Le glissement inquiétant de la Centrafrique vers un État tribal, selon Élie Ouéifio
Elie Oueifio, Coordonnateur National du Cercle des Ecrivains, Journalistes, Artistes et Chercheurs de Centrafrique (CEJACC), a publié un rapport alarmant sur la situation politique en République centrafricaine. Le document, intitulé “De l’État nation à l’État tribal”, dénonce une dérive vers un “État tribal” au détriment de l’unité nationale forgée depuis l’indépendance.
Bangui, 1 août 2024.
Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique.
La Centrafrique vers un État tribal?
Dans son analyse approfondie, Oueifio dévoile plusieurs éléments troublants qui inspirent un affaiblissement des structures étatiques au profit de logiques tribales et d’influences étrangères.
Des menaces ethniques et politiques qui fragilisent l’unité nationale.
Le rapport fait état de menaces préoccupantes à l’encontre de certaines ethnies, notamment les Gbaya. Selon Oueifio, des rumeurs circulent sur un projet d’épuration de tous les Gbaya qui ne feraient pas allégeance au parti au pouvoir, le Mouvement Cœurs Unis (MCU). Cette situation rappelle les heures sombres des conflits interethniques qui ont déchiré le pays par le passé.
L’influence croissante de la Russie : une nouvelle forme de colonisation ?
Un aspect particulièrement inquiétant soulevé par le rapport est l’influence grandissante de la Russie dans les affaires intérieures centrafricaines. Oueifio cite les propos polémiques de l’ambassadeur russe Vladimir Tittorzenko, qui se serait déclaré “plus Centrafricain que les Centrafricains”. Cette déclaration soulève des questions sur le respect de la souveraineté nationale et le rôle des diplomates étrangers.
L’auteur va jusqu’à évoquer une “nouvelle colonisation” russe, qui remplacerait l’ancienne tutelle française. Il s’inquiète de l’implication apparente des “amis russes” dans la recherche de nouvelles alliances politiques pour le président Touadéra, au détriment de l’unité nationale.
Le risque d’un retour en arrière historique.
Oueifio rappelle que l’unité nationale centrafricaine est le fruit de longues luttes menées notamment par Barthélemy Boganda, figure emblématique de l’indépendance. Il met en garde contre toute tentative de revenir à un système basé sur les appartenances tribales, ce qui constituerait un recul historique majeur.
Citant l’ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, le rapport souligne que “le tribalisme est préjudiciable au nationalisme” et qu’une nation divisée s’affaiblit inévitablement. Oueifio appelle les Centrafricains à “transcender les velléités qui les divisent” pour préserver l’unité du pays.
Les conséquences potentielles pour l’avenir de la Centrafrique.
Le glissement vers un État tribal aurait des conséquences désastreuses pour la Centrafrique, selon Oueifio. Il pourrait :
- Fragiliser davantage les institutions démocratiques
- Attiser les tensions interethniques et religieuses
- Favoriser l’ingérence de puissances étrangères
- Compromettre le développement économique et social du pays
Le rapport conclut sur la nécessité de maintenir un État-nation fort, seul capable selon l’auteur de résister aux “facteurs religieux, économiques et militaires” qui menacent la stabilité du pays.
Un appel à l’unité et à la responsabilité.
Face à ces défis, Oueifio exhorte les dirigeants et le peuple centrafricains à se considérer comme des frères au-delà des clivages. Il appelle à une prise de conscience collective pour “sauver l’essentiel”, à savoir le pays et sa population.
Le rapport invite notamment à :
– Renforcer les institutions démocratiques et l’État de droit
– Promouvoir un dialogue inclusif entre toutes les composantes de la société
– Lutter contre la corruption et le népotisme
– Préserver l’indépendance nationale face aux ingérences étrangères
L’avenir dira si les craintes exprimées par Elie Oueifio étaient fondées ou si la Centrafrique parviendra à surmonter ses divisions pour construire un État stable et prospère. Une chose est sûre : le chemin vers la réconciliation nationale et le développement reste long et semé d’embûches.
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