafricains : il s’agit de ZIGUELE, TIANGAYE, MBOLIGOUMBA et consorts. Les centrafricains n’ont nullement besoin de ces hommes politiques, je dirai ces vampires politiques, pêcheurs en eau trouble qui s’attablent devant vin, whisky, cuisses de poulets et filets de capitaine avec les adeptes de Lucifer et les démons de la guerre pour tromper le peuple qu’il considère comme le dindon de la farce bon à rouler dans la farine indéfiniment.
Les centrafricains ont encore en mémoire le mauvais souvenir de ces trois mousquetaires du Front pour l’Annulation et la Reprise des Elections (FARE), dont les prises de position sur les ondes des stations de radios étrangères, ont constitué la
caution morale du coup de force perpétré le 24 mars 2013, ayant déversé dans le pays des tueurs sans commune mesure, des croque-morts.
S’il y a un conseil à donner à ces vendeurs d’illusion, c’est d’économiser ce qu’ils ont suffisamment engrangé sur le dos du peuple centrafricain en s’abstenant de s’aventurer aux élections à venir, car ils ne récolteront pas plus de 1% des voix des centrafricains. Quant au tristement célèbre renard de surface Jean jacques DEMAFOUTH et les autres apprentis sorciers qui pullulent le palais de la renaissance, je leur dis de cesser de se comporter en ennemis de la République.
C’est au prix du sang de milliers des centrafricains, qu’une période de transition a été mise en place. Dès lors, la République Centrafricaine espérait retrouver le chemin d’une solution durable porteuse de paix, de stabilité et de réconciliation nationale.
Hélas, les nouvelles autorités portées au pouvoir grâce au don de soi et au sacrifice des jeunes patriotes ANTIBALAKA, n’ont eu comme seules préoccupations que la nomination de leurs parents, amis et le détournement des deniers publics.
Depuis la date du 10 décembre 2012 que j’évoquais ci-haut, le pays de BOGANDA traverse la période la plus sombre de son histoire dont nous avons ici l’occasion de comprendre les en dessous.
Les exactions impunément commises sur la population, au mépris de toutes règles juridiques et des grands principes généraux du droit, ont exaspéré les jeunes centrafricains des villages et villes centrafricains, lesquels ont décidé de prendre leur responsabilité pour défendre la patrie.
Jamais, le peuple centrafricain n’avait vécu depuis son histoire, des épisodes macabres de ce genre.
Jamais, le peuple centrafricain n’avait été humilié jusqu’au tréfonds.
Dès lors, les jeunes patriotes se sont mobilisés au début du mois de septembre 2013 en Groupes d’auto-défense pour organiser la résistance face à une oppression indescriptible qui sévissait contre le peuple centrafricain, abandonné à son triste sort sur la terre de ses ancêtres.
Les atrocités ont ainsi conduit à la création du Mouvement ANTIBALAKA, une émanation incontestablement populaire.
Pour s’en convaincre, il suffit de se rappeler les évènements du 05 décembre 2013 où des milliers de jeunes venant de l’arrière pays et de Bangui, armés de bâtons et de machettes, sont descendus dans la capitale pour affronter les mercenaires armés jusqu’aux dents.
Il vous souviendra ainsi que la plupart des tués ce jour-là se trouvaient devant le siège de l’Assemblée Nationale, ici, où nous nous trouvons actuellement.
Les patriotes ANTIBALAKA ont consenti d’énormes sacrifices pour arriver à chasser les mercenaires, voyous, barbares et incultes qui, littéralement, confondaient les télécommandes aux téléphones, les ordinateurs aux téléviseurs et les climatiseurs aux réfrigérateurs au point de passer à tabac les agents de transfert de crédits de communication qui, pourtant, leur expliquaient la vraie utilité de ces matériels.
Malheureusement, le sacrifice de ces résistants n’a pas suscité le respect ni la reconnaissance des nouvelles autorités. Les jeunes patriotes et moi-même qui me suis engagé personnellement pour sensibiliser, conscientiser et contenir les patriotes révoltés contre la barbarie,
n’avons récolté que de l’ingratitude au lieu de la reconnaissance.
