Crise libyenne : Les mercenaires russes subissent de lourdes pertes | El Watan
Bangui ( République centrafricaine ) – L’enlisement de l’offensive de Khalifa Haftar sur Tripoli pousse, selon le site Africa Intelligence, son allié russe à muscler son soutien logistique et militaire.
Dans son offensive contre Tripoli, le maréchal Khalifa Haftar, commandant en chef de l’autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL), ne se fait pas aider uniquement par des mercenaires soudanais.
Il se fait également épauler par des éléments de la société militaire privée russe ChVK Wagner, dirigée par l’homme d’affaires Evgueni Prigojine, présenté comme proche du Kremlin. Meduza, un site web d’enquête indépendant russe, repris par le média Afrique Panorama, a soutenu jeudi que 35 d’entre eux auraient été tués le mois dernier lors d’une attaque aérienne les visant.
Le site web, qui a son siège à l’extérieur de la Russie et qui fait actuellement l’objet d’une enquête par une commission parlementaire russe pour violation des lois russes sur la censure, a cité des sources au sein du groupe Wagner et des anciens combattants russes affirmant que les morts venaient principalement des régions de Krasnodar, Sverdlovsk et Murmansk, en Russie.
Ces mercenaires opèrent-ils dans le théâtre libyen avec le consentement de Moscou ? Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, a déclaré à la presse russe qu’elle n’avait «aucune information détaillée» et a suggéré de poser des questions au ministère russe de la Défense.
La porte-parole a ensuite rejeté toute idée que les mercenaires soient liés au Kremlin, affirmant qu’il n’y a pas grand-chose que la Russie puisse légalement faire pour empêcher «les citoyens russes privés d’agir comme gardes du corps à l’étranger». «Si les citoyens russes ont des ennuis, nos missions diplomatiques peuvent leur venir en aide», s’est-elle contentée de dire.
Publiquement, la Russie se garde effectivement de prendre partie dans les combats qui font rage en Libye, et privilégie la prudence pour préserver ses intérêts. En coulisses, elle a cependant choisi son camp et mise, selon des experts, sur le maréchal Khalifa Haftar, qui s’est rendu plusieurs fois à Moscou.
Ce soutien est apparu encore plus clair en avril dernier quand la Russie avait bloqué l’adoption d’une déclaration du Conseil de sécurité de l’ONU qui aurait appelé les forces du maréchal libyen Khalifa Haftar à arrêter leur avancée vers Tripoli.
Cela fait six mois que le maréchal Khalifa Haftar a lancé une offensive sur la capitale Tripoli pour renverser le gouvernement d’union nationale (GNA) reconnu par l’ONU. Khalifa Haftar et son armée se sont enlisés au sud de la capitale. Depuis plusieurs semaines, les deux camps procèdent systématiquement aux pilonnages des positions rivales, à l’aide de drones turcs ou émiratis. Mais cela ne change pas la donne.
L’enlisement de l’offensive de Khalifa Haftar sur Tripoli a poussé justement, selon le site Africa Intelligence, son allié russe à muscler son soutien logistique et militaire. Si, soutient-on, la base aérienne de Wattiya n’est nullement passée sous le contrôle de forces russes, contrairement à ce qu’ont avancé plusieurs sources, il reste que Moscou veille à ce que Khalifa Haftar ne manque de rien.
Cette guerre a déjà fait plus de 1000 morts et 2000 blessés. Elle a forcé 120 000 personnes à fuir et a coûté des milliards à la Libye. La communauté internationale, qui a toujours appelé à une solution politique à la crise libyenne, est restée très divisée.
Certains pays se sont directement impliqués à côté de l’un ou l’autre des belligérants, échouant ainsi à faire adopter une résolution au Conseil de sécurité des Nations unies.
Cet été, Ghassan Salamé, l’envoyé spécial de l’ONU, a proposé un plan de sortie de crise en trois étapes. Ce plan repose sur un cessez-le-feu, l’organisation d’une conférence internationale qui normalement aura lieu à Berlin, puis d’une conférence inter-libyenne qui conduira à un gouvernement d’union nationale. Pour le moment, personne sur le terrain ne semble vouloir faire taire les armes.
L’Union africaine (UA) a réitéré vendredi dans un communiqué sa profonde préoccupation quant à la gravité de la situation actuelle. Le communiqué a été publié par le Conseil de paix et de sécurité du bloc panafricain de 55 membres, au terme de la récente réunion du Conseil consacrée à la situation sécuritaire actuelle en Libye.
Le Conseil a également fait savoir qu’il était convaincu de la nécessité d’une implication effective et urgente de l’UA dans la recherche d’une solution politique durable à la crise en Libye.
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