Bangui, République centrafricaine, 01 août 2020 ( Corbeaunews-Centrafrique ). L’invasion guerrière et bestiale des groupes armés qui a mis fin à la révolution « orange » en 2013 a plongé la Centrafrique dans l’abîme en remettant en cause par voie de conséquence les fondements de la république. Des violences, exactions et tueries de la population ont atteint un seuil inédit contraignant ainsi le conseil de sécurité de l’ONU sur demande insistante des autorités d’antan à imposer un embargo sur les armes.
En effet, conformément aux dispositions de l’article 41 du chapitre 7 de la charte des Nations Unies signée le 26 juin 1945 à San Francisco, dont la Centrafrique a adhéré depuis le 20 septembre 1960, le conseil de sécurité peut prendre de mesures par voie de résolution sans l’usage des forces armées. Ainsi, « tous les États doivent empêcher la fourniture, la vente, le transfert direct ou indirect d’armements à la Centrafrique à partir de leur territoire ou à travers leur territoire ou par leurs ressortissants ou au moyen de navires battant leur pavillon ou d’aéronefs immatriculés chez eux ». Depuis lors, devant l’incapacité ou l’incompétence du gouvernement de monter un dossier technique crédible répondant aux critères définis dans la résolution qui a imposé l’embargo, le conseil de sécurité de l’ONU ne fait que alterner «renouvellements » et « allègements ».
L’ingratitude et l’hypocrisie du pouvoir de Bangui qui se caractérise par le déni de vérité le poussent à jouer injustement à « l’éternel étonné » face à la résolution 2536/2020 votée à l’unanimité et à main levée le 28 juillet 2020 qui renouvelle l’embargo d’un an assortie d’un troisième et important allègement sur les lances roquettes de calibre 14.5. ainsi que de véhicules blindés.
Devant l’incompréhension de l’opinion publique et du pouvoir qui ne cesse de se déclarer victime , le citoyen lambda s’interroge :
Le pouvoir de Bangui maitrise t-il les critères et le mécanisme de sanctions du conseil de sécurité de l’ONU ? Le pouvoir peut-il éclairer l’opinion nationale sur les critères qui ont motivé le maintien de l’embargo ? En l’absence d’un dossier technique formel du pouvoir réclamant la levée de l’embargo, le pouvoir de Bangui est-il véritablement surpris par le renouvellement de l’embargo ? Existe t-il une commission technique composée d’experts nationaux chargée d’étudier les critères de résolution et d’évaluer les efforts du gouvernement ? Pensez-vous que le maintien de l’embargo relève t-il d’un complot de la communauté internationale ? Le fait que la France soit le porte parole de la résolution fait d’elle le responsable exclusif de la souffrance des centrafricains ? Sachant que le président de la république exclut de combattre militairement les groupes armés, quel serait l’apport de la levée de l’embargo sur le processus de pacification du pays ?
Depuis l’accession du président des pauvres à la magistrature suprême, aucune ligne budgétaire n’a été prévue dans les différentes lois de finances, alors comment le pouvoir pouvait-il acheter les armes pour défendre son intégrité territoriale ? Devrions-nous encore attendre comme d’habitude l’aide de la communauté internationale ?
En outre, les recrutements anarchiques de militaires à Boyrabe et à Damara sans le contrôle de l’état-major des forces armées ne constituent-ils pas un argument au comité de sanctions de l’ONU pour prolonger l’embargo ?
Au delà de différents questionnements, le groupe des quinze (15) experts techniques qui constitue le comité de sanctions de l’ONU doit évaluer trois leviers capitaux : d’abord de voir si la situation de conflit s’est améliorée avec des avancées significatives, ensuite d’apprécier si les critères énoncés dans la résolution primitive sont atteints et enfin si le processus de paix a atteint les résultats escomptés. Pour finir, il apparaît malheureusement de façon accablante dans les termes de la résolution n*2536/2020 prolongeant l’embargo que le Niger s’est offusqué sur le comportement du gouvernement centrafricain qui n’a pas présenté officiellement un dossier technique réclamant la levée de l’embargo, ce qui montre à suffisance que les trois (3) allègements obtenus ont été plaidés par des États partenaires alors que le Rwanda, l’Angola et la Sierra Leone ont réussi à lever l’embargo…Comment ont-ils procédé ?
Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites pas que c’est moi.
Paris le 31 juillet 2020.