Centrafrique : les conseillers de Dologuélé alertent la communauté internationale sur une dérive du processus électoral

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Centrafrique : les conseillers de Dologuélé alertent la communauté internationale sur une dérive du processus électoral

 

Nationalité de Dologuélé : Ses conseillers saisissent le Conseil Constitutionnel
L’opposant centrafricain Anicet-Georges Dologuelé, leader de l’URCA. Photo Jeune Afrique

 

Rédigé le 14 novembre 2025 .

Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC). 

Une lettre adressée aux principaux partenaires internationaux, et signée par des proches conseillers d’Anicet-George Dologuélé, signale un risque de dérive dans le processus électoral centrafricain. Le document évoque des démarches administratives pouvant empêcher l’ancien Premier ministre de participer à la présidentielle de 2025, malgré sa renonciation formelle à toute nationalité étrangère conformément à la Constitution de 2023. Les signataires demandent une réaction rapide des institutions internationales afin de garantir la transparence des décisions liées aux candidatures.

Voici l’intégralité de la lettre ci-dessous :

 

LETTRE AUX PARTENAIRES INTERNATIONAUX CONCERNANT UNE PROBABLE DANGEUREUSE DERIVE DU PROCESSUS ELECTORAL EN CENTRAFRIQUE

À:

  • Monsieur le Président de la République française / Madame la Ministre des Affaires étrangères,
  • Monsieur le Secrétaire d’État (ou Secrétaire) aux Affaires étrangères des États-Unis,
  • Madame la Présidente de la Commission européenne, Monsieur le Haut Représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité,
  • Monsieur le Président de la Commission de l’Union africaine,
  • Monsieur le Secrétaire général des Nations unies,
  • Monsieur le Président de la Banque mondiale, Madame la Directrice générale du FMI,
  • Madame la Présidente de la Commission de la CEMAC / du Conseil de la CEEAC,
  • Monsieur/Madame le/la Représentant(e) du Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme,
  • Organisations internationales et ONG partenaires (Amnesty International, Human Rights Watch, International Crisis Group),
  • Ambassades accréditées à Bangui.

 

Objet: Alerte urgente — tentative d’exclusion politique de M. Anicet-George DOLOGUÉLÉ (RCA) — demande d’intervention, de pression diplomatique et de mesures conditionnelles

Excellences, Mesdames, Messieurs,

Nous nous adressons à vous en urgence et avec la plus grande gravité au nom de la démocratie, de l’état de droit et du respect des libertés politiques en République centrafricaine (RCA).

 

Résumé du cas.

  1. Anicet-George DOLOGUÉLÉ, ancien Premier ministre, ancien ministre des Finances, dirigeant politique reconnu et député en exercice, est né de parents centrafricains et a longtemps servi la République centrafricaine dans des fonctions d’État et régionales.

 

Pour se conformer aux dispositions de la Constitution de la VIIᵉ République (30 août 2023) exigeant la nationalité exclusive pour prétendre à la magistrature suprême, M. Dologuélé a formellement renoncé à sa nationalité française. Malgré ce geste de conformité, des autorités et acteurs administratifs de Bangui cherchent à l’écarter de la course présidentielle 2025 par des arguments purement administratifs des interprétations sélectives et futiles du droit de la nationalité.

 

Notre appréciation.

Au regard des textes (Constitution 2023, Code de la nationalité, conventions, etc.) et des faits avérés — naissance centrafricaine, renonciation à toute nationalité étrangère, absence de décret officiel constatant une perte de nationalité centrafricaine — toute tentative d’invalidation de sa candidature relève d’une instrumentalisation politique des procédures administratives. Un tel acte serait une rupture du pluralisme politique et porterait atteinte aux standards internationaux de gouvernance démocratique pour lesquels vos pays et vos institutions portent une responsabilité morale et politique.

 

Face à cette situation qui menace la tenue d’élections libres, inclusives, équitables et crédibles, nous sollicitons solennellement que vous mettiez en œuvre, sans délai, les actions suivantes:

  1. Déclaration publique conjointe (immédiate) — Exhortez les autorités centrafricaines à garantir l’égalité d’accès aux élections et à s’abstenir de toute décision administrative visant à empêcher la participation de candidats remplissant les conditions constitutionnelles. Une déclaration forte des grandes démocraties et des institutions multilatérales aura un effet dissuasif immédiat.
  2. Observation renforcée et demande de transparence — Demandez, à titre d’observateur indépendant, l’accès total et immédiat aux dossiers administratifs et judiciaires relatifs à la nationalité, aux candidatures et à tout arrêté visant la disqualification d’un candidat; demandez la publication intégrale de tout décret ou décision administrative invoquée.
  3. Missions d’enquête / observation électorale — Soutenez et déployez une mission conjointe d’observation/mission d’évaluation du respect des standards (Union africaine, CEDEAO/ECCAS/CEMAC, ONU, UE) pour garantir l’impartialité du processus.
  4. Pression diplomatique coordonnée — Engagez, en coordination multilatérale, un canal de dialogue avec les autorités de Bangui pour exiger que toute contestation de candidature soit traitée exclusivement par les voies juridictionnelles compétentes, conformément à la Constitution, et non par simples manœuvres administratives.

Si malgré ces démarches la candidature de M. Dologuéle est invalidée pour des motifs administratifs ou politiques manifestement infondés, nous demandons que la communauté internationale mette en œuvre des mesures restrictives ciblées, comprenant notamment:

  • Sanctions individuelles ciblées: gel des avoirs et blocage des comptes bancaires à l’étranger des responsables centrafricains directement impliqués, interdiction de visa pour eux et leurs proches directs sur le territoire des États membres signataires.
  • Suspension ou révision conditionnelle de l’aide budgétaire et financière.
  • Sanctions économiques ciblées.
  • Mesures de suspension de coopération sécuritaire.
  • Mesures diplomatiques d’isolement.

 

Nous sommes conscients que des sanctions peuvent avoir des effets économiques et sociaux sur la population. C’est pourquoi nous privilégions des mesures ciblées visant les responsables, et non des embargos généralisés.

Cependant, l’absence d’action face à un détournement du processus démocratique aurait, à moyen terme, des conséquences encore plus graves: perte de confiance des investisseurs, réduction de l’aide multilatérale, isolement diplomatique, et une crise économique prolongée.

Nous vous demandons, Excellences, Mesdames et Messieurs, de considérer la présente comme un appel solennel et urgent. Le silence des grandes démocraties sera interprété comme une complicité et brisera la confiance dans les valeurs démocratiques dont vous êtes les défenseurs.

Nous proposons immédiatement:

  • Une déclaration publique conjointe dans les heures avenir, après reception de ce courrier;
  • Un canal diplomatique pour exiger la communication de tout acte administratif relatif à la nationalité et aux candidatures;
  • L’activation d’un mécanisme de sanctions graduelles si l’invalidation est confirmée par des motifs arbitraires.

 

Veuillez agréer, Excellences, Mesdames et Messieurs, l’expression de notre haute considération.

 

A T BENGUEWE DAMARAS

Paris le 13 Novembre 2025

 

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