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On s’est tous trompé : Bitcoin (BTC) n’est pas une monnaie

 

Nous nous sommes tous trompés pendant des années sur la valeur de Bitcoin. Ce ne sera jamais une monnaie en raison de son design monétaire inélastique. Sa véritable utilité vient de sa résistance à la censure et non pas de sa résistance à l’inflation. Bitcoin, c’est l’ultime recours pour transporter de la valeur quand on ne peut plus faire confiance à personne. Un cas d’usage qui pourrait se développer alors que nous entrons dans la 2e guerre froide et que l’Occident est tenté par le collectivisme.

L'adoption par le Salvador du bitcoin comme monnaie officielle tourne à la catastrophe économique

 

Rédigé par le journal du net

Publié par Corbeaunews Centrafrique (CNC), le mercredi 26 octobre 2022

 

Bitcoin : ni une monnaie, ni une réserve de valeur

 

Certains comparent bitcoin à de l’or en tant que réserve de valeur. De par sa rareté absolue rendue possible par le Consensus de Nakamoto et à ses propriétés numériques (transportabilité, sécurité, divisibilité, vérification), le BTC serait supérieur à l’or. Or 2.0 qui devait protéger notre épargne à long terme de l’inflation produite par les abominables banques centrales.

D’autres vont encore plus loin et parlent de bitcoin comme alternative à la monnaie fiat. Bitcoin aspirerait alors à devenir un nouveau médium d’échange universellement accepté qui remplacerait le dollar et conduirait la Fed vers la faillite.

Les faits leur donnent tort : Bitcoin n’est ni une protection contre l’inflation, ni une version électronique de l’or. C’est autre chose que ça.

Beaucoup d’investissements, peu d’adoptions

Bitcoin est assez peu acquis pour ses propriétés monétaires. Pour l’instant, il s’agit surtout d’investissement et il y a relativement peu d’adoption. Lorsque vous achetez du BTC pour faire une transaction P2P, vous adoptez Bitcoin. Lorsque vous achetez du BTC que vous gardez sur Coinbase, vous investissez.

Pourtant, le moment semblait idéal : nous vivons une période d’inflation record partout sur la planète. Pourquoi diable personne ne veut utiliser BTC comme moyen d’échange y compris dans des pays comme le Venezuela ?

Parce que personne ne veut dépenser une monnaie qui peut valoir deux fois plus ou deux fois moins en un mois.

 

Bitcoin n’est pas de l’or numérique

 

Certes, bitcoin est semblable à l’or sur de nombreux points. Marchandises apatrides, elles ne sortent pas des entrailles des Etats et de leurs enfants les banques centrales. Leur offre est également limitée là où un Etat a la possibilité de définir arbitrairement la masse monétaire d’une économie.

Bitcoin diffère néanmoins de l’or sur un point capital. D’un point de vue monétaire, l’or a un mécanisme d’offre et de demande bien différent de celui de Bitcoin contrairement à ce qu’on pourrait croire. Cette différence confère à l’or une meilleure capacité à transporter le pouvoir d’achat dans le temps. Bitcoin est un actif intrinsèquement volatil et sa volatilité ne risque pas de diminuer avec le temps.

La politique monétaire de Bitcoin est entièrement programmée depuis les premiers jours du protocole. Le rythme de création de nouveaux BTC minés est déterministe et n’est pas modifié en fonction de l’évolution de son pouvoir d’achat. À partir de 2140, l’inflation du protocole sera nulle.

La principale différence entre les mécanismes d’offre de l’or et de Bitcoin réside dans la réaction du taux de production de l’or en fonction de son pouvoir d’achat, là où une variation du pouvoir d’achat du BTC n’aura strictement aucun impact sur la production de nouveaux BTC. Autrement dit, une augmentation du pouvoir d’achat (ou une baisse) du bitcoin sur une économie n’engendrera aucun changement sur la politique monétaire du protocole.

Le passage du taux de conversion d’un BTC pour une cacahuète à un BTC pour une Tesla n’a eu aucun impact sur l’offre de BTC en circulation : déterminée par le code depuis la genèse.

