Affaire du détournement d’un milliard de KOKUS : le ministre de la Communication Maxime Balalou traite les journalistes de “braqueurs”

Rédigé le 03 septembre 2025 .
Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC).
Un milliard de francs CFA aurait disparu lors de l’organisation de KOKUS africain à Bangui. Face aux questions de la presse, le ministre de la Communication Maxime Balalou a choisi une stratégie pour le moins discutable : insulter les journalistes plutôt que de répondre aux interrogations sur l’utilisation des fonds publics.
Ce qui s’est passé lundi 18 août 2025 lors de la conférence de presse du ministre Maxime Balalou restera dans les annales. Quand un ministre perd son sang-froid face aux questions sur les allégations de détournement impliquant le directeur général adjoint de la BSIC et Yannis Kouyabanda, au lieu de fournir des explications, il a préféré attaquer. « Vous ne les avez pas et vous tirez ces informations de ces braqueurs de l’information sur les réseaux sociaux et braqueurs que nous connaissons, qui vous sortent de l’information, qui font de la manipulation et vous prenez comme argent comptant », a-t-il lancé aux journalistes présents. Voilà donc le niveau de respect qu’affiche ce ministre Maxime Balalou envers la presse : traiter les journalistes de complices de « braqueurs d’information ». Une accusation grave de la part d’un homme qui est censé travailler avec les médias, pas contre eux.
Mais le spectacle ne s’arrête pas là, car le ministre Maxime Balalou excelle dans l’art de noyer le poisson. Écoutez bien cette perle du ministre Balalou : « Vous savez, quoi, les informations sortent comme ça ? Je vous ai toujours dit, vous savez quand on dit des détournements, vous allez dire que l’argent a été pris par des personnes non habilitées, OK, utilisés à d’autres fins. Mais attendant, pour voir si c’est vraiment vrai, parce que moi je n’ai pas les preuves de quoi que ce soit ». Attendez, monsieur le ministre. Vous n’avez pas de preuves des détournements, d’accord. Mais avez-vous les preuves que l’argent a été correctement utilisé ? C’est pourtant votre travail de le savoir, non ? Il continue : « On jette des personnalités en pâture pour rien sans voir les preuves. Je préfère, moi Maxime Balalou , que vous fassiez vos investigations, allez au plus près de l’information pour savoir de quoi il s’agit et les fonds sont destinés à quoi ». Formidable logique : c’est aux journalistes de faire le travail du gouvernement. C’est à eux de chercher où sont passés les fonds publics que le gouvernement a dépensés. Le ministre, lui, se contente de donner des leçons.
Et comme si cela ne suffisait pas, voici maintenant les leçons de morale d’un ministre aux abois. Le plus beau, c’est la leçon de déontologie que nous sert le ministre : « Faites de l’investigation. Allez au plus près à la source pour savoir et connaître les informations avant d’affirmer comme vous l’avez fait ici. Je pense qu’il faut être très prudent en tant que journaliste. Je vous le conseille toujours, votre rôle c’est de donner la bonne information, la vérité des faits ». Monsieur le ministre, permettez-nous de vous retourner le conseil : votre rôle, c’est de rendre compte de l’utilisation de l’argent public. Pas de faire la morale aux journalistes qui posent les bonnes questions. D’ailleurs, parlons de « vérité des faits ». Où sont les documents comptables de KOKUS ? Où sont les factures ? Où sont les justificatifs de dépenses ? Voilà des faits concrets que vous pourriez nous présenter au lieu de vous lancer dans des discours fumeux.
Pendant que le ministre Maxime Balalou joue les professeurs de journalisme, la BEAC, elle, ne rigole pas. Pendant que le ministre s’amuse à traiter les journalistes de tous les noms, la Banque des États de l’Afrique centrale, elle, a pris les choses au sérieux. Sa Commission bancaire a ouvert une enquête indépendante sur cette affaire. Bizarre, non ? Si tout était normal, si aucun argent n’avait disparu, pourquoi la BEAC se donnerait-elle cette peine ? Les banquiers centraux ont-ils eux aussi été contaminés par ces fameux « braqueurs d’information » ?
Pour finir en beauté, le ministre Maxime Balalou nous sort l’argument de la pauvreté qui ne tient pas debout. Le ministre termine sa démonstration par cet argument : « Attendez, allez à la source. Faites-vous les vérifications pour savoir où vous pensez que le gouvernement, dans le contexte actuel où nous avons la rareté des ressources, nous allons essayer déjà de prendre autant d’argent pour leur propre compte. Pour leur propre compte, soyez sérieux ». Ah, l’argument de la pauvreté ! Parce que le pays est pauvre, personne ne volerait ? Monsieur le ministre, c’est justement parce que les ressources sont rares qu’il faut les surveiller de près. C’est justement parce que chaque franc compte qu’il faut des comptes précis.
Pourtant, il suffirait de répondre à des questions simples pour un ministre compliqué. Les questions sont pourtant simples : combien a coûté KOKUS exactement ? Qui a reçu quoi ? Quelles entreprises ont été payées ? Pour quels services ? Avec quels justificatifs ? Au lieu de répondre à ces questions élémentaires, le ministre préfère s’en prendre aux journalistes qui les posent. C’est plus facile que de fouiller dans les archives comptables, apparemment.
Une chose est certaine : le respect, ça se mérite. Un ministre qui traite les journalistes de complices de « braqueurs » ne mérite pas le respect qu’exige sa fonction. Un ministre qui refuse de rendre compte de l’utilisation des fonds publics trahit la confiance des citoyens. Les Centrafricains ont le droit de savoir où sont passés leurs deniers. Les journalistes ont le devoir de poser ces questions. Et les ministres ont l’obligation d’y répondre clairement. En attendant les conclusions de l’enquête de la BEAC, ce ministre ferait mieux de retrouver ses dossiers comptables plutôt que de continuer à insulter ceux qui font leur travail.
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