Rafaï : 6000 femmes battues en trois mois, la ville où les violences explosent
Par la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique.
Dans le centre de santé de Rafaï, Aminata ajuste son pagne pour cacher ses blessures. Elle est la quatrième femme battue que l’infirmière reçoit ce matin. Il n’est que 10 heures. “Avant, les hommes se cachaient pour nous frapper”, murmure-t-elle. “Maintenant, ils le font en plein jour. Ils savent que personne ne dira rien.”
À Rafaï , les chiffres font froid dans le dos. En à peine trois mois, plus de 6000 cas de violences ont été recensés dans cette petite ville de l’est centrafricain. Derrière ces statistiques glaçantes : 32% de viols, 28% d’agressions physiques, 17% de femmes privées de ressources, 15% de violences psychologiques. Un catalogue de l’horreur qui ne cesse de s’allonger.
“Chaque jour à Rafaï, c’est la même chose”, témoigne Sœur Monique, qui gère un centre d’écoute. “Elles arrivent avec des côtes cassées, des brûlures, des traumatismes. Certaines ne peuvent même plus pleurer tellement elles sont épuisées de souffrir“. Dans son cahier, les récits s’accumulent, tous plus terrifiants les uns que les autres.
Le plus inquiétant ? L’impunité totale. À Rafaï, pas de tribunal, pas de juge. Les rares gendarmes présents détournent souvent le regard. “Quand une femme vient porter plainte, on lui dit de rentrer chez elle, que c’est une affaire de famille”, explique Mariam, responsable d’une association locale. “Alors les bourreaux continuent, sachant qu’ils ne risquent rien.”
Les raisons de cette explosion de violence à Rafaï ? La pauvreté, l’alcool, la désagrégation des valeurs traditionnelles. “Avant, les anciens intervenaient quand un homme battait sa femme”, raconte le chef de quartier Balaye. “Aujourd’hui, chacun regarde son téléphone pendant qu’une femme crie à l’aide dans la maison d’à côté.”
Pourtant, des femmes résistent à Rafaï. Dans chaque quartier, des réseaux de solidarité se créent. Des maisons deviennent des refuges secrets. Des numéros de téléphone circulent de main en main. “On s’organise comme on peut”, confie Josiane, qui héberge régulièrement des femmes en fuite. “Si on ne se protège pas entre nous, qui le fera ?”
Le plus révoltant reste peut-être l’âge de certaines victimes. “La semaine dernière, j’ai soigné une fille de 14 ans”, témoigne l’infirmière, la voix brisée. “Son ‘mari’ l’avait battue parce qu’elle voulait retourner à l’école. Elle était enceinte de lui. À 14 ans…”
À Rafaï, la nuit tombe. Dans les ruelles, les femmes pressent le pas pour rentrer chez elles. Certaines ne dormiront pas, guettant le retour d’un mari violent. D’autres prieront pour que leurs filles connaissent un jour une vie différente. En attendant, les statistiques continuent leur macabre progression, dans l’indifférence quasi-générale.
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