Les ressortissants de la Ouaka plaident pour le retour de la sécurité à Bambari
Bangui (Corbeau News Centrafrique): 10-01-2015.
Ils sont près d’un demi-millier les ressortissants de la Ouaka venus des différentes localités de ladite préfecture, notamment des cinq sous-préfectures, Bakala, Ippy, Grimari, Kouango et Bambari chef-lieu de la Ouaka à répondre à l’appel de Alphonse Komoko Blacka, président d’ARASDO (Association de ressortissants amis et sympathisants de la Ouaka) pour débattre de la situation qui prévaut dans leur localité. Ces échanges se tiennent dans le cadre de la première Assemblée générale ordinaire d’ARASDO qui s’est ouvert ce 9 janvier 2014, dans la FATEB à Bangui.
Le Président du Conseil national de transition Alexandre Ferdinand Nguendet, lui-même Représentant la Ouaka au sein de cette institution, Isabelle Gaudeuille Ministre des Eaux et forêts et ministre-résident de la Ouaka et Aristide Sokambi Ministre d’Etat à la défense nationale et ressortissant de la Ouaka, représentant personnelle de la Présidente de transition Catherine Samba Panza, elle-aussi ressortissante de la Ouaka ont rehaussé de leur présences cette rencontre historique des ressortissants de la Ouaka, la toute première du genre.
C’était une circonstance de retrouvailles pour les filles et fils de la Ouaka, mais beaucoup plus une période difficile en partage du fait de la prévalence de l’insécurité dans la localité qui a rendu la vie particulièrement difficile pour les populations de la Ouaka. D’ailleurs, c’est avec un cœur serré que le Président du Bureau Exécutif d’ARASDO, Komoko Blacka a passé en revue la situation du désastre humanitaire aujourd’hui dans la préfecture de la Ouaka. Après avoir demandé une minute de silence en la mémoire des victimes tombées sous les affres des groupes armés qui ont pris en otage la paisible population, il déclare : « La Ouaka a payé le plus lourd tribut de la crise que connait la République centrafricaine depuis deux ans. » a-t-il indiqué avant de détailler « Depuis l’installation du noyau dur de la rébellion [Séléka] à Bambari, la ville et ses environs ont été victimes de l’exécution d’un véritable plan d’épuration ethnique. Les assassinats, les viols, les spoliations des biens et des meubles sont légion. Des villages entiers sont rayés de la carte de la Ouaka. »
Ce tableau désolant corrobore bien le témoignage accablant de Marie Brigitte Tagba, une des participants venue de Bambari. « Si jamais rien est fait, Ouaka disparaitra de la carte de la RCA. D’ailleurs, je peux même dire ici que Ouaka n’existe pas pour le moment. La population civile ne sait plus à quel saint se vouer, les hommes de Ali Darras [le tristement célèbre général Séléka, patron de l’Union pour la paix en Centrafrique (UPC)] font la loi, massacrent la population de Bambari. Il ne se passe pas un seul jour que des corps soient repêchés dans la rivière Ouaka ou ramassés dans des fausses communes par la Croix-Rouge local. » a-t-elle relaté en sanglot avant d’interpeler personnellement la présidente de la transition, Catherine Samba Panza, en sa double qualité de Présidente de la République et Fille de la Ouaka à intervenir le plus rapidement possible pour sauver ce qui reste de cette préfecture.
Par ailleurs, les participants à ces assises ont dénoncé et condamné les atrocités de tout genre qui ont enlevé aux populations de la Ouaka, leur dignité humaine, bloquant ainsi toute initiative d’une quelconque action de développement. Ils interpellent par la même occasion, les forces internationales à l’application stricte du mandant qui leur a été donné par le Conseil de sécurité des Nations unies. Quant aux autorités de la transition, ARASDO les invite « à mettre en œuvre les pouvoirs régaliens qui leur sont reconnus par la Charte constitutionnelle de transition pour le rétablissement de la paix et de la sécurité en République centrafricaine en général et dans la Ouaka en particulier. » De même, les Ongs sont invitées à Bambari pour soutenir les populations en détresse.
Faut-il rappeler que ARASDO est née le 26 octobre 2013 à Bangui par la seule volonté des filles et fils de la Ouaka. Association enregistrée au ministère de l’Administration du territoire sous la Décision n° 011/14/MATDR du 20 janvier 2014, elle a s’est donnée comme mission de contribuer à la définition des objectifs stratégiques et à la mise en œuvre des actions gouvernementales en matière de développement environnemental, socioéconomique, culturel et du capital humain de la Ouaka ; appuyer les populations des cinq sous-préfectures dans le domaine de l’identification, de la conception et de la mise en œuvre des projets de développement communautaires ; promouvoir l’esprit et la pratique de la solidarité, de l’unité, du vivre-ensemble et de la paix en République centrafricaine en général et dans la préfecture de la Ouaka en particulier.
CNC / Bangui / Fred Krock