Sauvons la paix et la démocratie centrafricaine. Une large majorité de centrafricains sont convaincus de la nécessité d’additionner nos forces pour barrer la route au projet lugubre de président TOUADERA de s’ériger en « président à vie ». Si les leaders de l’opposition démocratique acceptent de s’unir enfin, ils sont sûrs de triompher des ennemis de la démocratie que sont le président TOUADERA et ses partisans, appuyés par sa milice armée « les requins » et in fine par les mercenaires Wagner.
Rédigé par Chancel SEKODE- NDEUGBAYI, Ancien Ministre Délégué aux Affaires Étrangères
Publié par Corbeaunews Centrafrique (CNC), le mardi 16 août 2022
Sauvons la paix et la démocratie centrafricaine
Aujourd’hui gonflé d’un orgueil mal placé du fait de la présence de quelques nouveaux partenaires à ses côtés…, le président TOUADERA entend, selon ses propres termes, « démocratiser la démocratie » à travers une nouvelle Constitution.
Point n’est besoin de démontrer la tumultueuse ingérence des forces Wagner, dans les affaires centrafricano-centrafricaines depuis la tentative de renversement du régime de Bangui en 2021 par la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC), une ingérence tumultueuse car prenant tout le contrôle de l’appareil étatique, du sol et du sous-sol. Aujourd’hui gonflé d’un orgueil mal placé du fait de la présence de ses nouveaux partenaires via l’axe Bangui – Kigali – Moscou, le président TOUADERA, qui a réussi à faire sa mue depuis ces deux dernières années grâce à cette nouvelle donne géostratégique », veut désormais « démocratiser la démocratie » centrafricaine, à en croire ses dernières sorties médiatiques en faveur de « sa monnaie virtuelle : le Sangocoin ». Pour lui, « démocratiser la démocratie », c’est d’abord et avant tout tuer la liberté d’expression, c’est museler l’opposition tout en la divisant, c’est étouffer la Société civile dans sa volonté de défendre les droits et devoirs du citoyen, c’est en fin modifier ou tailler sur mesure une nouvelle Constitution. Quelle ingéniosité !
Un nouvel Etat illusoire en gestation, qui passe essentiellement par la concentration et la monopolisation du pouvoir.
Oui, pour le président Archange, la priorité de l’heure, c’est désormais manipuler une frange de la population en exploitant sa misère à coup de quelques pièces de francs CFA, afin qu’elle l’appuie dans sa volonté lugubre, que sa milice ( les requins ) l’ aide à détruire tous les forces vives de la nation qui pourraient l’empêcher de déployer avec une liberté entière son pouvoir personnel et personnifié, afin de rétablir le parti unique et la pensée unique, tout ceci sous le regard protecteur des nouvelles « forces bilatérales » dont il ne cesse de se vanter matin, midi et soir. En d’autres termes, TOUADERA veut créer les conditions d’un nouvel Etat illusoire qui passerait essentiellement par la concentration et la monopolisation du pouvoir.
Une nouvelle Constitution version- Wagner avec une présidence à vie version poutinienne, ou du moins à la sauce rwandaise, avec au moins trois visions inavouées.
Oui, pour son deuxième quinquennat, Monsieur TOUADERA vient de démontrer clairement que son seul projet de Société reste et demeure l’organisation d’un référendum constitutionnel : la seule panacée contre les maux qui minent le processus d’épanouissement du peuple Centrafricain. Mais en réalité, il s’agira d’une nouvelle Constitution version- Wagner avec une présidence à vie version poutinienne, comportant trois visions inavouées. On peut donc être assurés d’avance que (1) le président se placera dans « sa nouvelle constitution » comme « chef héréditaire et inviolable du pouvoir exécutif », puisque selon certaines indiscrétions dignes de foi, cette nouvelle loi fondamentale sera calquée sur le modèle moscovite des dix dernières années – étant donné que celle de 2016 qui lui permet de gouverner jusqu’ à aujourd’hui aurait été imposée par l’ancienne puissance coloniale, donc « contraire à la volonté de son peuple ». Diantre ! Sauvons la paix et la démocratie centrafricaine.
