Un Plaidoyer pour les Droits de l’Enfant : Éducation et Santé en RCA
Bangui, 20 novembre 2023 (CNC) – L’accès à des soins de santé de qualité et à une éducation de qualité sont des droits fondamentaux de tout enfant, comme le stipulent les articles 24 et 28 de la Convention internationale des droits de l’enfant. Cependant, en RCA, de nombreux enfants sont privés de ces droits essentiels. Dans ce document, nous plaidons en faveur d’une politique plus solide pour garantir ces droits à tous les enfants de la RCA.
- Note sur la terminologie :
Le terme enfant selon la Convention relative aux droits de l’enfant désigne une personne de moins de 18 ans.[1] Les droits de l’enfant sont les droits fondamentaux reconnus par la communauté internationale aux personnes mineures (généralement âgées de moins de 18 ans) afin de préserver leur santé physique et morale, de garantir leur dignité et de promouvoir leur éducation.[2]
C’est dans ce sens que le 20 novembre est célébrée la journée internationale des Droits de l’Enfant, qui marque l’anniversaire de la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) par l’Assemblée générales des Nations Unies en 1989. La République Centrafricaine à l’instar des autres pays à ratifier il y’a de cela 31 ans, plus précisément le 23 avril 1992 la Convention relative aux droits de l’enfant.
Cette journée a pour but de promouvoir le respect et les droits des enfants, c’est donc une date symbolique porteuse d’espoir pour les enfants du monde en générale et en particulier ceux de la Rca.
- Constat
La République Centrafricaine en ratifiant la Convention des droits de l’enfant, s’engage à prendre toutes les mesures législatives et administratives pour mettre en œuvre ces droits. Or, la réalité est beaucoup plus complexe.
La connaissance et l’éducation sont la base de tout ce qui peut être accompli dans la vie. Les enseignants fournissent aux élèves la possibilité d’un meilleur avenir.
La République centrafricaine fait partie des pays les plus pauvres au monde, où l’éducation 1 est obligatoire de 6 à 15 ans et est gratuite. La crise politique, militaire et sécuritaire de 2013 a eu des effets extrêmement négatifs sur le système éducatif dans tout le pays. Le manque d’enseignants est le problème le plus rapporté dans les années qui suivent immédiatement le conflit (49 % des cas d’incapacité de fournir l’enseignement localement)[3]. Au conflit s’ajoute d’autres facteurs. Aussi avant le déclenchement de la pandémie de Covid-19, une proportion importante d’écoles en République centrafricaine en raison d’un conflit ; l’UNICEF signale que 15% des écoles avaient été fermées au début de 2020.
Toutes les écoles ont été fermées d’avril à septembre 2020 en raison de la pandémie, touchant près d’un million d’enfants. SOS Children’s Villages a signalé que même lorsque les écoles sont ouvertes, les taux de fréquentation sont extrêmement faibles, avec environ seulement 41% des filles et 62% des garçons fréquentant l’ école primaire, alors que seule une fraction de ces enfants vont à terminer leurs études primaires. L’accès à l’éducation pour les enfants qui vivent dans des zones de conflit est considérablement réduit, et peu de ces enfants peuvent aller à l’école (SOS Children’ s Villages, 2020).
En effet, les attaques contre les écoles et la militarisation des écoles continuent d’être signalés (Guterres, 2020).[4] . Pour tout dire, l’accès à l’éducation est un droit essentiel pour tout enfant, garanti par les articles 28 et 29 de la CIDE en plus des enseignements qui y sont dispensés, c’est l’accès « à la normalité » qui s’y joue : aller à l’école comme tous les autres enfants, avoir des amis, jouer, faire des activités, apprendre à vivre en société et accéder à un minimum de considération et de dignité. Tout simplement, c’est le droit à l’enfance. Ce droit est un véritable levier pour l’accès à d’autres droits ainsi qu’un vecteur formidable d’insertion sociale.
Bien que l’inscription dans les écoles publiques soit gratuite, l’accès à la scolarisation n’est pas encore une réalité pour tous les enfants Centrafricain en générale et en particulier ceux qui se trouvent dans les zones de conflit. L’accès à une éducation n’est pas le seul problème auxquels sont confrontés les enfants centrafricains à cela s’ajoute le problème d’accès à des soins de qualité et adaptés. L’état de santé des enfants et des jeunes en Rca reste globalement peu satisfaisant et suscite des inquiétudes grandissantes. En effet, de plus en plus de familles renoncent à des soins pour motifs financiers. La santé est considérée comme l’un de poste budgétaire au même titre que l’alimentation et l’éducation. La Rca est un pays dans lequel il n’existe aucun système de sécurité sociale garantissant une meilleure prise en charge sanitaire des enfants. Car de plus en plus de famille renoncent à prodiguer des soins à leur enfant. Cela les conduit notamment à renoncer à des consultations chez des spécialistes tels que les ophtalmologues, gynécologues ou dentistes. Les enfants et les jeunes sont les premières victimes de cette situation.