Après l’Accord de Brazzaville, comme pour joindre l’acte à la parole, la Coordination Générale de l’Ex-Mouvement ANTIBALAKA a instruit certains leaders pour effectuer une mission de démantèlement des barrières illégales sur l’axe de Sibut. Sur le chemin de retour, ils ont été arrêtés et conduits, sans aucune forme de procédure, à la maison carcérale de NGARAGBA, où ils croupissent jusqu’à ce jour. Il s’agit de NAMSIO Brice Emotion, ancien Porte-parole, FEISSONA Olivier, YADJOUNGOU Gustave et plusieurs autres. Ces patriotes ne méritent pas ce traitement orchestré. C’est pourquoi, nous demandons avec insistance, leur libération sans condition.
L’appel à la résistance lancé par les patriotes a été suivi par certains éléments des forces de défense et de sécurité qui se trouvaient dispersés dans la nature. Ces derniers sont aujourd’hui l’objet de stigmatisation de leurs frères d’armes. Alors, je me pose la question de savoir où étaient-ils quand les mercenaires les pourchassaient comme des lapins ?
La vérité, c’est qu’ils doivent leur existence aujourd’hui à ces patriotes. D’où la
nécessité de les respecter, les inscrire dans le tableau d’avancement et les faire bénéficier au même titre que les autres, voire plus.
Pour réussir véritablement la transition en cours, les autorités doivent associer à la gestion du pouvoir, toutes les forces vives de la Nation, mobiliser les compétences, réunir le meilleur de ce qu’il y a dans chacun des citoyens et faire entendre la voix du rassemblement, de la réconciliation et de l’apaisement.
Les leaders qui se servent du peuple en général et de la jeunesse en particulier dans un élan d’instrumentalisation de cette crise politique en une crise religieuse, pour réaliser leur dessein malsain, doivent cesser cette pratique.
Cette jeunesse sacrifiée sur l’autel des intérêts égoïstes, abandonnée, reléguée et condamnée au chômage, à la précarité et à la désespérance, doit prendre conscience de sa situation et se lever pour barrer la route aux fossoyeurs de la République.
Aujourd’hui, passer d’une Centrafrique d’inégalité, du chômage, de la précarité, à une Centrafrique d’égalité, du travail, de justice, de solidarité, du civisme, de confiance et de diversité, devient une nécessité irréductible.
Chacun a une partie du destin de notre pays entre les creux de ses mains.
L’Etat doit réaffirmer sa pleine autorité, assumer ses missions régaliennes et protéger ses citoyens. Nous voulons d’un Gouvernement plus soucieux d’agir, que d’une oligarchie rentière incapable de mobiliser les forces vives, pour donner un coup d’arrêt à l’insécurité.
Il est important de rétablir la sécurité des centrafricains, car rien n’est possible dans l’insécurité. La sécurité est un droit. C’est le socle sur lequel il est possible de construire.
Je suis persuadé que notre force reste et demeure dans l’unité et le rassemblement. Seule notre unité contre les forces de division permettra aux centrafricains d’avoir les mêmes droits et obligations partout dans les seize préfectures de la République Centrafricaine.
Combattons la politique qui consiste à dresser les centrafricains les uns contre les autres sur le critère des intérêts ou des appartenances politiques, ethniques, régionales et confessionnelles.
N’acceptons pas que l’on mette en cause notre unité nationale et que l’on segmente notre pays.
Refusons ce qui divise et cultivons les valeurs qui rassemblent.
Il n’y a pas d’autre voie pour nous que celle de l’unité. Elle nous invite au dialogue, à la réconciliation et à la mobilisation des énergies.
