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Xenaba a 19 ans, née à Bangui d’un père Sénégalais et d’une mère Centrafricaine. Avril 2014 : Alors qu’elle est élève en classe de première, elle fuit avec Amdane, son mari, son pays où elle a toujours grandi pour se réfugier à Betou, en République du Congo. Les dernières images de Bangui qu’elle garde en tête sont celles des maisons que l’on brûle, celles des pillages et des crimes…
De Betou à Egnelé, dans le 4/4 qui l’emporte vers l’aéroport, Xenaba reste silencieuse. L’émotion est grande et son coeur comme coupé en deux. Pour autant la jeune femme remercie Dieu : “J’ai toujours vu les avions passer au dessus de ma tête en me disant toujours que moi aussi j’aimerai voyager un jour à travers les nuages, ce jour est arrivé, grâce à Dieu”. C’est en attendant l’avion qu’elle parle de Didine, sa meilleure amie, réfugiée comme elle : “Nous étions presque toujours ensemble, à parler de façon interminable, à nous promener. Didine me tressait toujours les cheveux. C’est difficile de la quitter, elle va me manquer c’est certain”. Xenaba n’a plus qu’une simple valise, lourde d’hier, et un numéro de téléphone, celui de son père qu’elle va rejoindre à Dakar : “Mon père a quitté la maison alors que maman me portait dans son ventre depuis seulement 2 mois. Je n’ai jamais connu mon père, je ne l’ai jamais vu mais je sais qu’il m’attend. Je me demande comment nous pourrons nous identifier à mon arrivée à Dakar, ça m’inquiète un peu. Et puis je sais encore que je vais retrouver aussi là-bas des frères et des soeurs”. Au bout de quelques heures de vol au dessus de la forêt équatoriale, et après deux journées à Brazzaville, Xenaba découvrira sa nouvelle famille et le Sénégal comme un nouveau refuge. Elle reprendra alors ses études avec l’espoir de devenir plus tard infirmière.
Nota : Depuis le début de la crise sociopolitique qui a déstabilisé la RCA en décembre 2012, des dizaines de milliers de personnes ont été forcées de fuir le pays pour trouver refuge dans les pays voisins, dont la République du Congo. Dans ce contexte intervient l’UNFPA (Fond de Population des Unies) en faveur des femmes, dans le but de participer à la réduction du niveau élevé de risques de morbidité et de mortalité maternelle auxquels peuvent être confrontées les filles et femmes en âge de procréer qui, vivant leur sexualité dans un environnement non maîtrisé et souvent avec des moyens financiers limités sont exposées à des grossesses précoces ou non désirées mal suivies, voire à des avortements et accouchements risqués, aux contaminations aux IST/MST/VIH-SIDA et aux violences sexospécifiques.
Philippe Edouard
Avec le Fonds de Population des Nations Unies