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CENTRAFRIQUE : COUP DE RETROVISEUR SUR L’ATTAQUE DE BANGASSOU DU 13 AU 15 MAI DERNIER

CENTRAFRIQUE : COUP DE RETROVISEUR SUR L’ATTAQUE DE BANGASSOU DU 13 AU 15 MAI DERNIER

 

 

 Les victimes du conflit armé . Crédits : Éric Ngaba. CopyrightCNC
Les victimes du conflit armé . Crédits : Éric Ngaba. CopyrightCNC

 

Bangui, 15 juin 2017

Par : Bienvenu ANDALA CNC,

Du 13 au 15 mai 2017, la ville de Bangassou avait été assiégée par des groupes armés se disant des groupes d’autodéfense. Il y a eu des morts et de nombreux déplacés internes. Du coup, les situations sécuritaire et surtout humanitaire ont été sérieusement affectées. Ceci a nécessité le déplacement de Virginie Baïkoua, ministre des affaires sociales et de la réconciliation nationale dans la localité le 23 mai 2017. Qu’est-ce qu’elle a vu et écouté sur place ? Cet extrait du rapport de mission nous donne des précisions sur la réalité de ce qui s’était passé.

Les caches face de Marylin Ngun-Fu-Hoo, Chef de bureau de la Minusca de Bangassou

Selon elle des alertes sur une imminente attaque de Bangassou leur parvenaient depuis le mois de mars 2017. Finalement c’est dans la nuit du 12 au 13 mai 2017 que l’attaque a effectivement eu lieu en deux endroits précis : la base de la Minusca qui a essuyé des tirs nourris des assaillants faisant 1 mort parmi les soldats du contingent marocain de la Minusca basé à Bangassou. Le 2ème endroit ciblé est le quartier Tokoyo où selon la Croix rouge locale il y aurait eu 111 tués et 76 blessés. Elle s’est toutefois réservée de confirmer fermement ces chiffres car, a-t-elle dit, des recherches étaient en cours pour établir des statistiques fiables. Par contre elle s’est appesantie sur la situation humanitaire qui s’est beaucoup dégradée car il y aurait plus de 3 800 déplacés sur le site de l’évêché de Bangassou.

L’honteuse défense d’Omer-Hervé FEYOMONA, préfet du Mbomou

Il a confirmé la réception des alertes qui ont nécessité une tournée de sensibilisation qu’il effectué en compagnie de ses proches collaborateurs dans toutes les sous-préfectures du Mbomou. Au cours de ces déplacements il a tenu des réunions avec les autorités administratives et municipales de sa zone de juridiction, voire même avec certains responsables des groupes armés pour les dissuader de s’attaquer à la quiétude et la cohésion sociale qui règnent dans le Mbomou et particulièrement à Bangassou. Puis le préfet du Mbomou a ajouté que suite aux alertes reçues et ses tournées il fait remonter les informations à son hiérarchie à Bangui tout en recommandant l’envoie des forces de défense en complément des quelques gendarmes et policiers qui sont sur place sans véritables moyens d’intervention si nécessaire. Il aurait également demandé le renforcement en nombre des éléments de la Minusca. Malheureusement, rien n’a été fait et devant l’attaque de Bangassou, il était quasiment impossible d’opposer une résistance efficace. Il a toutefois déploré l’inefficacité de la Minusca à protéger les populations civiles lors de l’attaque de Bangassou, soulignant en passant que la situation est grave car la menace reste permanente.

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Il convient de noter qu’après le préfet, le sous-préfet de Bangassou, le maire de la ville, le commandant de compagnie de la gendarmerie ont respectivement pris la parole pour se plaindre du fait que le gouvernement ne fait pas assez pour leur région et la conséquence est la situation dans laquelle les populations de Bangassou se trouvent. Leur commun souhait est que le gouvernement dépêche sur place des éléments des FACA car les populations n’ont plus confiance en la force de la Minusca et particulièrement le contingent marocain.

