Yalinga : désertion en masse des soldats FACA
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Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Ce vendredi 28 février, les éléments de Forces Armées Centrafricaines (FACA) basées à Yalinga, dans la préfecture de la Haute-Kotto, ont tous abandonné leur poste pour rejoindre Bria. La raison ? Quatre à six mois d’arriérés de primes globales d’alimentation (PGA), une misère insupportable imposée par une hiérarchie sourde et un gouvernement déconnecté. Cet acte désespéré prouve une fois de plus un dysfonctionnement profond, une négligence coupable de la part du président Touadera, du Premier ministre Moloua et de l’état-major, qui laissent leurs soldats – et le peuple – dans une détresse.

Yalinga sans défense : Les soldats n’en peuvent plus
À Yalinga, petite ville isolée de la Haute-Kotto, très éloignée dans la brousse, les soldats FACA ont pris une décision radicale vendredi matin : quitter leur poste. Selon des sources fiables, ils ont rassemblé à des mois d’attente interminable pour leurs primes globales d’alimentation (PGA), indispensables pour leur survie sur le terrain. Ces hommes, déployés pour protéger la population de Yalinga, se sont retrouvés sans ressources dans une région où les moyens de subsistance sont rares. « On n’a plus rien pour tenir », aurait confié l’un d’eux avant de partir pour Bria, selon un habitant joint au téléphone par la rédaction du CNC. Leur départ vers Bria, capitale provinciale de la Haute-Kotto, laisse Yalinga au risque, exposée aux menaces, sans défenseurs.
Ce drame n’est pas un simple incident. Il dévoile une réalité insupportable : ceux qui portent l’uniforme pour sécuriser le pays sont abandonnés à leur sort. À Yalinga, où le trafic routier est quasi inexistant, les soldats ne peuvent même pas compter sur des racket sur les barrières pour se nourrir. Leur départ, bien qu’inacceptable pour la discipline militaire, est un cri de désespoir face à une situation devenue intenable.
Les primes globales d’alimentation, un scandale qui dure
Le retard des PGA n’est pas un problème exclusivement réservé aux soldats FACA de Yalinga. Dans tout le pays, les soldats accumulent des arriérés: quatre mois par-ci, six mois par-là, jusqu’à 12, 18, voire 24 mois dans certaines zones comme Nana-Mambéré, Kouango, Ndim ou Paoua. Ces primes, censées garantir leur alimentation dans des régions où tout manque, sont leur seul filet de sécurité. Sans elles, ils sont livrés à la faim, à l’humiliation, à l’impuissance.
Dans l’ouest et le nord-ouest, certains compensent en imposant des taxes illégales aux voyageurs sur les routes. Mais à l’est, dans des secteurs comme Yalinga ou Ouanda-Djallé, voir Boromata ou Birao, cette option n’existe pas. Les routes sont désertes, les ressources inexistantes. « Comment voulez-vous qu’ils vivent ? » s’interroge un ancien officier joint par notre rédaction. « Ils sont envoyés dans des zones mortes, sans soutien, sans rien ». Les PGA, vitales pour leur mission, sont devenues un mirage, un symbole d’abandon.
Touadera et le gouvernement : Une indifférence criminelle
Au sommet, le président Faustin-Archange Touadera reste silencieux. Lui, qui promettait un renouveau pour la Centrafrique, semble détaché de la souffrance de ses troupes. À Bangui, lui et son entourage mènent une vie confortable, loin des réalités du terrain. Les soldats, eux, attendent des mois pour toucher ce qui leur est dû, pendant que les discours officiels vantent une prétendue montée en puissance des FACA et une certaine stabilité. Cette déconnexion est insupportable. Où sont les mesures concrètes pour soutenir les FACA ? Où est l’urgence face à ce chaos ?
Le Premier ministre Félix Moloua, quant à lui, brille par son inaction. Son gouvernement, informé de ces retards depuis longtemps, n’a rien fait pour y remédier. Les fonds existent, les budgets sont votés, mais l’argent ne parvient jamais aux soldats. Pourquoi ? Où disparaît-il ? Dans des voyages présidentiels bidons ? Cette question hante les casernes et alimente une colère légitime. La hiérarchie militaire, elle aussi, porte une lourde responsabilité : incapable de défendre ses hommes, elle se contente de promesses creuses, relayées à la radio nationale, qui ne trompent plus personne.
La confiance en miettes
À Yalinga, ce départ en masse montre une vérité claire: les soldats n’y croient plus. Pourquoi risquer sa vie pour des chefs qui te laissent crever ? Ailleurs, ça gronde aussi : à Ndim, Kouango, ils ont tiré en l’air pour crier leur colère ; à Paoua, Ouanda-Djallé ou Sam-Ouandja, ils tiennent encore, mais à bout de souffle. Partout, le même tableau : des officiers bien nourris à Bangui, des soldats affamés dans la brousse.
Cet échec rappelle les pires heures des régimes passés, où l’indifférence des puissants a poussé les soldats à bout. Aujourd’hui, le fossé est béant : d’un côté, des officiers supérieurs bien nourris, roulant dans des véhicules de luxe ; de l’autre, des troupes affamées, oubliées dans des postes perdus. Cette injustice alimente un ressentiment dangereux, un sentiment d’abandon qui pourrait tout faire basculer.
Un sursaut ou la chute
L’état-major, désormais alerté, doit agir, et vite. Payer les arriérés des PGA n’est pas une option, c’est une obligation. Il faut des mesures immédiates pour ramener les soldats à leur poste, leur redonner les moyens de vivre et de travailler. Mais au-delà, c’est tout un système qu’il faut revoir. Touadera, Moloua et leurs équipes ne peuvent plus se cacher derrière des excuses. La désertion de Yalinga est un avertissement : si rien ne change, d’autres suivront, et la sécurité du pays s’effondrera.
La population de Yalinga, laissée sans protection, paie déjà le prix de cette négligence. Combien de temps encore le peuple et ses soldats devront-ils supporter cette indifférence ? Le président, le gouvernement et l’état-major portent la responsabilité de ce fiasco. Ils doivent rendre des comptes, agir maintenant, ou assumer les conséquences d’un désastre qu’ils ont eux-mêmes créé.
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