Aux Comores, l’opposition accuse le sortant Azali de « coup d’Etat » électoral

Publié le 24 mars 2019 , 7:05
Mis à jour le: 24 mars 2019 7:05 pm

 

 

Le premier tour de l’élection présidentielle s’est achevé dans la plus grande confusion dimanche soir aux Comores, après la décision des adversaires du chef de l’Etat sortant Azali Assoumani d’en dénoncer les conditions frauduleuses et d’appeler le peuple à la « résistance ».

Trois heures avant la clôture du scrutin, les douze adversaires du président-candidat se sont réunis pour en dénoncer par avance les résultats.

« Nous, candidats, déclarons illégitime le gouvernement actuel ayant à sa tête le colonel Azali. Nous, candidats, contestons la mascarade de ces élections », a déclaré à l’issue de la réunion l’un d’eux, le colonel Soilihi Mohamed, dit « Campagnard ».

« Nous, candidats (…) appelons le peuple à résister et à se mobiliser contre l’ignominie », a-t-il poursuivi devant la presse, dans la cour d’une maison de Moroni encerclée par les forces de l’ordre.

Epaulés d’une trentaine de partisans, sept des candidats ont marché sur l’Assemblée nationale, qui abrite le centre de dépouillement national, pour « empêcher les urnes d’arriver à Moroni », a expliqué le candidat du parti Juwa, l’avocat Mahamoudou Ahamada.

Les partisans ont été promptement dispersés et les candidats bloqués par la gendarmerie.

Tout au long d’une campagne qu’il a écrasée des moyens de l’Etat, M.

Azali, 60 ans, a répété qu’il comptait bien l’emporter dès le premier tour sur ses douze rivaux, nourrissant de forts soupçons de fraude.

Dès l’ouverture dimanche matin des 731 bureaux de vote de cet archipel pauvre de l’océan Indien, l’opposition a fait état de graves irrégularités dans les îles d’Anjouan, en majorité hostile au président, et de Mohéli.

  • ‘Fraudes massives’ -Ces incidents ont fait plusieurs blessés, selon ces sources.« La gendarmerie est intervenue dans la matinée pour fermer les bureaux de vote et s’est saisie des urnes », a-t-il ajouté, « le scénario que l’on redoutait est en train de se réaliser, celui de fraudes massives ».Interrogé par la presse alors qu’il venait de déposer son bulletin dans l’urne sur l’île de la Grande-Comore, Azali Assoumani a confirmé quelques incidents.Tout sourire, le chef de l’Etat sortant s’est une fois de plus déclaré « confiant, plus que confiant même » dans sa capacité à rafler la mise dès le premier tour.
  • A la tête du pays de 1999 à 2006, réélu en 2016, l’ancien colonel putschiste a engagé sa grande entreprise de maintien au pouvoir en faisant adopter, il y a un an, une réforme constitutionnelle par référendum.
  • « Ce n’est pas une surprise (…), on a constaté pendant la campagne qu’il y avait des gens qui n’étaient pas là pour gagner mais pour que le scrutin n’ait pas lieu », a-t-il ajouté.
  • Un responsable de la Commission électorale (Ceni) a déclaré à l’AFP qu’une dizaine de bureaux de vote anjouanais avaient été saccagés.
  • « Dans les trois quarts des bureaux d’Anjouan, le scrutin ne se déroule pas correctement », a assuré à l’AFP Salim Soulaïmane, coordinateur de la Plateforme citoyenne, un collectif de la société civile.
  • Selon des témoignages recueillis par l’AFP, des échauffourées ont été signalées dans des dizaines de villages anjouanais après la découverte d’urnes remplies et l’interdiction faite à des assesseurs issus de partis de l’opposition d’exercer leurs fonctions.
  • Dérive autoritaire -Par la grâce du nouveau calendrier électoral, Azali Assoumani pourrait rester, en cas de victoire, au pouvoir jusqu’en 2029.Mais rien n’y a fait. Au contraire, le président a fait taire les critiques à grands coups d’arrestations. Son ennemi juré, l’ancien président Ahmed Abdallah Sambi, est détenu pour corruption et plusieurs dirigeants de partis condamnés pour tentatives de coup d’Etat.A longueur de réunions publiques, elle a dénoncé la dérive autoritaire du régime, sa corruption et son incapacité à réduire la pauvreté extrême des 800.000 habitants du pays.Il a toutefois interdit le déploiement de plus de 800 observateurs de la société civile au motif que certains d’entre eux seraient « partisans ».
  • Assailli de critiques, le ministre de l’Intérieur Mohamed Daoudou avait promis la « transparence totale » du scrutin.
  • Incapable de s’unir, prise de court par l’accélération du calendrier électoral, décimée par la répression, l’opposition a abordé le scrutin très affaiblie.
  • L’opposition a crié au scandale. Ce nouveau système, dit-elle, a remis en cause le fragile équilibre institutionnel instauré en 2001 pour mettre fin aux crises séparatistes et aux coups d’Etat à répétition qui agitaient l’archipel depuis son indépendance en 1975.
  • Ce texte a étendu de un à deux mandats de cinq ans la durée de la présidence attribuée par rotation à un natif de chacune des trois îles de l’archipel (Grande-Comore, Mohéli, Anjouan). Dans la foulée, le chef de l’Etat a convoqué les électeurs pour la présidentielle anticipée de dimanche.

Avec ©AFP

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