Quand la Russie infantilise les chefs d’État africains
Bangui, 01 août 2023 (CNC) – La Russie s’est engagée à soutenir les pays africains en leur offrant une aide humanitaire, mais cette assistance suscite également des critiques. Certains observateurs considèrent que cette aide cache une approche qui infantilise les chefs d’État africains et entraîne une dépendance envers la Russie.
Le contexte international, marqué par des critiques à l’encontre des anciennes puissances coloniales, a conduit de nombreux pays africains à chercher de nouveaux partenaires pour le développement économique et politique. Dans cette quête de nouvelles alliances, certains dirigeants africains ont tourné leur regard vers la Russie, qui a cherché à renforcer ses liens avec le continent africain ces dernières années.
Une approche controversée : infantilisation des chefs d’État africains
Certains critiques soutiennent que l’aide russe aux pays africains repose sur une approche infantilisante envers les dirigeants africains. Ils citent des exemples où la Russie a annoncé vouloir offrir de l’aide gratuite, comme du blé, en échange de la loyauté politique. Cette stratégie peut être interprétée comme une tentative de gagner l’amitié et le soutien des chefs d’État africains en les plaçant dans une position de dépendance. Certains chefs d’État pourraient se retrouver pris au piège de cette dynamique de “persécuteur-sauveur-victime”, où la Russie apparaît comme le sauveur qui offre une échappatoire à la persécution de l’Occident, mais qui peut également devenir un persécuteur lorsqu’il exige des faveurs politiques en retour.
Conséquences sur la stabilité politique et économique
L’infantilisation des chefs d’État africains pourrait avoir des conséquences graves sur la stabilité politique et économique de ces pays. Certains analystes soutiennent que certains dirigeants pourraient modifier les constitutions pour rester indéfiniment au pouvoir afin de maintenir des relations avantageuses avec la Russie. Cela pourrait entraîner des tensions politiques internes, des contestations populaires et même des coups d’État. C’est le cas en République centrafricaine, où le Président, Faustin Archange Touadera, a modifié la constitution pour pouvoir briguer un troisième mandat en 2026 et rester indéfiniment au pouvoir et servir les intérêts géopolitique et économique de la Russie en Afrique.
En outre, une dépendance excessive vis-à-vis de l’aide russe gratuite pourrait compromettre le développement économique des pays africains. En remplaçant les systèmes d’approvisionnement traditionnels par une assistance gratuite, ces pays risquent de devenir vulnérables aux fluctuations politiques et économiques de la Russie. Une véritable relation de partenariat devrait plutôt encourager les échanges commerciaux équitables et le développement mutuel.
Vers une relation plus équilibrée
Il est essentiel que les pays africains maintiennent une approche équilibrée dans leurs relations avec la Russie et d’autres partenaires internationaux. Plutôt que de se tourner vers des accords basés sur une assistance gratuite, les dirigeants africains devraient chercher à développer des partenariats économiques mutuellement bénéfiques avec la Russie. Cela implique de promouvoir le commerce équitable, les investissements étrangers responsables et la coopération dans des domaines clés tels que l’énergie, l’agriculture et l’industrie.
En même temps, la Russie devrait être consciente de l’importance de respecter la souveraineté et l’autonomie des pays africains. L’aide humanitaire doit être fournie sans conditions politiques ou économiques qui pourraient entraîner une dépendance malsaine. La Russie a également la responsabilité de s’engager dans un dialogue ouvert et transparent avec les dirigeants africains, en reconnaissant leur rôle en tant que partenaires égaux.
En un mot, la Russie entretient des relations complexes avec les pays africains, oscillant entre aide humanitaire et critiques d’une approche infantilisante envers les chefs d’État. Pour établir des relations durables et mutuellement bénéfiques, il est essentiel que les deux parties s’engagent dans un dialogue transparent, respectueux et équilibré. Les pays africains doivent veiller à préserver leur souveraineté tout en recherchant des partenariats économiques durables, tandis que la Russie doit adopter une approche responsable qui soutient réellement le développement et la stabilité en Afrique.
Par Alain Nzilo
Directeur de publications du CNC
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