III. Les associations signataires du plaidoyer militent pour une meilleure politique du droit de l’enfant en matière d’éducation nationale de qualité et la gratuité aux soins de santé.
- Objectif de cette tribune
Cette tribune s’articule autour de deux articles de la Convention internationale des droits de l’enfant. A savoir les articles 24 et 28 le droit à la santé et les soins et droit à l’éducation de qualité et est destiné à contribuer aux politiques d’une éducation nationale de qualité en vertu de la CIDE et de santé publique pour les enfants centrafricains. Cela signifie collaborer avec les pouvoirs publics, toutes les parties prenantes, y compris les initiatives apparentées et les réseaux pour faciliter une prise en compte des droits des enfants centrafricains et le respect dans les décisions politiques en matière d’éducation et de santé. Selon « les données du ministère de l’éducation, 89% des enfants sont scolarisés » l’objectif est d’atteindre 100% sur tout le territoire.
La RCA connaît, depuis son indépendance en 1960, des conflits et des crises chroniques qui déstabilisent l’offre et la demande éducatives dont les zones géographiques touchées par les conflits ont été perturbées et les inégalités d’accès et de qualité se sont renforcées en raison d’une réduction des capacités d’accueil des écoles et de l’offre éducative de manière générale. En effet, suite à la situation d’urgence consécutive au coup d’État, de nombreuses écoles ont été fermées (pillées, détruites ou occupées par les forces armées). Selon l’Unicef, près d’un enfant sur quatre dans le monde vit dans une zone touchée par un conflit ou une catastrophe. Ce constat autorise une réflexion autour de l’éducation dans les situations de crise et de conflit.
Si nous pouvons employer ce terme, l’éducation est en crise en RCA et il est plus qu’urgent de proposer des solutions pour amélioration la situation afin de donner à l’enfant centrafricain une éducation de qualité.
L’enfant doit pouvoir être accompagné au sein de l’école sans que ses difficultés d’apprentissage soient médicalisées ou assignées au champ du handicap. Chaque enfant qui rencontre des difficultés a le droit d’être reconnu comme un être pensant, créatif, le droit d’être accompagné par un adulte qui lui fait confiance et qui lui permet d’accéder à ses ressources pour apprendre à l’école. L’enfant centrafricain qu’il soit en bonne santé ou en situation de handicap doit pouvoir être inscrit dans une école publique.
Nous, associations réunies autour de cette tribune militons pour une meilleure politique des droits de l’enfant centrafricain en matière d’éducation nationale de qualité et de gratuité aux soins de santé ;
Nous disons oui à la scolarisation de tous les enfants du nord au sud, de l’est à l’ouest sans conditions préalable ;
Nous réclamons aujourd’hui de la part des pouvoirs publics de garantir à chaque enfant une éducation de qualité et un accès à la gratuité des soins de santé ;
Nous réclamons des conditions décentes pour une meilleure éducation de tous nos enfants, elle consistera entre autre à doter toutes les classes de l’école primaire en terminal par des tables et banc ;
Nous exhortons le pouvoir public à mener une politique de réduction de nombre des élèves dans les classes ce qui permettra un meilleur suivi ;
Nous disons oui à un acte d’état civil pour chaque enfant.
- Quelques pistes de solutions en matière d’éducation et de santé pour les enfants
- Renforcer la formation continue des enseignants et rendre obligatoire la formation des personnels des établissements aux droits de l’enfant et aux obligations qui en découlent dans leurs pratiques professionnelles.
- Penser l’action éducative par une analyse des besoins et conditions de vie des enfants.
- Permettre aux enfants en situation de handicap d’être scolarisés le plus ordinairement possible, dans les écoles publiques, collèges et lycées.
- Sensibiliser les personnels éducatifs au handicap et les former à l’accueil de ces enfants ainsi qu’au principe du développement de leurs capacités.
- Création d’une délégation aux droits de l’enfant au parlement
- Mise en place des cours des soutiens pour les enfants en situation de difficultés
- Un accès aux soins de santé pour tous les enfants
- L’exemption des frais de soins pour tous les enfants
- Dotation des toutes les salles de classe de tables et bancs dans toutes les provinces et communes
- Création de site internet pour faciliter l’accès à des informations fiables concernant la santé des enfants
- Généraliser et pérenniser, en y associant activement les jeunes, l’éducation à la santé et à la sexualité dans les lycées.
Nous sommes conscients de l’importance que le chef de l’Etat accorde au secteur de l’éducation sous l’œil clairvoyant du premier ministre chef du gouvernement. Nous voulons en tant qu’acteurs de la société civiles qui, en responsabilité, souhaitons faire évoluer le système pour la protection et le bien-être de nos enfants. Notamment, compte-tenu des enjeux, tant éducatif que sanitaire.
Associations et structure signataires :
Action Solidaire
Graines D’éveil
« KATIB RCA »
Kéké Conception
Le doux nid des anges Huma
[1] Définition CIDE
[2] La Rousse
[3] Wikipédia
[4] Humanium