À 15 ans à Sosso-Nakombo, presque toutes les filles sont déjà mariées : un défi majeur pour la communauté locale

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
À Sosso-Nakombo, une petite ville de l’ouest de la République centrafricaine, les jeunes filles grandissent avec des obstacles qui limitent leurs chances de construire un avenir. À 15 ans, la plupart sont déjà mariées, souvent contre leur volonté, et beaucoup ont quitté l’école pour toujours. Ces réalités, enracinées dans la pauvreté et les traditions, posent un défi immense pour les femmes et la communauté entière.
Une situation difficile pour les adolescentes
Dans une salle communautaire de Sosso-Nakombo, une cinquantaine de femmes et de jeunes filles se sont réunies le 15 avril pour une journée de discussion. Organisée par des associations locales et appuyé par la Minusca, cette rencontre a permis de parler des problèmes qui touchent les filles. Virginie Nakombo, présidente de l’OFCA ( organisation des Femmes Centrafricaines ), a pris la parole avec clarté :
« Les femmes doivent connaître leurs droits et refuser les injustices. Une fille a le droit de choisir sa vie, pas d’être forcée à se marier ».
Les chiffres montrent l’ampleur du problème :
– 68 % des filles quittent l’école avant leurs 15 ans.
– Environ 60 % des adolescentes sont mariées avant 18 ans, dont beaucoup dès 14 ou 15 ans.
– Seulement 25 % des femmes de la région savent lire et écrire.
– Moins de 10 % des filles arrivent au lycée.
Pourquoi tant de mariages précoces ?
Adèle Anibeli, responsable des affaires sociales à Sosso-Nakombo, explique les raisons derrière ces chiffres :
« Les mariages précoces, les mariages forcés et l’abandon scolaire sont liés. Les familles, souvent très pauvres, marient leurs filles jeunes pour avoir moins de bouches à nourrir. Beaucoup de filles partent aussi travailler dans les mines pour gagner un peu d’argent ».
Plusieurs éléments aggravent la situation :
- La pauvreté : Dans une région où beaucoup vivent avec moins d’un dollar par jour, marier une fille peut sembler une solution pour réduire les dépenses familiales.
- Les traditions : Dans certaines communautés, marier une fille jeune est vu comme une façon de préserver l’honneur de la famille ou de renforcer des liens avec d’autres clans.
- Le manque d’écoles : Les écoles sont rares, souvent situées à plusieurs kilomètres des villages, et beaucoup de familles n’ont pas les moyens de payer les frais scolaires ou les uniformes.
- Les mines : Les chantiers miniers, où l’on extrait de l’or ou des diamants, attirent des adolescentes qui espèrent gagner de quoi aider leurs parents. Mais ce travail est dangereux et les éloigne de l’école.
Des vies transformées trop tôt
Les histoires des jeunes filles de Sosso-Nakombo montrent à quel point ces défis marquent leur quotidien. Joséphine, 16 ans, partage son expérience :
« À 14 ans, mon père m’a dit que je devais me marier. J’aimais l’école, mais on m’a forcée à arrêter. Maintenant, j’ai un bébé et je ne sais pas comment reprendre ma vie ».
L’école, un rêve hors de portée
L’abandon scolaire est un autre problème majeur. À Sosso-Nakombo, les salles de classe sont rares, et les enseignants manquent souvent de matériel. Les filles, plus que les garçons, sont retirées de l’école pour aider à la maison, travailler ou se marier. Selon une étude locale :
– 80 % des filles de 12 à 15 ans ne fréquentent plus l’école régulièrement.
– Les rares lycées de la région sont à plus de 20 kilomètres pour la plupart des villages, un trajet que peu de familles peuvent organiser.
Certaines adolescentes, comme Marie, 17 ans, ont trouvé une autre voie, mais elles sont une exception :
« J’ai arrêté l’école à 13 ans pour travailler dans une mine. Mais l’année dernière, une association m’a aidée à reprendre les cours. Maintenant, je veux devenir infirmière pour aider ma communauté ».
Des efforts pour changer les choses
Malgré ces difficultés, des actions locales commencent à faire une différence. Des associations, soutenues par des leaders communautaires et la Minusca, organisent des rencontres régulières pour parler des droits des femmes et des dangers des mariages précoces. Ces sessions rassemblent des mères, des adolescentes et parfois des chefs de village pour discuter de solutions.
Le sous-préfet de Sosso-Nakombo, Éphrem Moussa, présent lors de la réunion du 15 avril, a annoncé la création d’un comité local pour protéger les enfants, avec un accent particulier sur les filles. Ce comité travaillera avec les écoles et les familles pour encourager la scolarisation et signaler les cas de mariages forcés.
Des progrès, mais encore beaucoup à faire
Ces efforts portent leurs fruits, mais les obstacles restent nombreux. Les traditions, bien ancrées, ne changent pas du jour au lendemain. Certains parents et chefs communautaires continuent de voir le mariage précoce comme une pratique normale. Le manque d’écoles et de routes rend l’accès à l’éducation difficile, surtout dans les villages éloignés. Et la pauvreté, toujours présente, pousse encore trop de familles à faire des choix difficiles.
Un soutien discret mais essentiel
Ces actions, portées par les associations et les autorités locales, bénéficient du soutien de la MINUSCA, qui apporte des ressources pour renforcer les programmes et atteindre plus de personnes….
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