 

Une offre monétaire inélastique contrairement à l’or

 

À l’inverse, une hausse du pouvoir d’achat de l’or aboutit à augmenter légèrement la quantité d’or à court terme en incitant les propriétaires d’objets en or (bijoux…) à les faire fondre pour les monétiser. Le coût d’opportunité de détention d’un objet en or augmente. À long terme, la hausse de ce pouvoir d’achat conduira les mineurs à augmenter leur production d’or. Étant donné qu’il devient plus rentable de produire de l’or, ces derniers investissent dans de nouvelles méthodes d’extraction plus efficientes. Ils entreprennent également davantage d’activités de prospection et de recherche.

Par conséquent, la fonction d’offre de l’or est relativement élastique à long terme là où celle du BTC est inélastique, car préprogrammée. En découle une plus grande incertitude sur le futur du pouvoir d’achat de Bitcoin.

Ce mécanisme flexible a permis à l’étalon-or de produire une inflation séculaire quasiment nulle. En effet, il s’agit d’un mécanisme autorégulateur : face à un phénomène de hausse général du niveau des prix causé par une augmentation de la demande d’or, la quantité d’or extraite est amenée à augmenter à court terme et surtout à long terme, ce qui inverse la dynamique des prix et la stabilise. La possibilité de faire varier le taux de croissance du stock d’or a accéléré le retour du pouvoir d’achat de l’or à sa tendance moyenne. Une sorte d’homéostasie.

Conclusion : le mécanisme d’offre strictement inélastique de Bitcoin est différent de celui de l’or et favorise une plus grande volatilité de son pouvoir d’achat.

 

Bitcoin, n’est pas une monnaie

 

Contrairement à ce qu’on peut lire dans certains manuels, la monnaie ne se définit pas d’abord par sa capacité à garder de la valeur à long terme. Sinon, une action Apple ou un bien immobilier serait une monnaie.

Nous avons trop tendance à oublier qu’une monnaie est avant tout un médium d’échange généralement accepté dans une économie. Une marchandise acceptée par tous (ou quasiment) pour acquérir un même niveau de biens sur un horizon temporel relativement court. C’est un pouvoir d’achat généralisé avec un haut degré de liquidité.

« La monnaie est le bien le plus échangeable que les gens acceptent car ils souhaitent le proposer dans des actes d’échange impersonnel futurs », Ludwig von Mises.

« Il est en tout cas fondamental de garder toujours à l’esprit que la nature même de la monnaie est de constituer un pouvoir d’achat disponible. En tant que telle, elle ouvre un espace de liberté à ses détenteurs car ils savent que la détention d’encaisses monétaires leur permet de satisfaire leurs besoins futurs dans un monde d’incertitude », Pascal Salin.

Bitcoin ne sera probablement jamais universellement accepté. Même au Salvador, les gens préfèrent détenir du dollar. Les pays ravagés par l’hyperinflation comme la Turquie ou le Venezuela se tournent plus naturellement vers des stablecoins comme l’USDT que vers du BTC, trop volatil entre deux transactions.

Soyons honnêtes, en tant que médium d’échange, le dollar est infiniment supérieur au BTC. Et d’ailleurs nous voyons qu’à la première incertitude, le billet vert ne cesse de gagner en popularité. Le dollar est la valeur refuge par excellence, notamment en période d’inflation.

Tant que vous ne serez pas surpris que votre commerçant n’accepte pas bitcoin, on pourra affirmer que bitcoin n’est pas une monnaie.

 

Bitcoin : une marchandise volatile résistante à la censure

 

Le jeton bitcoin n’est donc pas une monnaie ou une protection contre l’inflation, c’est une marchandise volatile résistante à la censure. Le protocole Bitcoin est une couche non censurable sur laquelle peuvent se construire des technologies plus ou moins résistantes à la censure. C’est la raison d’être de la blockchain.

