La jeunesse centrafricaine : le naufrage d’une génération, constate Élie OUEIFIO
Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique.
Le dernier ouvrage d’Élie OUEIFIO, “La RCA doit-elle toujours dépendre des autres ?”, publié en août 2024, brosse un portrait déchirant de la jeunesse centrafricaine. Les mots d’un jeune vendeur de cigarettes résonnent comme un terrible constat : “À 20 ans, mon père était étudiant à la Sorbonne. À 20 ans, je suis vendeur de cigarettes au détail devant le lycée que je n’ai jamais pu fréquenter.” Cette réalité représente le déclin vertigineux d’un pays qui, en une seule génération, a basculé d’une nation formant son élite dans les plus prestigieuses universités à un État où les jeunes luttent quotidiennement pour leur survie.
Le système éducatif centrafricain s’est effondré. Les classes comptent jusqu’à 200 élèves, privés d’enseignants qualifiés et de matériel pédagogique essentiel. Un enseignant témoigne de cette situation : “Dans mon lycée, nous utilisons encore des manuels de 1985, et nous n’en avons que trois pour 150 élèves“. Cette réalité se traduit par des statistiques alarmantes : 70% des jeunes ne vont pas à l’école, tandis que 85% des moins de 25 ans sont au chômage. Plus inquiétant encore, 90% des jeunes ne maîtrisent pas les bases de la lecture et de l’écriture.
Un sociologue cité dans l’ouvrage d’OUEIFIO tire la sonnette d’alarme : “Nous créons la première génération de l’histoire qui sera moins éduquée que celle de ses parents. C’est un suicide national programmé“. Cette régression éducative entraîne des conséquences en cascade : les enfants abandonnent l’école pour travailler, les mariages précoces se multiplient, et la délinquance juvénile atteint des sommets.
Face à l’absence de perspectives, de nombreux jeunes rejoignent les groupes armés. Un jeune milicien résume amèrement la situation : “Un kalachnikov nourrit mieux qu’un diplôme“. Parallèlement, les rares diplômés quittent massivement le pays, créant une hémorragie des compétences qui affaiblit davantage les perspectives de développement.
La fracture intergénérationnelle s’aggrave. Les valeurs traditionnelles s’effritent, les familles se déchirent. Les parents, démunis, peinent à guider leurs enfants dans ce contexte chaotique. Cette désorganisation sociale favorise l’émergence de fléaux comme la toxicomanie, la prostitution juvénile et la radicalisation religieuse.
Les tentatives de solutions classiques échouent les unes après les autres. Les centres de formation professionnelle, mal équipés et sous-encadrés, ne répondent pas aux besoins du marché. Les programmes d’insertion se réduisent à des stages fictifs et des emplois précaires sans avenir.
OUEIFIO propose plusieurs solutions concrètes. Dans l’immédiat, il recommande l’organisation d’états généraux de la jeunesse et le déploiement d’un plan national d’alphabétisation. À long terme, il préconise une rénovation complète du système éducatif et la création de filières professionnelles ancrées dans les réalités locales.
L’aspect politique occupe une place centrale dans ces recommandations. L’auteur insiste sur l’importance d’une stratégie nationale cohérente, appuyée par des moyens financiers substantiels et un engagement durable. Il propose la création d’un fonds national pour la jeunesse et le développement de collaborations entre secteurs public et privé.
La conclusion d’OUEIFIO est sans appel : “Un pays qui abandonne sa jeunesse se suicide. La RCA doit choisir maintenant : investir dans sa jeunesse ou accepter de disparaître. Il n’y a pas d’autre alternative.” Cette situation dramatique résulte de décisions politiques malheureuses, mais n’est pas irréversible. Un changement profond reste possible, à condition qu’une réelle volonté politique se manifeste pour redonner espoir à cette génération sacrifiée.
La jeunesse centrafricaine attend des actes concrets, des actions immédiates et une vision claire pour son avenir. Le temps presse, car chaque jour qui passe voit s’éloigner un peu plus la possibilité d’un redressement. Le pays tout entier doit se mobiliser pour sa jeunesse, car c’est son avenir même qui est en jeu.
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