• Excellences Mesdames et Messieurs,
• Distingués invités,
Les patriotes ANTIBALAKA, sont viscéralement attachés au principe de laïcité qui caractérise la société centrafricaine, car c’est une valeur qui libère et qui protège. C’est ainsi qu’ils ont pris leur courage à bras-le-corps pour rejeter énergiquement le fondamentalisme islamiste et le projet de partition qui ont fait irruption dans notre pays.
C’est ici le lieu de rendre une fois de plus hommage au Conseil de Sécurité des Nations Unies, qui, en prenant la mesure de la situation de cette crise, a dû voter, sous l’impulsion de la République française, une série de résolutions qui ont finalement permis le déploiement des Forces Internationales, lesquelles ont contribué significativement au
rétablissement de l’ordre et de la sécurité dans notre pays.
Ce Forum nous offre l’occasion de prendre le taureau par les cornes, briser tous les talons et, sans complaisance, nous faire violence pour percer l’abcès.
C’est le temps pour nous, vrais centrafricains, de nous parler et de nous pardonner, étant donné que la réconciliation s’impose à nous de manière irréversible.
Pour ma part, je voudrais saisir l’opportunité qui m’est offerte devant toute la Nation, ainsi que la Communauté internationale, pour demander au nom des patriotes ANTIBALAKA, pardon à toutes les victimes, qu’elles soient, musulmanes ou chrétiennes, lesquelles ont subi d’une manière ou d’une autre, dans leur chair et dans leur âme, les affres de ce conflit.
Pour nous patriotes, s’il nous reste une chose à faire, c’est de regarder l’avenir en face. La plateforme que nous offrent les assises du Forum de Bangui constitue le tremplin qui puisse nous permettre d’apporter notre contribution à la réflexion nécessaire pour dégager les axes stratégiques pouvant nous permettre de
reconstruire notre pays sur les cendres de cette dernière crise politico-militaire.
J’ose espérer que le Programme de Désarmement, Démobilisation, Réinsertion et Rapatriement (DDRR) qui sera mis en place, permettra une véritable réinsertion socio-économique des patriotes ANTIBALAKA et les autres groupes armés afin de créer les conditions d’un véritable retour à la paix et à la sécurité.
• Excellences Mesdames et Messieurs,
• Distingués invités,
La transition a du plomb dans l’aile et le moment est venu pour en tirer les conclusions qui s’imposent. Il s’agit en vérité de créer les conditions politiques propices pour mettre un terme aux souffrances du peuple centrafricain, à travers un Gouvernement d’action, plus représentatif et crédible, capable d’œuvrer dans l’intérêt supérieur de la Nation et pouvoir conduire à des élections libres, transparentes, démocratiques et acceptables par tous dans un meilleur délai.
Au sortir du Forum de Brazzaville, les principes forts qui devaient assurer le succès de la suite de la Transition étaient le
consensus et l’inclusion. Pourtant, notre mouvement a toujours été méprisé. Je me réserve de citer des exemples qui ne manquent pas.
Je formule le vœu que le mépris sans cesse manifesté par les Autorités de Transition à l’égard du Mouvement prenne fin au sortir de ce Forum.
M’adressant aux membres des différents groupes armés, je leur demande d’avoir de la compassion pour nos concitoyens, qui continuent de souffrir innocemment des effets de cette crise. J’ose espérer qu’ils vont abandonner leur élan égoïste et se consacrer à la défense de la patrie.
• Excellences, Mesdames et Messieurs,
• Distingués invités,
Je ne saurais terminer mon propos sans renouveler mes remerciements pour l’élan de solidarité internationale qui a été impulsé en faveur de notre pays et témoigner à cet effet toute ma gratitude.
Pour participer et enrichir le débat, un document contenant tous les points de recommandations des patriotes
ANTIBALAKA vous sera déposé pour examen et adoption.
Puisse le Seigneur Dieu Tout Puissant bénir les Travaux de ce Forum national de Bangui, afin que la paix et la sécurité reviennent une fois pour toute en République Centrafricaine.
Je vous remercie.
Bangui, Eric NGABA Pour CNC