Touadera VS Martin Ziguelé, le bras de fer électoral débute à Bocaranga
À l’approche des échéances électorales de 2025 – 2026, le putschiste Baba Kongoboro multiplie les initiatives pour affaiblir l’opposition et conforter son pouvoir. La récente révision constitutionnelle et les tentatives de débaucher les suppléants des principaux opposants ainsi que des députés de l’opposition témoignent d’une stratégie bien rodée, qui n’est pas sans rappeler les méthodes d’autres dirigeants africains comme Paul Kagame au Rwanda ou Yoweri Museveni en Ouganda.
Bangui, 04 septembre 2024.
Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique.
La nouvelle Constitution, adoptée par référendum en juin 2023, renforce considérablement les prérogatives présidentielles. Elle instaure également de nouveaux critères pour les candidats aux élections. Désormais, il faut être titulaire d’un baccalauréat pour briguer un mandat de député, et d’une licence pour la présidentielle. Plus restrictif encore, seuls les “Centrafricains d’origine” peuvent se présenter. Une disposition aux contours flous qui inquiète l’opposition et les observateurs internationaux.
“C’est une manière déguisée d’écarter certains candidats”, dénonce un responsable d’ONG sous couvert d’anonymat. “On ne sait pas exactement ce que signifie ‘Centrafricain d’origine’. Cela ouvre la porte à l’arbitraire”.
Mais le président Kongoboro ne s’arrête pas là. Il s’attaque désormais aux bases électorales de ses principaux rivaux, à commencer par les députés Martin Ziguelé, Président du parti MLPC, et Anicet Georges Dologuelé, Président de l’Union pour le renouveau centrafricain. Sa méthode ? Tenter de rallier leurs suppléants à sa cause, une tactique qui rappelle les pratiques de “débauchage” politique courantes dans les pays dictatoriaux du monde.
L’opération a déjà réussi avec le suppléant de Dologuelé à Bocaranga 1. Celui-ci a accepté de rejoindre le camp présidentiel et de se présenter contre son ancien mentor en 2025. Le tour de Martin Ziguelé est venu ensuite. Après plusieurs tentatives, son suppléant aurait finalement cédé aux sirènes du pouvoir.
“On lui a proposé de démissionner du MLPC pour devenir le candidat du MCU à Loura en 2025”, confie une source proche du dossier. “En échange, il recevrait de l’argent, des facilités bancaires et fiscales, et même un faux baccalauréat pour pouvoir se présenter”.
Ces manœuvres s’inscrivent dans une stratégie plus large visant à “faire tomber par tous les moyens les présidents des partis d’opposition”, analyse un observateur politique. L’objectif : affaiblir durablement l’opposition en vue d’un nouveau mandat de Touadéra.
Car les prochaines élections s’annoncent déjà sous tension. L’Autorité Nationale des Élections (ANE) et le nouveau Conseil constitutionnel sont aux ordres du pouvoir. “Ce ne sera pas une vraie élection mais une nomination”, s’alarme un cadre de l’opposition.
Dans ce contexte, la participation de l’opposition fait débat. Certains plaident pour un boycott, d’autres exigent une réforme en profondeur des institutions électorales. Mais leur marge de manœuvre semble limitée face à un pouvoir qui contrôle tous les leviers de l’État.
À Bocaranga, fief de Ziguelé et Dologuelé, le pouvoir tente aussi de marquer des points sur le terrain. Le MCU, parti présidentiel, prévoyait au début de finir la construction d’un collège et d’un pont initiés par Ziguelé. Mais, la réalité les rattrape. “Ils veulent recadrer les rapports de force en termes de réalisations”, explique un chef du village local.
Cette stratégie de cooptation et d’affaiblissement de l’opposition n’est pas nouvelle en Afrique centrale. Elle a déjà fait ses preuves dans d’autres pays de la région, permettant à certains dirigeants de se maintenir au pouvoir pendant des décennies.
“Touadéra semble s’inspirer du modèle rwandais ou ougandais”, estime un diplomate occidental en poste à Bangui. “Il cherche à créer les conditions d’une réélection sans véritable opposition, tout en gardant une façade démocratique pour la communauté internationale”.
Reste à savoir si ces manœuvres suffiront à ébranler la popularité des opposants. “La population garde confiance en Ziguelé grâce à ses projets sociaux“, assure un militant. “Les gens ne sont pas dupes des promesses du pouvoir”.
Le bras de fer ne fait que commencer entre le pouvoir et une opposition affaiblie mais pas résignée. Les prochains mois seront cruciaux pour l’avenir politique de la Centrafrique. L’attitude de la communauté internationale, jusqu’ici peu vocal sur ces dérives, pourrait jouer un rôle déterminant.
L’enjeu dépasse largement le cadre des prochaines élections. C’est l’avenir du modèle démocratique centrafricain, déjà fragile, qui se joue dans cette bataille politique à peine voilée.
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