Mgr Juan-José Aguiré, évêque de Bangassou pointe du doigt le Tchad dans l’attaque de Bangassou

Il a résumé la situation de Bangassou en 6 points.

  • les raisons de l’attaque qui sont liées aux multiples exactions des éléments séléka de l’UPC d’Ali Daras qui ont mécontenté les jeunes de Bakouma et environs qui se sont organisés en groupe d’autodéfense pour la protection de leurs parents et de leurs biens. Toutefois il a précisé que la majorité des jeunes constitués en groupe d’autodéfense serait composée d’anti balaka qui proviendraient de Bambari, Bria et zako ;
  • L’inexistence des responsables devant instaurer l’autorité de l’Etat à Bangassou qui a permis à des bandes de bandits de prendre possession de Bangassou et ses environs ;
  • L’inefficacité de la Minusca à défendre réellement les populations civiles ce qui ne leur donne pas la possibilité de se fier aux forces de la Minusca ;
  • L’occupation entière des zones de chasse et de pêche, principale activité génératrice de revenus pour les populations qui se voient maltraitées par les agents du projet Chinco au point de les réduire à rien d’où l’énervement des jeunes ;
  • L’impatience des populations devant le refus du gouvernement à envoyer les éléments des FACA capables de les défendre comme il se doit.

Pour finir, il a formellement ponté du doigt le Tchad qui tente de déstabiliser la Centrafrique par son soutien à Noureddine Adam et le FPRC dont les éléments sont des mercenaires tchadiens avant d’émettre le le vœu que le contingent marocain de la Minusca soit retiré et remplacé car il ne bénéficie plus de la confiance des populations pour son efficacité totale à pouvoir les protéger.

Gatien-Nazaire GBAGO, porte-parole des autodéfenses se veut garant de la sécurité à Bangassou

Tout comme le prélat, il est longuement revenu sur les raisons qui les ont poussés à prendre des armes pour se défendre. Il a précisé entre autres, les exactions des éléments de la séléka qui les ont réduits à la servitude en les rançonnant sous toutes les formes tout en abusant de leurs épouses et sœurs dont ils ont tué certaines.

Il a par ailleurs dénoncé l’attitude du préfet du Mbomou visant à prendre part des envahisseurs que sont les éléments de la séléka, les espionnant sous forme de réunion qu’il tient pour rendre compte de leurs activités et surtout trahir leur plan de bataille tout juste parce qu’il est soudoyé par le responsable local des séléka. Il a émis le vœu que le gouvernement envoie des éléments des FACA pour protéger la population, condition à laquelle ils sont prêts à déposer les armes.

Les farouches frustrations d’Ali Idris, représentant des musulmans

Il a déploré l’éclatement de la cohésion sociale et du vivre ensemble qui régnaient pourtant entre musulmans et chrétiens de Bangassou. Il a ajouté que l’attaque du quartier Tokoyo est un vaste complot ourdi pour anéantir la communauté musulmane de Bangassou qui a tout perdu dans l’attaque : maisons, biens divers, magasins et marchandises, ce qui les a réduits vraiment à néant après tant d’années de peine et de souffrance. En conclusion il a déclaré que devant une telle catastrophe, l’unique souhait de la communauté musulmane de Bangassou est d’aller s’exiler au Congo-Démocratique

Voilà chers internautes la triste réalité de l’attaque de la ville de Bangassou du 13 au 15 mai dernier qui a laissé beaucoup de stigmates. La communauté musulmane est la principale victime car ayant perdu des vies humaines, des maisons et des biens. Les populations dans son entièreté ont bouleversées car vivant sur des sites que leur a affectés l’évêché de Bangassou. Les conditions sécuritaires et humanitaires nécessitent une intervention d’urgence tant du gouvernement que des ONG humanitaires.

Copyright@2017CNC

 

 

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