À Libreville, Touadéra négocie l’extradition de Bozizé: l’ingratitude d’un homme qui veut détruire celui qui l’a tout donné

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À Libreville, Touadéra négocie l’extradition de Bozizé: l’ingratitude d’un homme qui veut détruire celui qui l’a tout donné

 

Le Président Touadéra, marchant sur un tapis rouge, arborant des couleurs du drapeau national
Le Président Faustin-Archange Touadera, marchant sur un tapis rouge, arborant des couleurs du drapeau national

 

Rédigé le 28 octobre 2025 .

Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC). 

Le Président  Touadéra vient de franchir une nouvelle ligne. Le média Africa Intelligence a révélé que le président centrafricain s’est rendu au Gabon le 16 octobre 2025 pour une rencontre trilatérale avec le président gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema et le président bissau-guinéen Umaro Sissoco Embaló. L’objectif : négocier l’extradition de l’ancien président François Bozizé, actuellement en exil en Guinée-Bissau.

 

 

Cette démarche n’a rien de légal ou de diplomatique normal. C’est une chasse à l’homme. Le Président Touadéra veut faire à Bozizé exactement ce qu’il a fait à l’ancien ministre Armel Sayo : le faire extrader, le ramener à Bangui, le jeter en prison, puis le livrer à Wagner pour qu’il soit torturé et enfermé dans un cachot.

 

Rappelons ce qui s’est passé avec Armel Sayo. Le Président Touadéra  a négocié avec le Cameroun. Il a fait du jeu doux. Il a probablement versé de l’argent aux commissaires camerounais qui, comme beaucoup dans la région, aiment l’argent. Et le Cameroun a expulsé Armel Sayo vers Bangui.

 

Une fois à Bangui, Armel Sayo a été jeté à la prison de Ngaragba. Mais le 7 juillet 2025 vers 9 heures du matin, il a été enlevé de sa cellule. Les mercenaires russes sont venus vers 23 heures et l’ont capturé. Depuis ce jour, Armel Sayo n’est plus revenu au camp de Roux. Il a été présenté brièvement par deux fois au juge d’instruction, puis ramené quelque part dans un cachot du sous-sol camp de Roux géré par les mercenaires russes comme leur propre prison privée.

 

C’est exactement ce sort que le Président Touadéra  alias Baba Kongoboro réserve à Bozizé. Si l’extradition réussit, on amènera Bozizé quelque part, on le torturera sauvagement. Comme il est âgé, il mourra probablement rapidement. Et c’est ce que Touadéra veut.

 

Ce qui rend cette affaire encore plus scandaleuse, c’est que Bozizé est celui qui a tout fait pour le Président Touadéra. Qui était Touadéra avant Bozizé ? Personne. Un simple professeur de mathématiques à l’université de Bangui. Un homme pauvre qui roulait avec une vieille Renault 12 grise. Un enseignant ordinaire parmi tant d’autres.

 

C’est Bozizé qui l’a fait recteur de l’université de Bangui. C’est Bozizé qui lui a donné le grade de professeur. C’est Bozizé qui l’a nommé Premier ministre. Et grâce à ce poste de Premier ministre, la France et les militants anti-Balakas l’ont aidé à devenir président en 2016.

 

Le Président Touadéra  doit tout à Bozizé. Sans lui, il serait resté un professeur inconnu dans une université délabrée. Mais aujourd’hui, Touadéra veut capturer celui qui l’a tout donné. Il veut le faire extrader. Il veut le torturer. Il veut le tuer.

 

Ce n’est pas seulement de l’ingratitude. C’est de la malhonnêteté profonde. Quelqu’un te donne à manger. Quelqu’un te forme. Quelqu’un te fait monter. Et toi, une fois au pouvoir, tu te retournes contre lui. Tu le chasses. Tu le pourchasses. Tu veux le capturer et le tuer.

