À Gougère, dans le Haut-Mbomou, l’enclavement coupe les villages du monde : les humanitaires bloqués, les habitants livrés à eux-mêmes

Dans le Haut-Mbomou, les routes vers Gougère sont impraticables, paralysant toute activité humanitaire et isolant les populations.
Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Situé à cinq kilomètres d’Obo (1320 kilomètres de Bangui), le village de Gougère, sur l’axe de Djema, vit un isolement total. Cet axe secondaire oublié menant à Djéma s’est transformé en bourbier infranchissable où même les motos et vélos ne passent plus. Les pluies torrentielles ont fait déborder les rivières, bloquant les bacs sur la rive opposée et rendant impossible tout déplacement.
Une équipe de l’ONG Alima s’est retrouvée impuissante jeudi dernier. Venue distribuer des médicaments, elle a découvert le bac coincé de l’autre côté de la rivière. Aucun passeur, aucun responsable pour le manœuvrer. Après des heures d’attente vaine, les agents ont abandonné leur mission, laissant les malades sans soins.
Cette paralysie frappe chaque saison pluvieuse. Obo se retrouve coupé du monde. Les camions d’approvisionnement venus de la capitale ou de Zémio (1113 kilomètres de Bangui) ne peuvent plus circuler. Nourriture, médicaments, produits de première nécessité : tout manque. Les humanitaires tentent de maintenir leurs activités mais l’enclavement les empêche d’atteindre les populations les plus vulnérables.

Les habitants s’organisent comme ils peuvent. Certains utilisent des bacs de fortune, tractés à la main avec des cordes. D’autres fabriquent des embarcations de fortune avec des branches. Ces traversées périlleuses restent leur seul moyen d’accéder aux champs ou aux centres de santé.
Les ONG comme Alima et Médecins Sans Frontières maintiennent seules une présence médicale dans ces zones abandonnées. “L’État n’a même pas une moto pour les référencements ici”, témoigne un agent de santé de Obo. Les rares structures sanitaires fonctionnent uniquement grâce au soutien international.
Depuis une décennie, le gouvernement Touadéra privilégie le financement de sa sécurité : mercenaires du groupe Wagner et troupes rwandaises, au détriment des infrastructures de base. Routes, ponts, hôpitaux, électricité : tout est négligé dans cette partie du territoire qui échappe au contrôle étatique.
Les populations survivent tant bien que mal. Les organisations internationales demeurent les seuls acteurs présents dans cette zone que beaucoup considèrent comme définitivement oubliée par les autorités.
CONTACTER CORBEAU NEWS CENTRAFRIQUE
Tel/ WhatsApp : +236 75 72 18 21
Email: corbeaunewscentrafrique@gmail.com
Rejoignez notre communauté
Chaine officielle du CNC
Invitation à suivre la chaine du CNC
Note : les deux premiers groupes sont réservés uniquement aux publications officielles du CNC