Les personnes soupçonnées de participation à des crimes de droit international ne doivent pas perpétuer la culture de l’impunité dans le pays
Amnesty International demande aux délégués présents lors des pourparlers sur la Réconciliation nationale en République centrafricaine prévus du 21 au 23 juillet à Brazzaville, en République du Congo, de veiller à ce que les discussions ne débouchent pas sur l’impunité pour les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et les graves violations des droits humains commis en République centrafricaine. Les auteurs présumés de crimes relevant du droit international ne doivent pas se servir de ce forum pour perpétuer la culture de l’impunité dans le pays.
D’après ce que sait Amnesty International, différents dirigeants, notamment des anti-balaka et de la Séléka, sont invités à prendre part aux pourparlers sur la Réconciliation nationale en République centrafricaine. L’organisation a reçu des éléments crédibles prouvant que plusieurs d’entre eux sont impliqués dans des crimes de droit international.
« Lors des pourparlers de paix de Brazzaville, il faut veiller à ce que l’obligation de rendre des comptes pour les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et les crimes relevant du droit international soit au cœur de toute discussion visant à ramener la paix en République centrafricaine. Les auteurs présumés de tels crimes ne doivent pas se servir de ces pourparlers pour obtenir des postes au sein du gouvernement qui leur garantiraient l’impunité », a déclaré Netsanet Belay, directeur du programme Afrique d’Amnesty International.
Dans son rapport publié le 10 juillet et intitulé République centrafricaine. Il est temps de rendre des comptes, Amnesty International désigne nommément des membres et des alliés des milices anti-balaka et des groupes armés de la Séléka soupçonnés de s’être livrés à de graves atteintes aux droits humains. Il s’agit notamment des anciens présidents François Bozizé et Michel Djotodia, de coordonnateurs anti-balaka, comme Levy Yakété, et de commandants de la Séléka, dont Noureddine Adam. Ces personnes, s’il existe suffisamment d’éléments les incriminant, doivent faire l’objet d’enquêtes et de poursuites judiciaires.
Le 11 juillet 2014, un congrès de la Séléka qui s’est tenu à Birao, dans le nord de la République centrafricaine, a désigné l’ancien président Michel Djotodia comme président du groupe armé, et l’ancien commandant et ministre Nourredine Adam comme vice-président. Ces deux individus, nommés dans le rapport d’Amnesty International, sont visés par des sanctions de l’ONU et des États-Unis en raison de leur implication dans la crise actuelle et les violations des droits humains commises en République centrafricaine.
Amnesty International demande aux autorités centrafricaines de transition, aux membres de la communauté internationale, notamment de la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC), à l’ONU et à l’Union africaine (UA), de faire en sorte que les pourparlers de paix accordent la priorité à l’obligation de rendre des comptes pour les crimes de droit international et les graves violences perpétrés en République centrafricaine. Amnesty International est convaincue qu’il n’y aura pas de paix durable en République centrafricaine si l’impunité perdure.
La conférence de Brazzaville fait suite à une décision adoptée lors de la 5e réunion du Groupe International de Contact sur la République Centrafricaine, qui s’est déroulée à Addis-Abeba en Éthiopie, le 7 juillet 2014. Cette conférence doit avoir lieu du 21 au 23 juillet et réunir la Séléka et les anti-balaka.
Le 17 juillet, la présidente par intérim Catherine Samba-Panza a ouvert un forum à Bangui, en préparation des discussions de Brazzaville. Amnesty International a appris à ce forum que 150 personnes devaient participer à la conférence de Brazzaville, dont des représentants des organisations de la société civile, des partis politiques, des groupes armés – notamment la Séléka, les anti-balaka, RJ APRD, FDPC et UFR –, de la diaspora, ainsi que des « communautés à risque », des réfugiés et des déplacés.
La capitale Bangui est relativement calme, mais la situation reste tendue dans de nombreuses régions du pays. Les violences se sont intensifiées dans le centre, l’est et le nord. Le 7 juillet, 26 personnes ont été tuées et 35 grièvement blessées lors de l’attaque de l’église Saint-Joseph et du site pour personnes déplacées de Bambari. Plus de 10 000 personnes qui s’y étaient installées ont été contraintes de fuir. Quelques jours avant cette attaque, le 4 juillet, une mosquée a été attaquée à Paoua, dans le nord. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), 184 incidents violents ont été recensés entre mai et juin 2014, avec une augmentation de 14 % en juin par rapport à mai.
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