Référendum de la honte : Laurent Gomina Pampali interpelle le Président Touadera
Bangui, 22 juillet 2023 (CNC) – Depuis la convocation du Référendum constitutionnel le mois passé et le lancement de la campagne le 15 juillet dernier en République centrafricaine, de nombreuses voix se sont élevées pour exprimer leur inquiétude quant à la proposition d’une nouvelle Constitution. Parmi ces voix, l’ancien ministre Laurent Gomina Pampali. Ce dernier a décidé d’adresser une “Lettre ouverte” au Président Faustin Archange Touadera , dans l’espoir de faire changer sa décision et de voir le processus de vote stoppé en faveur d’un toilettage de la Constitution de 2016.
Dans cette lettre, Laurent Gomina Pampali expose d’abord les raisons qui l’ont poussé à envisager cette démarche risquée et désespérée. Bien qu’il n’ait pas de liens privilégiés avec le Président Touadera , certains paramètres professionnels et idéologiques les rassemblent suffisamment. Tous deux enseignants, l’un en Mathématiques et l’autre en Philosophie et Éthique, ils ont également partagé des engagements politiques communs, notamment lors de la lutte de la plateforme des anciens candidats à la présidentielle en 2016. En outre, ils font partie du Cercle des porteurs de la distinction de Grand’Croix dans l’Ordre du Mérite Centrafricain, un honneur qui les lie mutuellement. Pampali se présente également comme un patriote et panafricaniste, farouchement opposé à toute compromission avec les forces du mal et les puissances de domination.
La lettre de Laurent Gomina Pampali s’adresse directement au Président Touadera et soulève un point crucial concernant la nouvelle Constitution : ce projet ne vient ni du peuple ni de l’initiative du Président lui-même. Il est le fruit d’un petit groupe de personnes bien connues qui cherchent à consolider leur position sociale et financière en se cachant derrière lui. Pampali accuse ces individus d’avoir manœuvré en coulisses, multipliant les tentatives pour faire passer ce projet, jusqu’à ce que le Président décide de les suivre, optant pour un passage en force politique.
L’ancien ministre exprime sa honte face à l’idée que ces mêmes personnes, dont il a déjà déconstruit les arguments devant des professeurs de droit constitutionnel et des étudiants universitaires lors d’une Table-ronde, soient sur le point de voir leur projet devenir réalité. Il redoute que la médiocrité politique et littéraire exprimée dans le texte même du projet de Constitution ne s’impose à tout le pays, transformant ainsi la RCA en un véritable non-État.
Cependant, à onze jours du scrutin, Laurent Gomina Pampali réalise que les dés sont déjà jetés. Il se demande quelles puissances de mots et quels arguments pourraient arrêter le train des ambitions et l’obsession du pouvoir, déjà lancé à une vitesse vertigineuse de 500 km/h. Il cite l’exemple des intellectuels sénégalais qui ont été sauvés au dernier moment par la sage décision de leur chef d’État Macky Sall, laissant planer le doute sur le destin des intellectuels centrafricains lorsque des individus sans réel profil parviennent à influencer le Magistrat Suprême.
Laurent Gomina Pampali exprime sa résignation face à l’inévitabilité du scrutin sur la nouvelle Constitution en Centrafrique. Malgré ses efforts pour alerter le Président Touadera sur les enjeux politiques cruciaux liés à ce projet, il semble que le train soit déjà en marche, laissant peu de place à l’espoir d’un changement de cap. La lettre ouverte, bien que poignante et pertinente, ne semble malheureusement pas pouvoir inverser le cours des événements. Reste à savoir quel sera le verdict du peuple centrafricain lors du scrutin tant controversé.
Par Alain Nzilo
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