Bangui, République centrafricaine, jeudi, 11 février2021. Alors que la reprise des combats menace la tenue du second tour des élections législatives, certains députés réclament un renforcement des mesures de sécurité.
L’état d’urgence sera sans doute encore en vigueur lors du second tour des élections législatives qui doit se dérouler avant le 2 mai, date de la fin du mandat des députés en place.
118 postes de députés restent à pourvoir avant le 2 mai et l’opposition s’est retirée du processus électoral en dénonçant les fraudes.
En dépit de la contre-offensive engagée par les forces gouvernementales qui ont repris la ville de Bouar ce mardi (09.02.2021), certains députés réclament une session extraordinaire qui fasse le point sur le plan de sécurisation des élections.
La pétition a recueilli 90 signatures
Dans le couloir de l’Assemblée nationale, Bernard Dillah, premier secrétaire parlementaire, recueille des signatures en faveur de cette session. Depuis les élections du 27 décembre, explique-t-il, “il y a des difficultés de procéder librement à l’expression et au choix de ses responsables politiques. Donc tenant compte de ces difficultés, nous avons réfléchi à la possibilité de demander une session extraordinaire”.
Il rappelle que plusieurs députés ont perdu leur véhicule durant la campagne et que “certains ont échappé à des tentatives d’assassinat”. Selon Bernard Dillah, “le peuple dans son choix a été menacé”.
Plus de 90 signatures sont déjà enregistrées et la pétition sera présentée au gouvernement.
Karl Blagué, sociologue et observateur de la scène politique en Centrafrique, pense que les responsables politiques doivent tenir compte du contexte pour éviter à l’avenir une contestation des résultats électoraux, comme ce fut le cas pour l’élection présidentielle.
“Malgré les garanties que la Minusca avait données, je pense qu’il faudrait qu’il y ait une sécurité absolue”, affirme le sociologue.
“Par rapport à la déclaration du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, qu’il va falloir tenir compte de tous ces aléas, il faudrait que le pays soit sécurisé à 100% pour ne pas qu’il y ait un bis repetita.”
L’Autorité nationale des élections (ANE), en charge de l’organisation de ce scrutin, souhaite aussi une amélioration du plan de sécurisation.
Recul des groupes armés
Sur le terrain, la Coalition des groupes armés pour le changement, parvenue aux portes de Bangui il y a quelques semaines, recule désormais devant l’avancée des forces gouvernementales.
La Minusca, la force des Nations unies, ne souhaite pas s’exprimer sur l’initiative des élus réclamant plus de sécurité mais confirme que le travail se poursuit.
“Dans le cadre des élections, la direction de la police poursuit les rencontres, notamment pour une sécurisation renforcée du second tour des législatives”, a indiqué Vladimir Montéiro, le porte-parole de la Minusca.