Pour rappel, la blockchain est un support extrêmement inefficace pour stocker de l’information. D’une manière générale, la distribution de l’information est très lourde et complexe à mettre en place. L’une des seules manières d’exploiter de manière intelligente cette technologie est de construire des protocoles résistants à la censure, une censure organisée par des acteurs centralisés.

Quel intérêt à utiliser la blockchain pour tracer les élevages de poulets ? Aucun, contrairement aux bobards véhiculés par les cabinets de conseil. La blockchain n’est utile que dans des situations hostiles, de faible confiance où on ne peut pas faire confiance à un intermédiaire. On décide collectivement de partager une base de données parce qu’on ne fait pas confiance à un seul acteur pour héberger cette base.

 

La méthode de base est donc de centraliser le stockage de l’information : plus rapide, moins cher. Les transactions dans des bases de données SQL prennent quelques microsecondes là ou Bitcoin peut sembler être un dinosaure. Mais justement, Bitcoin semble être un objet préhistorique si l’on ne comprend pas que sa valeur ajoutée vient de la capacité à faire circuler de la valeur résistante à la censure.

La blockchain, c’est l’ultime recours. L’alternative salutaire, quand on a tout essayé. L’exception et non pas la règle.

 

Demain, un stablecoin sur Bitcoin ?

 

Le jeton bitcoin ne remplacera sans doute pas le dollar en tant que monnaie. En revanche, la couche protocolaire résistante à la censure pourrait permettre de construire un authentique stablecoin résistant à la censure.

Satoshi Nakamoto est parvenu à construire une valeur volatile résistante à la censure. C’est une prouesse technologique et sociale. Mais comme nous venons de le voir, BTC n’est pas cette protection contre l’inflation en raison de son mécanisme d’offre inélastique. La stabilité n’est pas triviale à atteindre et demande plus de travail.

 

Se pourrait-il que des développeurs parviennent à construire une valeur résistante à la censure ET à l’inflation ? Il s’agirait d’un stablecoin, non indexé au dollar, car celui-ci a tendance à perdre de la valeur à long terme. Une marchandise non-censurable qui permet de transporter le pouvoir d’achat dans le temps. Quelque chose de très peu volatile à court terme mais qu’on ne peut réellement pas arrêter (ce qui n’est pas le cas des stablecoins centralisés).

Des initiatives comme RGB ou Taro pourraient nous surprendre positivement en exploitant directement la timechain résistante à la censure qu’est Bitcoin.

 

Marchés noirs, Etats terroristes et Bitcoin

 

Qui pourrait tirer profit d’une marchandise non censurable mais volatile ? Des acteurs qui valorisent bien plus la non censurabilité à la stabilité de leur pouvoir d’achat. Des gens prêts à payer le coût de détention d’un actif volatil et incertain pour être sûr de pouvoir réaliser une transaction et d’éviter le risque de confiscation.

 

Nous revenons aux origines de Bitcoin : la « monnaie du marché noir », défendue par le vaillant Ross Ulbricht. Prostituées qui se font supprimer leur compte sur Onlyfans en raison des pressions bancaires ? Leaders d’opinions un peu trop bavards qui n’ont pas la possibilité d’utiliser Paypal ou Stripe pour financer leur travail ? Militants politiques qui lèvent des fonds pour bâtir de nouveaux Etats et organiser une sécession ? Grévistes dans des dictatures comme la Biélorussie qui ont des comptes bancaires gelés ?

À une échelle plus large et dans l’hypothèse d’une aggravation des tensions internationales et du système de sanctions, on pense aux Etats parias comme la Russie, l’Iran ou la Chine.

 

Bitcoin dans une économie de guerre

 

Nous entrons dans une forte période d’instabilité géopolitique. Poutine parle ouvertement de guerre contre l’OTAN en continuant sa politique d’extermination. Il y a quelques jours, Xi Jinping renvoyait Hu Jintao du Congrès du PCC et affirmait une fois de plus l’autoritarisme de son régime. L’Iran participe maintenant activement au meurtre de civils ukrainiens en envoyant des drones. Nous sommes peut-être sans le savoir dans un nouveau conflit global et une escalade nucléaire est possible.

