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République Centrafricaine: avec quels acteurs politiques gérer l’après-transition ?

Catherine Samba-Panza de Centrafrique
Catherine Samba-Panza. ©2014CNC

Avec quels acteurs politiques gérer l’après-transition ?

 
Corbeau News Centrafrique: 02-01-2015.  Aimer son pays, c’est d’abord respecter les lois de la République. Depuis le coup d’Etat de Saint Sylvestre 1966, tous les chefs d’Etat qui se sont succédés par la voie démocratique ou autre ont d’abord violé la plus belle constitution de la République élaborée par le président fondateur de la Centrafrique, feu Barthélemy BOGANDA, mort précocement dans un accident d’avion et dont la lumière n’a été faite jusque-là sur son décès tragique, et la violation flagrante de la constitution du 27 décembre 2004 qui doit faire l’objet d’une révision urgente pendant le processus de transition avant les futures élections de 2015.
Avant l’avènement de la démocratie, la République centrafricaine, comme tout autre pays du continent, a vécu sous le régime du monopartisme qui a débouché à une dictature, occasionnant l’insurrection populaire dite estudiantine en 1979. La constitution était bafouée par l’empereur BOKASSA qui gérait seul les richesses du pays jusqu’à son couronnement en 1977 qui coûtait 4 milliards de fcfa à l’Etat centrafricain. Une somme colossale qui aurait servi à l’éducation des jeunes générations et la formation des cadres. Le diamant et l’or centrafricain n’étaient pas exploités pour le bien du peuple, voire l’uranium qui pose toujours problème litigieux entre le gouvernement centrafricain et AREVA le géant mondial français en matière d’énergie. Les marchés de ces grands chantiers d’exploitation minière étaient souvent de gré-à-gré sans l’implication des représentants du peuple à l’Assemblée nationale et sans aucune communication pour la gouverne du public.
Presque trente années d’instabilité et d’exploitation minière ténébreuse, ou du moins depuis la période dite de souveraineté en 1960, certaines régions du territoire national ont été marginalisées par les régimes successifs. Cause, entre autres, la mal gouvernance débouchant à la naissance des rébellions en Centrafrique. Selon certains responsables de l’UFDR qui s’est fait entendre par des attaques armées de 2005 pour destituer le régime de l’époque mais stoppée par le pilonnage de l’armée française, rappelons-le, le gouvernement centrafricain depuis l’indépendance, a toujours marginalisé la région de la Vakaga. Les zones de Birao et environnantes où se trouve le puit du pétrole centrafricain, ayant engendré une multitude de rébellion.
Le nord-est du pays également regorge des richesses minières mais l’exploitation a été souvent sous-marine au détriment des populations condamnées à l’extrême pauvreté. Quant au sud-ouest du pays très riche en bois et richesses minières également, le tout exploité illégalement, manque cruellement d’infrastructures, scolaires modernes digne de ce nom, routières et énergétique etc, au même titre que les autres zones du territoire oubliées par le gouvernement centrafricain pour sa mal gouvernance qui le caractérise et lui colle à la peau.
L’établissement des vraies démocraties aujourd’hui en Afrique en général et en Centrafrique en particulier qui doit renaître de ses cendres se présente en un défi de nature politique à relever. La justice, de ce point de vue, est un principe important d’éthique sociale. C’est la vertu par excellence. Pour un retour à l’ordre constitutionnel crédible, la République centrafricaine, contre toutes formes de gaspillage des richesses communes nationales et détournements des deniers publics, a besoin des politiciens intègres et non des ripoux, destinés à protéger les biens nationaux et de les exploiter pour l’intérêt général et non égoïste et personnel. Il va sans dire que la réconciliation entre centrafricains et la paix recherchée, l’anarchie de l’exploitation minière de manière égoïste et clanique sont à l’origine. C’est pourquoi il nous faut aujourd’hui, pour une gestion des ressources nationales dans l’équité et la transparence, l’émergence d’hommes politiques intègres. Par ailleurs, on ne peut parler des hommes politiques intègres sans parler également des responsabilités familiales qui réclament également une forme d’intégrité conjugale et sociale. Parce qu’il faut donner le bel exemple au sein du foyer et dans la communauté, puis la nation toute entière. Respecter la constitution de la république c’est respecter aussi la loi familiale et les autres lois républicaines pour la bonne marche vers le développement.
Sur cette voie alors, il faut tenir compte de la culture de la paix qui est un idéal éminemment humaniste. Il faut un enseignement perpétuel à tous les niveaux de la société afin de rétablir l’harmonie et la stabilité au sein du foyer conjugal, du milieu scolaire et l’administration. Etant donné qu’il y a eu dégradation et perte de repères dans la société centrafricaine depuis le début de la crise, il faut un encadrement d’éthique relationnelle des différents groupes professionnels et de la morale sociale, car la paix et la réconciliation en ont besoin nécessairement pour la stabilité du pays.
Il va sans dire que le gouvernement centrafricain qui a été toujours nul à tous les niveaux doit se mettre résolument au travail et avec une efficacité admissible pour résoudre bon nombre de problèmes auxquels le pays s’est confronté depuis des décennies tels que le commerce déloyal, les conditions injustes dans le pays qui ne facilite pas l’émergence aux filles et fils du pays. Des enfants de la rue et les malades mentaux qui sillonnent les artères de la capitale sont aussi d’autres problèmes du gouvernement qui n’en fait pas une priorité.
On ne peut alors contester le fait que ceux qui ont tous gouverné hier le pays sont à l’origine de notre division, des conflits armés qui opposent certains groupes communautaires, de la corruption qui grimpe l’échelle administrative à une vitesse hypersonique et d’autres maux qui gangrènent notre société dégradée.
Le gouvernement du futur président de la république élu en 2015 qui sera mis en place a du pain sur la planche et la société civile doit être en éveil pour contrôler ses actions et appuyer sur l’alarme en cas de dérive. Il n’a plus d’erreur à commettre sinon c’est la porte qui doit l’attendre. C’est le peuple qui a trop souffert qui mettra l’homme qu’il faut à la place qu’il faut.
A bon entendeur…
Journaliste Politique et Culturel
Journaliste Politique et Culturel
Pierre INZA
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