Centrafrique : une réunion à l’assemblée nationale de l’ONU hier mardi sur la RCA.
Bangui, le 20 septembre 2017.
Par : CNC avec relief.
Le 19 Septembre 2017, une réunion ministérielle de haut niveau sur la République centrafricaine a eu lieu en marge de la 72 session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies, coprésidée par le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, m. Antonio Guterres , le Président de la République centrafricaine, m. Faustin- Archange Touadéra, et le Président de la Commission de l’Union africaine, m. Moussa Faki Mahamat. La réunion a été organisée en partenariat avec la Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEEAC), l’Union européenne et la Banque mondiale. Les membres du groupe de soutien international (l’ancien groupe de contact international) ainsi que d’autres partenaires clés ont également participé à la réunion.
Le Président Touadéra a présenté la stratégie du gouvernement centrafricain pour le rétablissement de l’autorité de l’État depuis le retour du pays à l’ordre constitutionnel et la création d’institutions nationales, et a exprimé sa volonté de poursuivre la consolidation de la paix et la réconciliation nationale par le dialogue. Il a également renouvelé son engagement à entreprendre des réformes institutionnelles et politiques visant à accroître l’efficacité du gouvernement et des services publics par la gestion transparente des ressources limitées de l’État et en assurant des changements entre les politiques et les fonctionnaires administratifs, en tenant compte de la nécessité d’assurer une meilleure représentation des minorités et des femmes, comme en témoigne la composition du nouveau gouvernement. Ces réformes contribueront aux efforts de consolidation de la paix, ainsi qu’à la réconciliation nationale, et renforceront les efforts déployés pour mettre en œuvre le plan national de relance et de consolidation de la paix en République centrafricaine (RCPCA) et le cadre de la coopération mutuelle Responsabilité (CEM-RCA), qui ont tous deux été signés lors de la Conférence des donateurs sur la République centrafricaine, qui s’est tenue le 17 novembre 2016 à Bruxelles.
Les participants se sont félicités des progrès réalisés dans plusieurs domaines, tels que le dialogue avec les groupes armés; le lancement du projet pilote de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement (DDRR); l’adoption d’une stratégie nationale pour le rétablissement de l’autorité étatique; l’adoption d’une politique nationale de sécurité et d’une stratégie nationale pour la réforme du secteur de la sécurité (SSR); l’adoption et la promulgation d’un code de justice militaire; la validation d’un plan de réforme pour les forces de sécurité intérieures (ISF); le recrutement de 500 policiers et officiers de Gendarmerie; les efforts de relance économique; l’opérationnalisation progressive de la Cour pénale spéciale; la nomination du Comité directeur pour la mise en œuvre de la Commission vérité et réconciliation; ainsi que les efforts de promotion et de protection des droits de l’homme, en particulier des femmes et des enfants.
Les participants se sont également félicités de l’inclusion, au sein du gouvernement, d’un plus grand nombre de représentants des partis politiques, de personnes proches des groupes armés qui ont accepté d’adhérer au processus de paix et de représentants de la société civile. Malgré ces progrès, un certain nombre de défis subsistent en matière de sécurité, d’assistance humanitaire, de justice, de réconciliation et de développement socio-économique. L’engagement total du gouvernement et de tous les acteurs nationaux, ainsi que les partenaires internationaux, est nécessaire pour empêcher le pays de revenir à une situation de crise similaire à celle de 2013. Ce faisant, les participants se sont également félicités de l’engagement du Président Touadéra de mettre en œuvre, avant la fin du premier trimestre de 2018, les actions prioritaires dans le RCPCA afin de renforcer la sécurité pendant la période de transhumance et d’étendre progressivement L’autorité étatique et la prestation des services sociaux de base. Les participants ont également félicité les efforts du Président Touadéra pour faire face aux retards dans la mise en œuvre des initiatives clés.
Les participants ont fermement condamné la violence contre les civils et les acteurs humanitaires depuis le début du mois de mai 2017 dans le sud-est de la République centrafricaine et, plus récemment, dans le Nord-Ouest, ce qui a entraîné une grave détérioration de la situations humanitaires et de sécurité. Ils se sont dits profondément préoccupés par la gravité de la situation humanitaire ainsi que par le risque d’une escalade du conflit.
Les participants ont rappelé que la responsabilité de répondre à ces situations d’urgence incombait principalement au gouvernement centrafricain. Ils ont invité les partenaires de la République centrafricaine à accorder une attention particulière à cette situation à l’appui des efforts déployés par le gouvernement et ont exprimé leur inquiétude au sujet du sous-financement du plan d’intervention humanitaire révisé, qui continue de entraver sa mise en œuvre. Ils ont également souligné l’importance de renforcer les capacités de la mission, y compris le personnel militaire de la mission de stabilisation intégrée multidimensionnelle des Nations Unies en République centrafricaine (MINUSCA), afin de permettre à la mission de remplir son mandat, notamment en ce qui concerne la protection des civils. Les participants ont remercié tous les pays fournissant des contingents et des policiers pour leur soutien au processus de paix et de stabilisation en République centrafricaine. Les participants ont rendu hommage au personnel de MINUSCA qui a sacrifié leur vie au service de la paix.
