Centrafrique : Le gouvernement et l’ONM se rejettent la responsabilité de mauvaise qualité de route Baoro-Berberati
Bangui, le 20 novembre 2017.
Par : Fred Krock, CNC.
Le sentiment d’un travail bâclé et négligé a été perceptible à tous les niveaux sur les travaux menés par la société ONM sur le tronçon Baoro-Berberati, afin de faciliter le voyage des invités à la JMA-2017. Déjà à la dernière réunion du Comité d’organisation de la JMA regroupant tous les Ministres impliqués et les autorités locales, le Ministre des Fiances et du Budget Henri Marie Dondra a parlé des travaux « catastrophiques ». In situ, le Député de Berberati 1, Andiba Daguerre enfonce le clou en déclarant que la délégation venue de Bangui allait être séquestrée à Berberati jusqu’à ce que solution soit trouvée au problème de ce tronçon de route « mal fait » par l’ONM. La tension est bien vive ! Il aura fallu l’intervention du Maire de Berberati pour mettre de l’eau dans le vin en demandant, comme alternative, que l’ONM puisse rester à Berberati après la JMA pour parfaire son travail.
Dans son discours, le Président de la République, Faustin Archange Touadera est revenu sur la question, comme pour apaiser les cœurs sur ces travaux. « Si nous avons reporté cette édition 2017 de la JMA du 16 octobre au 15 novembre, c’est parce que le gouvernement voulait effectivement que Berberati soit désenclavée. Les travaux n’ont pas pu se poursuivre jusqu’au bout avec la qualité souhaitée », a relevé le Chef de l’Etat avant d’annoncer sous une pluie d’ovations que « le gouvernement a pris des mesures pour que cette réfection de route se poursuive, même après la JMA ». Toutefois, l’opprobre a été ainsi jeté sur la Direction générale l’ONM.
Et a DG de l’ONM de décliner sa part de responsabilité. « Malgré tout ce que les gens disent, je suis plutôt comblé pour dire qu’aujourd’hui, les gens peuvent passer par l’Axe Carnot pour arriver à Berberati », ainsi concluait avec sérénité, le Directeur général de l’ONM, Mathias Malo. En effet, le recoupement de l’information auprès du DG de l’ONM a permis de relativiser les choses, puisqu’en 2010, le même ONM avait réalisé avec brio et à la satisfaction de tous, les travaux de reconstruction de la route Sibut – Obo pour la JMA à l’époque. Au fait, entre avril et mai 2017, une étude a été faite sur les travaux à réaliser entre Baoro et Berberati, mais selon le DG, en bon ingénieur, il était quasiment impossible d’évaluer le terrain. Surtout que la route était « trop dégradée » depuis une vingtaine d’années. Alors que l’on est dans l’urgence et la situation exige une certaine mesure d’où la décision de laisser l’Axe Carnot-Baoro jugé « carrossable » pour concentre les énergies sur le tronçon Carnot-Berberati, ainsi que les différents artères de Berberati.
En plus, le délai d’exécution des travaux a été trop court, à savoir quatre mois, alors qu’en 2010, l’ONM disposait d’un an de travaux. Pour cela, il fallait bien solliciter d’autres entreprises dont ‘’La Semence’’, le GER, SMBA qui ont tous décliné l’offre vu la dégradation avancée des routes. Il ne restait que le CPC de Jean Félix Ouafio qui a finalement accepté de réfectionner uniquement Carnot-Nandobo. En outre, il y a le problème de l’abondance de pluie en cette période où il pleuvait régulièrement et parfois quatre à cinq fois par jour, cette difficulté a été reconnue par les autorités locales de Berberati. « Nous nous sommes dit que l’essentiel est de faire en sorte que les gens passent par Carnot pour arriver à Berberati pour la JMA, et après on pourrait refaire les travaux, puisqu’il y a le travail de rechargement qui est resté entier », a noté Mathias Malo.
Ce n’est peut-être que le bout de l’iceberg, puisqu’il faut parler également argent. Le Ministre des Finances, Henri Marie Dondra lors de la dernière réunion préparatoire de la JMA tenue à la veille des festivités, a confirmé que l’ONM a déjà reçu les fonds nécessaires et qu’il n’a pas fait les travaux correctement. Là encore, le DG de l’ONM fait le point suivant : « Lorsqu’on annonce les fonds, tout de suite, les gens pensent qu’on les a en possession. C’est du mensonge ! », s’indigne-t-il. Et d’expliquer que le budget total arrêté pour ces travaux s’élève à un milliard sept cent millions de Francs Cfa (1. 700 000 000 F.CFA), alors qu’une première évaluation tablait sur quatre milliards de Francs Cfa. Les 1,7 milliard sont repartis entre le Fonds d’entretien routier (FER) et le budget de l’Etat, à raison de 600 millions pour le premier, et 1,1 milliard pour le second. « A la date d’aujourd’hui [15 octobre 2017], nous avons reçu du gouvernement que 330 millions, et du côté du FER 120 millions », précise le DG de l’ONM. De quoi comprendre que les accusations portées contre l’ONM ne se justifiaient pas totalement.