 

Bozizé n’est d’ailleurs pas le seul que Touadéra pourchasse. Tous ceux qui l’ont aidé à devenir président sont maintenant chassés. La France qui l’a aidé à prendre le pouvoir n’a plus aucune influence en Centrafrique. Touadéra l’a chassée au profit des Russes. Au deuxième tour de 2016, c’est Obiang Nguema de la Guinée Équatoriale qui lui a donné de l’argent et un avion pour l’aider. Mais aujourd’hui, qu’est-ce que le Président guinéen a reçu en retour ? Rien. Touadéra lui retourne son mépris.

 

La rencontre du 16 octobre au Gabon a été organisée à la dernière minute. Brice Clotaire Oligui Nguema, qui essaie de jouer le rôle de médiateur que jouait jadis Omar Bongo dans les crises centrafricaines, a réuni les trois présidents dans le salon présidentiel de l’aéroport Léon-Mba de Libreville.

 

Touadéra a demandé directement à Umaro Sissoco Embaló l’extradition de Bozizé. Il a invoqué le mandat d’arrêt international émis par la justice centrafricaine contre l’ancien président. Il veut mettre la pression sur Bozizé à l’approche de l’élection présidentielle de décembre 2025.

 

Mais Embaló ne semble pas prêt à céder aux demandes de Touadéra. Africa Intelligence note que “la réponse du président Embaló était dans son regard”. Bozizé vit à Bissau conformément aux recommandations de la feuille de route de Luanda signée fin 2021 entre le gouvernement de Bangui et les groupes armés, sous le parrainage de l’Angola. Cette feuille de route demandait que les chefs de la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC) ne s’exilent pas dans des pays frontaliers de la Centrafrique.

 

C’est d’ailleurs sous l’insistance américaine que Bozizé a été transféré de N’Djamena à Bissau en 2023. Les États-Unis ne voulaient pas que Bozizé reste au Tchad où il aurait pu facilement organiser une rébellion contre Touadéra. Ils l’ont donc fait transférer en Guinée-Bissau, un pays éloigné de la Centrafrique.

 

Bozizé tente depuis plusieurs mois de négocier son retour en Centrafrique après l’élection présidentielle de 2025. Il a parlé au téléphone au moins une fois avec Touadéra depuis le début de l’année. Son entourage, dont son fils Jean-Francis Bozizé en exil à N’Djamena, a ouvert des canaux de communication discrets pour préparer un retour en échange d’une amnistie.

 

Mais visiblement, le Président Touadéra  ne veut pas d’amnistie. Il veut l’extradition. Il veut capturer Bozizé. Il veut le ramener à Bangui pour le livrer à Wagner. Il veut l’éliminer physiquement.

 

Cette obsession du Président Touadéra  pour Bozizé s’explique par plusieurs raisons.

 

Il y a peu de chances qu’Embaló accède à la demande de Touadéra. D’abord parce que cela violerait les accords de Luanda. Ensuite parce que les États-Unis, qui ont organisé le transfert de Bozizé à Bissau, ne veulent pas qu’il soit livré à Touadéra. Enfin parce qu’Embaló lui-même a ses propres problèmes politiques en Guinée-Bissau et n’a pas besoin de complications internationales.

 

Mais le simple fait que Touadéra ait fait cette démarche montre son état d’esprit. Il est prêt à tout pour éliminer ses adversaires. Il est prêt à traquer un vieil homme qui l’a tout donné. Il est prêt à violer tous les principes de gratitude et d’honneur pour maintenir son pouvoir.

 

Cette affaire Bozizé s’ajoute à la longue liste des persécutions instrumentées par Touadéra. Armel Sayo torturé dans un cachot secret. Dologuélé déclaré apatride. Les opposants harcelés. Les journalistes menacés. Les défenseurs des droits humains arrêtés. Touadéra transforme la Centrafrique en État policier où personne n’est en sécurité.

 

L’histoire retiendra cette ingratitude. Un homme qui doit tout à un autre, et qui ensuite essaie de le détruire. Un président qui pourchasse celui qui l’a formé, qui l’a nommé, qui lui a donné sa chance. Cette trahison dit tout sur le caractère de Touadéra et sur la nature de son régime.

 

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