Convaincus que la présence continue de groupes armés représente l’obstacle le plus immédiat à la stabilité et à la reprise du pays, les participants condamnent énergiquement la violence intercommunale, souvent en ciblant des civils basés sur leur appartenance ethnique ou religieuse affiliation, et a salué à cet égard l’appel à une cessation des hostilités lancée par le panel de facilitation de l’initiative africaine. Ils ont condamné les attaques incessantes contre les MINUSCA de la paix et récemment contre les travailleurs humanitaires et les chefs religieux. Les participants ont appelé de toute urgence le gouvernement à condamner publiquement ces attaques et à identifier et traduire en justice les auteurs et instigateurs de ces attentats. Les participants ont également exigé que toutes les parties cessent immédiatement les hostilités et respectent les principes humanitaires pour permettre la livraison continue de l’aide humanitaire.
Les participants ont appuyé fermement le Président Touadéra’s vision ainsi que ses priorités immédiates pour s’attaquer aux causes profondes du conflit et favoriser le développement à long terme du pays. Ils ont noté les efforts importants du gouvernement qui a permis la fermeture de tous les sites pour les personnes déplacées à Bangui et dans un certain nombre de villes de l’arrière-pays. Ils ont encouragé les autorités centrafricaines à poursuivre leurs efforts en vue d’une approche inclusive associant toutes les parties de la société centrafricaine à la reconstruction de la République centrafricaine, afin de renforcer la cohésion sociale et le retour des les personnes déplacées à l’intérieur du pays et les réfugiés.
Les participants ont également renouvelé leur appui ferme à l’initiative africaine, sous la direction du Président Touadéra et cofinancés par l’Union africaine, la CEEAC et la Conférence internationale sur la région des grands lacs (CIRGL) avec le soutien de l’Angola, Tchad, Congo et Gabon, et a réitéré la volonté des partenaires du processus de paix, en particulier les Nations Unies, de travailler en étroite collaboration avec l’initiative africaine à la recherche d’un accord durable sur la paix et la réconciliation. Tout en rendant hommage à m. OCHA Lebatt, les participants se sont félicités de la nomination de son successeur Bédializoun Moussa Nébié en tant que représentant spécial de l’Union africaine auprès de la République centrafricaine et du succès de la première réunion du groupe de Animateurs, sous les auspices de l’Union africaine, de l’initiative africaine à Bangui les 11 et 12 septembre 2017. Ils ont recommandé une coopération étroite et efficace entre l’Union africaine, les Nations Unies, la CEEAC, l’Union européenne, la communauté de Sant’Egidio et tous les partenaires régionaux et internationaux. Ils ont encouragé les autorités centrafricaines à prendre des mesures politiques urgentes, dans le cadre des initiatives de dialogue et de médiation en cours, notamment par la mise en œuvre effective de la cessation des hostilités, comme convenu par des représentants des autorités centrafricaines et des quatorze groupes armés à Rome le 19 juin 2017 sous les auspices de la communauté de Sant’Egidio.
Les participants ont souligné que ces efforts devraient aller de pair avec la mise en œuvre de réformes concrètes au sein des secteurs de la sécurité, de la défense, de la justice et de la réconciliation nationale, avec l’appui de l’ensemble de la communauté internationale.
Les participants ont réaffirmé que la feuille de route adoptée par la Conférence ministérielle qui s’est tenue à Libreville le 17 juillet 2017 constitue le cadre principal d’une solution politique en République centrafricaine. Ils se sont félicités de la décision du groupe de facilitateurs d’assurer la cohérence, dans le cadre d’un partenariat stratégique et opérationnel avec l’Organisation des Nations Unies, en regroupant toutes les procédures et initiatives en cours, y compris les efforts du Parlement et de la société civile , et d’inviter tous leurs sponsors à se mobiliser autour de l’initiative africaine, qui est maintenant commune à tous. Les participants ont également souligné la responsabilité des pays voisins de la République centrafricaine de contribuer à la résolution de la crise. Les participants ont également pris note de la décision du groupe de facilitateurs et de l’appel urgent du Président Touadéra sur la nécessité et l’importance d’inclure dans les panels des représentants des pays voisins de la République centrafricaine qui accueillent un certain nombre de Réfugiés d’Afrique centrale.
Les participants ont demandé à la communauté internationale et aux donateurs de maintenir un soutien financier adéquat pour la mise en œuvre du RCPCA et de mieux coordonner leurs activités. Les participants ont encouragé les autorités centrafricaines à renforcer la coordination des contributions des partenaires à la mise en œuvre du RCPCA. Les participants ont félicité l’importante contribution de l’Union africaine et de l’Organisation des Nations Unies aux efforts de stabilisation, notamment par l’intermédiaire de l’MINUSCA, et de celles d’autres partenaires stratégiques de la République centrafricaine, y compris la CEEAC, la Commission européenne L’Union et la Banque mondiale.
Afin de donner suite aux engagements pris par les principaux acteurs au cours de cette réunion, il a été convenu que le groupe de soutien international se réunirait à nouveau dans six mois.