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CENTRAFRIQUE : L’ÉGOÏSME DE L’OPPOSITION DÉMOCRATIQUE N’OBTURE T-IL PAS LE PROCESSUS DE PAIX ET DE RÉCONCILIATION NATIONALE ?

Bangui, 31 janvier 2022 (Corbeaunews – Centrafrique ) – Le paysage politique centrafricain est constitué de partis et mouvements politiques hétéroclites avec un nombre pléthorique mais seulement une bonne dizaine sont visibles dans l’animation de la vie politique. Il faut noter que certains n’ont d’existence physique que pendant les périodes électorales. Pour répondre aux exigences de l’équilibre du jeu démocratique, la cartographie des partis et mouvements politiques catégorise le groupe de la majorité présidentielle c’est à dire ceux qui soutiennent la politique et les actions du président de la république, le groupe de partis politiques se réclamant de l’opposition démocratique, les modérés ou les centristes sans oublier les extrémistes.
Les quelques responsables des partis politiques d'opposition: de gauche à droite Crépin Mboli-Goumba, Me Nicolas Tiangaye, Cyriaque Gonda , Édouard Koyabounou et Mahamat Kamoun. Copyright CNC du 19 /10/22
Les quelques responsables des partis politiques d’opposition: de gauche à droite Crépin Mboli-Goumba, Me Nicolas Tiangaye, Cyriaque Gonda , Édouard Koyabounou et Mahamat Kamoun. Copyright CNC du 19 /10/22

 

Depuis 2020, nonobstant l’ordonnance de 2005 jugée insuffisante, les activités des partis et mouvements politiques sont désormais encadrées par la loi N*20013 du 11 juin 2020 relative aux partis politiques et au statut de l’opposition qui accorde des droits et devoirs aux partis politiques assortis d’un contrôle de comptabilité pour ceux qui bénéficieront des subventions de l’Etat.

Rappelons que l’opposition démocratique par définition est l’ensemble des partis et mouvements politiques qui n’appartiennent pas à la majorité présidentielle. Elle représente un rouage essentiel de la démocratie. Ainsi, il apparaît urgent de mettre en relief l’importance de l’article 40 qui cristallise l’essentiel de la mission des partis politiques de l’opposition.

En effet, l’alinéa 2 de l’article 40 de la loi relative aux partis politiques dispose : «l’opposition a le droit de suivre l’action gouvernementale et de critiquer le programme, les décisions et actions du gouvernement; développer des programmes propres, proposer des solutions alternatives à la nation et œuvrer pour l’alternance au pouvoir par des voies légales et démocratiques ».

L’esprit de cette loi suppose que pour s’opposer, il faut dénoncer, signaler les insuffisances mais également de faire des propositions. L’on comprend ainsi en filigrane que dénoncer ne veut pas dire que tout est mauvais. Fort des missions définies, le citoyen lambda s’interroge :

L’opposition démocratique centrafricaine se reconnaît-elle dans les missions définies par la loi précitée ?

Dans la négative, qu’est-ce qui les empêcherait de jouer pleinement leur rôle pourtant bien encadré ?

Doit-on toujours incriminé le pouvoir lorsque par égoïsme, l’opposition agit en ordre dispersé ?

Qu’apportent véritablement les partis politiques de l’opposition à la reconstruction de l’édifice national ?

Si l’opposition démocratique jouait pleinement leurs rôles, l’Afrique allait-elle connaître des vagues de coups d’état pour libérer les peuples ?

Alors que le chemin de l’espérance et l’URCA s’opposaient à la reprise des travaux du dialogue politique dans les conditions actuelles, comment comprendre l’appel parallèle d’un autre leader de l’opposition à regagner le comité technique préparatoire du dialogue politique ?

Devant la fuite en avant des partis de l’opposition démocratique, que font la société civile, les syndicats, la ligue des droits de l’homme et les organismes de défense des droits humains ?

Au delà de ce qui précède, il faut reconnaître que le manque d’assise sociale, financière et entrepreneuriale des leaders de l’opposition démocratique les fragilise énormément et par voie de conséquence beaucoup baignent dans la corruption, la mafia. En outre, l’opposition démocratique manque cruellement de véritables leaders charismatiques, éclairés avec une maturité stratégique d’où les phénomènes de trahisons, de transhumances et de ralliements post électoraux. Cette absence de raisonnante de l’opposition démocratique laisse le champ libre aux dérapages du pouvoir…éléments qui justifient sous d’autres cieux les différents coups d’état.

Face à ce constat amer, le toilettage et l’assainissement du paysage politique s’imposent. Aussi, pour éviter la persécution et l’intimidation des opposants, les forces vives de la nation doivent réclamer la désignation d’un médiateur de la république neutre selon les termes de la constitution pour baliser le champ d’action de l’opposition démocratique. Parallèlement à ce qui s’apparente à une excuse pour les partis politiques de l’opposition, ces derniers doivent renverser leurs logiciels car l’ancien est inadapté en acceptant qu’ils sont en parties responsables de la descente aux enfers de ce pays…

c’est la triste vérité mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites surtout pas que c’est moi.

 

Paris le 28 janvier 2022.

Bernard SELEMBY DOUDOU.

Juriste, Administrateur des élections.

Tel : 0666830062.

 

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