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Centrafrique : « la vie humaine ne semble plus avoir de prix »

Depuis plus d’un an, la Centrafrique est plongée dans un climat de tensions, où de violentes attaques intercommunautaires sévissent sans trêve. Deux camps s’affrontent sans répit : les milices majoritairement chrétiennes anti-balaka et l’ex rébellion Séléka, à majorité musulmane.

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Le pays peine à voir la fin de ces multiples conflits qui entremêlent tensions religieuses, géographiques et politiques. Alors que 15 soldats français viennent d’être blessés par des éclats de grenade, le ministre de la Défense français, Jean-Yves Le Drian, se rend une nouvelle fois ce lundi à Bangui.

Dans ce climat inquiétant, les évêques centrafricains ont lancé un appel le 2 juillet dernier afin d’attirer l’attention sur la situation préoccupante dans laquelle se trouve le pays : « la loi appartient aux détenteurs illégaux d’armes et aux groupes armés, en l’occurrence les ex-Séléka, les anti-balaka, des groupes d’autodéfense, des archers (peuls) de la commune d’élevage d’Ourou Djafoun de Bambari (centre du pays), des Mbararas (nomades tchadiens) et l’armée de résistance du seigneur LRA (guérilla ougandaise) ».

Il y a quelques jours, au moins 11 civils ont été tués dans le nord-ouest et le centre du pays lors d’attaques attribuées aux ex-Séléka. Si les violences ne cessent pas, la responsabilité est toujours démentie par un camp comme par l’autre. Les évêques ne cachent pas leur inquiétude et comparent le pays à « une grande prison à ciel ouvert » dans laquelle « les groupes armés écument la campagne en semant le mort ». « Les tueries de masse ont certes diminué à Bangui, mais la république centrafricaine est loin de retrouver sa quiétude d’antan. L’insécurité a encore droit de cité », poursuivent les évêques centrafricains.

La population se plaint de l’inaction des autorités. Les soldats congolais et camerounais de la force africaine présents lors de la dernière attaque en date dans le village de Batangafo et qui avait tué trois personnes, ne sont pas intervenus, ont signalé les habitants à JeuneAfrique. Les autorités « ne protègent pas les populations et laissent faire les ex-Séléka. Nous sommes totalement abandonnés. Que les autorités de Bangui, les forces internationales, réagissent rapidement pour freiner ces exactions », a déclaré un habitant du village à cette même source.

« Tuer, incendier des maisons, voire des villages entiers, traquer des gens en brousse deviennent désormais des actes anodins et sans poursuite judiciaire. La vie humaine ne semble plus avoir de prix », déplorent les évêques de Centrafrique. En mentionnant le « récent massacre perpétré contre les déplacés du site de la paroisse Notre de Fatima à Bangui », qui avait fait 17 morts donc l’abbé Paul-Emile Nzalé le 28 mai dernier, les évêques centrafricains ne manquent pas de rappeler également les « crimes odieux contre les pasteurs de l’association des églises évangéliques en Centrafrique ».

Mathilde Dehestru

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