À Bohong, entre Bouar et Bocaranga, le CB de la gendarmerie, en colère,  menace et envoie un message à Touadera….

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À Bohong, entre Bouar et Bocaranga, le CB de la gendarmerie, en colère,  menace et envoie un message à Touadera….

 

À Bohong, entre Bouar et Bocaranga, le CB de la gendarmerie, en colère,  menace et envoie un message à Touadera….
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Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique.

 À Bohong, une localité située à 70 kilomètres de Bocaranga, et à 75 kilomètres de Bouar, des voyageurs vivent un véritable calvaire. Le 17 décembre, une maman centrafricaine venue de Yaoundé avec ses deux enfants mineurs pour passer les fêtes de fin d’année avec ses parents dans son village d’origine de Kou-Wone, situé  après Ndim en allant vers Paoua, s’est retrouvée au cœur d’une scène qui en dit long sur ce que subissent les voyageurs sur cet axe secondaire.

 

Ce jour-là, le taxi-brousse en provenance de Bouar, chef-lieu de la préfecture de la Nana-Mambéré, en direction de Bokaranga. Dans le véhicule, il y’a plein des passagers, parmi lesquels une mère accompagnée de ses deux enfants, dont celui d’un an,  depuis Yaoundé pour retrouver sa famille à Kou-Wone. Mais en arrivant à quelques kilomètres à l’entrée de Bohong, le chauffeur doit s’arrêter : un énorme tronc d’arbre coupe la route. À côté, un triangle de signalisation. Sous un manguier, le commandant de la brigade de gendarmerie de Bohong, l’adjudant  Selek Constant, droit dans sa botte,  a installé son bureau : une table accompagnée d’une chaise.

 

Pour faire le “sale boulot”, le commandant de brigade de la gendarmerie Selek Constant  a placé un jeune civil – qui n’est ni gendarme ni policier – chargé d’arrêter les véhicules et de ramasser l’argent. Ainsi, après l’arrêt du véhicule, l’auxiliaire commence à demander les papiers de chaque passager. Tombant sur la mère qui a sur ses genoux ses deux enfants, il lui demande ses documents d’identité. La maman ne peut présenter que sa carte d’électeur.

 

“Ce n’est pas suffisant. Il faut payer 1000 francs”, dit l’auxiliaire.

 

“Je n’ai pas cet argent”, répond la mère. “J’ai déjà dépensé beaucoup pour venir de Yaoundé avec mes enfants”.

 

Carrière Lagbo, un juriste de Bokaranga qui se trouvait également dans le même véhicule, ne peut rester sans rien faire. Il commence d’abord à parler avec l’auxiliaire, plaidant le sort de la mère. Mais l’auxiliaire campe sur ses positions, imposant les 1000 francs CFA à payer obligatoirement. Dans ce contexte, Carrière Lagbo quitte pour aller voir le commandant en personne pour plaider le cas de la mère. S’approchant du commandant Selek Constant  sous son manguier, il commence à lui parler poliment.

À Bohong, entre Bouar et Bocaranga, le CB de la gendarmerie, en colère,  menace et envoie un message à Touadera….
Une barrière des soldats FACA à la sortie de Bocaranga, dans la préfecture de l’Ouham-Pendé

 

“Mon commandant, il y a une mère venue du Cameroun avec deux enfants qui n’a pas de quoi payer. Elle a sa carte d’électeur. En tant que Centrafricain, vous pourriez l’aider et la laisser partir…”

 

Le commandant, déjà en colère,  dit ceci : “MAIS TOUT D’ABORD TU ES QUI TOI-   LÀ ? TU ES QUI POUR ME PARLER COMME ÇA ?”

 

Sans s’énerver, Carrière Lagbo poursuit : “Je suis juste un citoyen qui demande de l’aide pour une mère qui n’a pas les moyens. Et nous savons tous que ces barrières ne sont pas autorisées. D’ailleurs nous sommes tous sous la loi, et la loi interdit cette barrière illégale “.

 

C’est cette dernière remarque sur la barrière qui fait sortir l’adjudant  Selek Constant  de ses gonds. Il bondit de sa chaise, la main sur son pistolet attaché à sa cuisse.

 

“Tu es qui, toi ? TU ES QUI pour me dire ça ?” hurle le commandant, les yeux rivés sur Carrière Lagbo.

 

Lagbo garde son calme : “Je suis un simple citoyen centrafricain. Je ne cherche pas la polémique. Je vois juste une mère dans le besoin, alors je viens vers vous pour plaider sa cause”.

 

“Et la barrière ? Pourquoi tu parles de la barrière ?” insiste le commandant, de plus en plus menaçant.

 

“Je constate simplement que vous avez barré la route avec un gros tronc d’arbre et mis des triangles. Nous savons tous que personne n’est au-dessus de la loi, et que la loi interdit ces barrières ici. Sur l’axe Bocaranga – Bouar, toutes les barrières illégales sont interdites par un décret présidentiel , et vous le savez très bien “.