À lire aussi : LA GUERRE, LE DIALOGUE POLITIQUE, L’ARBITRAGE OU LA MÉDIATION INTERNATIONALE, QUEL CHANTIER PRIORITAIRE POUR UNE PAIX DURABLE ?
On peut également être certains que (2) cette nouvelle Constitution n’établira entre les citoyens que distinction fondée sur la division et l’appartenance ethnique, mais également sur l’obligation de faire allégeance aux nouveaux maîtres à penser du régime : la pensée unique s’imposant à tous, partout et pour tous. Autrement dit : « il en sera désormais ainsi, partout » en Centrafrique, selon la « célèbre » doctrine de l’ancien Premier Ministre Firmin Ngrebada dans un passé récent. D’ailleurs disant cela, beaucoup sont ceux qui ont vraiment hâte de connaître la position de « mes anciens patrons » au gouvernement entre 2017 et 2021, respectivement Messieurs SARANDJI et GREBANDA sur ce dossier très clivant.
Et (3) imposer une présidence inamovible, éternelle et jupitérienne à travers une parodie de référendum déjà préfinancé par le patron des Wagner et dans une certaine mesure par la présidence rwandaise, suivant une logique de partenariat hybride : bras armés, mercenaires de tous poils, hommes d’affaires, beau-frère ou beau-fils, selon les cas, chacun jouant sa partition. Un sacré panaché !
Alors pour y arriver, le président TOUADERA tentera enfin de faire croire à la communauté nationale et internationale – si ce n’est déjà fait à l’occasion de son adresse à la nation, la veille du 13 août, jour de l’indépendance – qu’il ne fait que répondre aux exigences de « son peuple », se plaçant ainsi dans une posture de « Notre Dieu, qui es aux cieux…», « le Dieu du peuple Centrafricain, le Dieu de la Constitution » dont il peut « tordre le coup » comme bon lui semble , le Dieu du ciel et de la terre, du sol et du sous-sol, distribuant nos terres et la citoyenneté à tout bout de champ ; car se sentant, semble-t-il, imbattable et indéboulonnable sur tous les fronts : conventionnels ou pas…
Or, ces trois points convenus, quel motif d’inquiétude pour lui et ses soutiens pourrait exister encore ? Diantre !
Un énième ballon d’essai face à un laxisme généralisé de la communauté nationale et internationale, mais surtout un début de folie de grandeur à visée criminelle.
Le président TOUADERA n’a certes pas été loquace sur ce dossier, mais après avoir montré son vrai visage à la nation comme étant le parrain numéro 1 d’un tel projet mortifère, les Centrafricains comprennent enfin les stratagèmes en préparation. Avouons- le, pourvu que cela ne lui soit pas fatal d’ici là, même si à en croire certains observateurs neutres, Monsieur le président se voit parfois pousser des ailes en se targuant du bal des égos au sein des forces vives de la nation, mais surtout de quelques gains territoriaux : un début de folie de grandeur à visée criminelle qui va crescendo, quitte à narguer parfois l’histoire. Sauvons la paix et la démocratie centrafricaine.
Pourtant toute coalition de l’opposition ou alliance de bric et de broc est forcément proche de l’enterrement que de la résurrection, comme dirait l’autre.
Le bal des égos et le bal des hypocrites des leaders de l’opposition, rappelons-le : voilà les deux énergies dont se nourrit désormais Monsieur TOUADERA. Et comment ne pas être opportuniste à ce point ? Quiconque ayant gouté aux délices du pouvoir ferait de même : exploiter à fond l’amateurisme et le louvoiement des adversaires d’en face. Oui, que le lecteur qui lit cette tribune le sache : Que ce soit Monsieur DOLOGUELE, Monsieur MECKASSOUA, Monsieur BOZIZE, Monsieur ZIGUELE, Monsieur TYANGAYE, Monsieur MBOLIGOUMBA de ma génération, Madame SAMBA-PANZA, Monsieur DONDRA et autres, tous veulent le fauteuil présidentiel. Ce qui est légitime ! Mais d’un côté, tout en restant dans « son canapé », certains veulent les commandes d’une transition sans Monsieur TOUADERA. Et de l’autre, d’autres souhaitent une transition, mais sous la forme d’un Gouvernement d’Union Nationale. Bref ! Une transition dirigée par le même TOUADERA, avec un premier ministre issu des rangs de l’opposition. Dans les deux cas et au vu de la trajectoire actuellement choisie par le pouvoir de Bangui, mais surtout du « narratif prêt à porter » prôné par ses soutiens, il faudra absolument bomber le torse face à lui avant d’atteindre ces objectifs. Dans le travail, l’ordre, l’unité et la résistance.
