RCA : à la CPI, les deux portraits de Patrice-Edouard Ngaïssona

L'ex-chef de la fédération de football de la République centrafricaine Patrice-Edouard Ngaissona ors de sa comparution initiale devant les juges de la CPI à La Haye, aux Pays-Bas, le 25 janvier 2019
L’ex-chef de la fédération de football de la République centrafricaine Patrice-Edouard Ngaissona ors de sa comparution initiale devant les juges de la
CPI à La Haye, aux Pays-Bas, le 25 janvier 2019

 

Bangui, République centrafricaine, jeudi, 18 février 2021, 22:41:27 ( Corbeaunews-Centrafrique ). La première phase du procès de Patrice-Edouard Ngaïssona et Alfred Yekatom pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité s’est terminée

ce jeudi 18 février à la Cour pénale internationale. Trois jours d’audience durant lesquels chacun a donné sa « déclaration liminaire » et introduit les arguments, preuves et témoignages qu’il développera au cours de la prochaine étape, à compter du 15 mars.

Pour le parquet, aucun doute : Patrice-Edouard Ngaïssona était un chef politique incontestable des anti-balakas, un des principaux relais de l’ancien président François Bozizé, dont il partageait le plan de reprendre le pouvoir par les armes.

► Homme d’affaires riche et influent, il aurait financé, armé, structuré, donné des ordres aux milices, dont celle d’Alfred Yekatom, qui a semé la terreur au marché Boeing, à Bossangoa, ou encore dans la préfecture de Lobaye sur l’axe PK9-Mbaïki. Des exactions visant en particulier les musulmans et longuement décrites par l’accusation.

« Ngaïssona n’était qu’une voix et un visage des anti-balakas »

Une version soutenue par les avocats des victimes, plus de 1 400 recensées, nombreuses à subir encore aujourd’hui les conséquences des violences de l’époque, en particulier les déplacés et les réfugiés.

Pour l’avocat de Patrice-Edouard Ngaïssona, en revanche, le parquet a une interprétation erronée des actions de l’ancien ministre. Il s’est « précipité », dit-il, sur des éléments « qui ne tiennent pas ». La preuve, selon lui : plus de 60 témoins qui le dédouanent ont été écartés.

La défense ajoute que Patrice-Edouard Ngaïssona n’était qu’une voix et un visage des anti-balakas, qu’il n’avait aucun contrôle sur ces groupes multiples, nés de manière « spontanée, désordonnée, sans chefs politiques », qui ne forment pas une « organisation » telle que définit par le statut de la Cour. « Impossible » de le condamner au-delà de tout doute raisonnable, conclut-il.

La défense d’Alfred Yekatom prendra, elle, la parole à la reprise des audiences le 15 mars prochain, lorsque débuteront la présentation des preuves et les auditions des témoins.

 

RFI