 

Le commandant, furieux, s’approche tout près de Carrière Lagbo. Il serre son pistolet. “La préfète de l’Ouham-Pendé est passée ici ! Elle a vu cette barrière ! Elle n’a rien dit ! Le procureur de Bocaranga est passé aussi ! Il n’a rien dit ! Mais toi, TU ES QUI ? Toi et Touadera là, vous connaissez quoi de la situation sécuritaire dans cette localité ? Vous racontez n’importe quoi !”

 

Puis, pointant son doigt vers Carrière Lagbo : “Va dire à Touadéra qu’il ne connaît rien  de notre situation ici ! Toi et Touadera, vous  racontez des bêtises tous les deux ! Je vous préviens, à partir de maintenant, je vais donner l’ordre à tous les hommes en tenue dans cette localité. Quand ils te voient passer, ils doivent t’agresser ! Tu vas voir ! On va t’agresser. Si tu veux, tu peux aller dire cela à Touadera. Vous savez combien on souffre ici ? Allez-dire cela à Touadera !”

 

Carrière Lagbo reste digne : “Vos menaces ne changent rien au problème. Je plaide juste pour cette dame. C’est tout. L’affaire de Touadera là, tu laisses à côté. On est tous des centrafricains. Si vous avez votre problème avec Touadera, va lui dire cela  “.

 

Pendant cette altercation, un autre passager sort 1000 francs et les donne à la mère pour qu’elle puisse continuer son voyage. Mais quand elle tend l’argent à l’auxiliaire, celui-ci refuse les 1000 francs. Le commandant, voyant l’auxiliaire refuse ce billet de banque, crie sur lui de le prendre immédiatement.

 

L’auxiliaire, effrayé par la colère de son chef, tend sa main et récupère l’argent.

 

Rappelons qu’il y’a un an, ce type de comportement a déjà eu des conséquences tragiques à Bohong. L’an dernier, un gendarme en service sur cette barrière a payé de sa vie les agissements de son commandant. Des hommes armés non identifiés, exaspérés par les pratiques de racket, ont ouvert le feu sur lui, le confondant avec le commandant de brigade. Grièvement blessé, le gendarme n’a pas survécu au trajet vers l’hôpital de Bouar. Cette mort tragique montre combien la politique de racket du commandant crée des rancœurs profondes dans la localité, mettant en danger la vie même de ses hommes qui exécutent ses ordres sur le terrain.

 

Notons que cette barrière n’est pas la seule. Entre Bohong et Bokaranga, toutes les barrières supprimées sont toutes ramenées à leur place. À chaque fois, il faut payer. Les gendarmes ont même des quotas à respecter chaque semaine.

 

Notons que cette scène montre à quel point la situation est devenue incontrôlable sur l’axe Bohong – Bocaranga. Les chauffeurs et passagers qui empruntent cette route quotidiennement racontent que ce commandant a transformé la zone en son territoire personnel.

 

Cette histoire de la mère et de ses enfants n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Chaque jour, des dizaines de voyageurs subissent le même traitement. Certains doivent rebrousser chemin, d’autres s’endettent pour payer les “droits de passage”.

 

Quant à Carrière Lagbo, malgré les menaces de mort, il n’a pas cédé. Son seul tort ? Avoir osé rappeler la loi à un homme qui se croit tout permis. Comme il l’a dit avant de partir : “Un simple billet de 1000 francs peut être une fortune pour une mère qui voyage avec ses enfants. Comment peut-on dormir tranquille en sachant qu’on affame les plus pauvres ?”

 

Cette situation dévoile un système bien rodé sur l’axe Bouar. Les habitants racontent que chaque point de contrôle a sa “spécialité”. À certaines barrières, les gendarmes ciblent les commerçants. À d’autres, ils s’en prennent aux voyageurs sans papiers. Mais le plus souvent, tout le monde doit payer, papiers ou pas.

 

Les chauffeurs de taxi-brousse témoignent sous couvert d’anonymat : “Pour un aller simple Bouar-Bokaranga, un passager devait prévoir au moins 5.000 francs rien que pour les barrières. Si d’aventure un passager refuse de payer, ils nous bloquent pendant des heures. Certains collègues ont même vu leurs pneus crevés en représailles.”

 

En attendant, le commandant continue ses activités en toute impunité. Sa dernière menace envers Carrière Lagbo résonne comme un avertissement à tous ceux qui oseraient dénoncer ses pratiques : “Je donne l’ordre à tous les hommes en tenue. Quand ils te voient, ils doivent t’agresser.”

 

Le message est clair : à Bohong, c’est la loi du plus fort qui règne. Et pour l’instant, le plus fort porte un uniforme et un pistolet à la cuisse.​​

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