Parce qu’une opposition de bric et de broc est forcément proche de l’enterrement que de la résurrection. Que les acteurs politiques en tirent des leçons, en choisissant entre « leur » enterrement politique forcé et la sauvegarde de la nation.
Soutenons tous le meilleur parmi nous, si nous tenons réellement à étouffer dans l’œuf le projet nauséabond, dangereux et criminel du président TOUADERA.
Ö chers Messieurs et Dames de l’opposition, réveillez-vous ! Résistons ! Comprenez que la division ne sauve pas, sauf le pouvoir en place. Une opposition doit aussi faire preuve de constance et de consistance. Car, on ne subjugue point une nation de Cinq millions d’hommes qui veut rester souveraine et libre par la simple puissance de mercenaires hors la loi qui veulent semer durablement les graines de la pensée unique dans notre pays. Ayez donc le sens du ridicule en faisant le tour de la vanité de certains de vos sentiments surréalistes et ressaisissez-vous. Soutenons tous le meilleur parmi nous si notre objectif est réellement d’étouffer dans l’œuf le projet nauséabond, dangereux et criminel du président TOUADERA, lequel veut quoi qu’il en coûte se tailler le costume d’un « nouvel empereur centrafricain ». Il en va de l’intérêt général. Il en va aussi de la survie de notre jeune démocratie chèrement acquise. Il en va enfin de la Sauvegarde de la patrie. Sauvons la paix et la démocratie centrafricaine.
« Enfin, il vaut mieux prévenir que guérir »
En tant que simple citoyen parmi tant d’autres défenseurs avant-gardistes de la démocratie, partisan de l’alternance politique apaisée et de la liberté d’expression, je dis NON au projet de référendum constitutionnel de Monsieur TOUADERA et je l’invite donc humblement à revoir sa copie, en vue d’éviter à notre pays un nouveau bain de sang inutile. Il appartient donc au président TOUADERA en premier lieu de renforcer les plaques tectoniques de l’unité de la nation, du vivre ensemble et la réconciliation nationale avant qu’il ne soit trop tard. C’est à cette unité, c’est à cette réconciliation que nous avons fait tous des sacrifices, du Forum de Bangui aux élections post- conflits de 2015 et 2020, sans oublier les différents dialogues et accords politiques que le pays a connus. S’inspirant de notre passé peu glorieux en tant que peuple, aucun d’entre nous ne devrait plus s’occuper ni de ses intérêts, ni de sa vie, ni de son bonheur personnel, ni même de sa gloire sous prétexte d’avoir des forces militaires étrangères à son service. Face à cette folie, le peuple a le droit de résister. Les partis politiques d’opposition, les leaders de la société civile doivent s’unir pour barrer la route à un 3è mandat. Ne pas le faire c’est créer les conditions de l’implantation d’un nouveau « goulag » dans notre pays.
Ensemble, debout comme un seul homme, nous devons donc faire preuve de résilience et dire stop aux passions voraces du président TOUADERA. C’est la seule manière de sauver ce précieux héritage qu’est notre Centrafrique, Une et Indivisible. Nous éviterons ainsi un bain de sang inutile. Car, ne dit-on pas qu’« il vaut mieux prévenir que guérir » ? Sauvons la paix et la démocratie centrafricaine.
Corbeaunews Centrafrique
Tel/ WhatsApp : +236 75 72 18 21
Email: corbeaunewscentrafrique@gmail.com