Une équipe de MSF a pu se rendre à Mingala, dans le sud-est de la RCA, et y réaliser deux jours de vaccination.
Cette localité, située à une centaine de kilomètres d’Alindao a été quasiment coupée du monde pendant plus de deux ans. Elle est difficilement accessible à cause de l’insécurité et du mauvais état des axes routiers.
Sous un soleil de plomb, une foule immense s’amasse autour des véhicules de MSF. Des femmes et des enfants en file indienne, attendent sagement autour des rubans de balisage. A quelques mètres de là, quelques personnes âgées sont assises sous un manguier, à l’ombre. Tout le monde attend impatiemment le début des consultations. Le sous-préfet, seule autorité locale encore présente sur place, demande l’attention de l’assistance et prend la parole. « C’est un grand jour pour nous, un jour de fête. Cela fait plus de deux ans qu’on n’a pas vu un médecin ni aucun humanitaire à Mingala ». Tout le monde applaudit.
En effet, la crise qu’a connue la préfecture de la Basse-Kotto, une des plus peuplées du pays, a enclavé cette partie du sud-est de la RCA. Des groupes armés tiennent toujours des check points sur les axes routiers, qui sont encore plus difficilement praticables. « Nous avons traversé des villages fantômes, brûlés, avec des populations qui vivent retranchées dans la brousse de peur des attaques », se remémore Talaré Diabri la coordinatrice du projet de MSF dans la Basse-Kotto. A l’entrée de Mingala, les adultes accueillent l’équipe par des cris de joie. Seuls quelques enfants s’éloignent, effrayés par les véhicules, que certains voient pour la première fois de leur vie.
La veille de l’arrivée de MSF, plusieurs mamans ont passé la nuit sur le site de vaccination pour pouvoir être les premières dans les rangs. En deux jours, les équipes médicales ont pu vacciner 956 enfants et 760 femmes en âge de procréer, et distribuer plus de 1610 moustiquaires imprégnées avant la période de pic du paludisme.
Des vaccins essentiels
Les crises successives en République Centrafricaine ont mis à mal un système de santé déjà très précaire, privant la population d’un accès aux soins les plus basiques. Dans ce contexte, de nombreux enfants et femmes enceintes n’ont jamais été vaccinés de manière régulière.
Pour cette première phase de vaccination à Mingala, MSF a administré des vaccins contre la poliomyélite, la rougeole, le pneumocoque – responsable de nombreuses infections respiratoires – ainsi que le vaccin pentavalent qui protège simultanément contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, l’hépatite B et l’Haemophilus influenzae de type b (qui peut provoquer entre autres la méningite), et la fièvre jaune.
« Soulager la douleur »
Pendant que les infirmiers vaccinent les enfants, une sage-femme consulte sous une bâche les femmes enceintes tandis qu’un médecin prend en charge les patients présentant de la fièvre et procède au dépistage du paludisme.
« On a vu venir plusieurs personnes avec des pathologies différentes pensant que l’on était en mesure de prendre en charge tout le monde et soulager leurs douleurs. On a essayé de stabiliser les cas les plus urgents », se console la coordinatrice. L’unique centre de santé de la localité a été détruit et pillé pendant la crise. Sans médicaments ni matériel médical, ce centre de santé reste l’ombre de lui-même et le personnel du Ministère de la santé resté sur place, impuissant. « Pendant la période de pic palu et suite à une épidémie de diarrhée hémorragique, j ’ai vu jusqu’à plus de 10 décès d’enfants de moins de cinq ans par semaine », raconte avec amertume l’infirmier-chef du centre de santé.
Fin 2018, MSF a lancé une intervention d’urgence de six mois pour répondre aux besoins médicaux de la population du district sanitaire d’Alindao et Mingala « J’espère que d’autres organisations humanitaires emboiteront le pas à MSF et continueront d’assister la population de Mingala, totalement démunie », conclut Omar Ahmed Abenza, le Chef de Mission.