 

La guerre en Ukraine montre que l’Occident est définitivement engagé dans une longue lutte de type Guerre Froide avec la Russie. La probabilité d’une invasion chinoise de Taïwan au cours des prochaines années peut nous laisser penser que nous serons peut-être un jour en conflit avec la Chine. Dans l’esprit de Poutine et de Xi Jinping, l’ordre international d’après-guerre a été construit par l’Occident pour asseoir sa suprématie et humilier leurs pays.

Dans une économie de guerre, Bitcoin pourrait bien devenir un moyen de transporter de la valeur pour ces pays qui ne veulent pas renforcer l’hégémonie du dollar, et sont prêts à payer le coût de détention d’un BTC volatil. Poutine a bien accepté le suicide économique de son pays. Il serait sans doute prêt à accepter les fluctuations du bitcoin, si ça lui permet d’éviter d’utiliser la monnaie de l’ennemi.

 

Bitcoin pour éviter les sanctions

 

La nouvelle guerre froide ou 3e guerre mondiale dans laquelle nous sommes embarqués risque de perturber de nombreux intermédiaires de confiance. Des Etats tomberont peut-être et des personnes chercheront à transporter leur épargne dans d’autres pays. Bitcoin pourrait permettre à des milliers d’oligarques proches de régimes sanctionnés de sortir des banques occidentales et de conserver leurs actifs avant de se les faire confisquer.

Bitcoin comme alternative financière sans KYC dans un monde multipolaire où les sanctions peuvent tomber à tout moment et détruire la confiance.

 

Sans résistance à la censure, Bitcoin ne sert à rien

 

Bitcoin n’a pas besoin d’avoir la stabilité de l’or pour avoir une utilité et donc une valeur. Sa valeur provient de sa résistance à la censure. C’est pourquoi, cette caractéristique doit être le cheval de bataille de tous les bitcoiners authentiques.

Si aujourd’hui, Bitcoin est l’un des réseaux les plus résilients du monde, il n’en reste pas moins fragile : centralisation du minage, place des exchanges, pénuries de financements pour les développeurs… La résistance à la censure passe également par une certaine couche d’anonymat, comme le démontre l’épisode Tornado Cash.

Il faut être conscient que Bitcoin peut aussi bien servir à lutter contre l’oppression en étant un instrument de liberté, qu’aider les pires dictatures à se maintenir en place en évitant l’asphyxie des sanctions. De nombreux régimes totalitaires sont tombés en raison de la ruine économique (comme l’URSS avec l’effondrement des prix de l’énergie). Paradoxalement, Bitcoin pourrait autant aider des martyrs comme Julian Assange, des réfugiés ukrainiens que des dictateurs.

Ethereum : censure et volatilité

Nul besoin de préciser que si bitcoin n’est pas une monnaie mais conserve une valeur grâce à sa non censurabilité, ETH n’a aucune de ces deux caractéristiques. Le narratif « ultra sound money » qui a accompagné l’EIP-1559 est une fantaisie.

Le caractère déflationniste d’une monnaie n’est absolument pas souhaitable. Concernant le caractère non censurable d’Ethereum, celui-ci est malheureusement de plus en plus remis en cause depuis le passage au proof au stake et à la centralisation du staking.

Bitcoin n’est pas une monnaie, car il ne s’agit pas d’un moyen d’échange généralement accepté dans l’usage quotidien. Il s’agit d’une marchandise résistante à la censure grâce à sa nature permissionless, mais intrinsèquement volatile en raison de son offre inélastique. Cette propriété suffit à lui donner de la valeur. Même si Bitcoin échoue en tant que monnaie, nous avons absolument besoin de cette couche fondamentale d’horodatage résistante à la censure pour lancer de nouveaux protocoles, résistants à l’inflation cette fois-ci.

À lire aussi : la censure frappe Koffi Olomide, qui dénonce des « abus de pouvoir »

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