Ndjamena (Tchad) – 5 déc. 2019 08:18
Ceci suite à un communiqué de presse, publié le 10 novembre dernier, dans lequel son organisation a accusé Bokhit Mahamat Itno, membre de la famille du président tchadien, d’avoir enlevé et torturé trois jeunes hommes.
Le 4 décembre, la police a requalifié cependant l’infraction de diffamation en délit de meurtre et complicité de meurtre. Ibedou voit sa garde à vue prolongée jusqu’à ce jeudi matin.
Acharnement des autorités
Pour Abdelkerim Yacoub Koundougoumi, activiste tchadien résidant en France, Mahamat Nour Ahlmat Ibédou paie le prix de sa lutte pour la défense des droits humains au Tchad.
“Ce régime s’acharne aujourd’hui contre Ibedou, parce qu’Ibedou fait partie de ces rares défenseurs des droits humains qui sont restés droit dans leurs bottes face aux menaces, aux intimidations que ce régime utilise pour faire taire les voix des défenseurs des droits humains qui défendent nos droits dans des conditions incroyablement difficiles. Ibedou fait partie de ces rares voix qui rendent visibles les victimes de ce régime.”
La militante des droits de l’Homme Céline Narmadji
Une réaction que partage aussi Céline Narmadji, militante des droits de l’Homme. Elle avait été arrêté en mars 2016 avec Ibedou et deux autres militants des droits de l’homme pour avoir dit non à la candidature du chef de l’Etat Idriss Deby Itno à l’élection présidentielle d’avril 2016.
“Dans ce pays, ce que les gens font c’est autre chose. Ils mettent la loi de côté et on incrimine les gens à la tête du client. Sinon, ce qui se passe ternit l’image de la justice tchadienne. Mais il s’agit de notre pays, si nous ne nous levons pas pour nous défendre les uns les autres, personne ne viendra le faire à notre place.”
Servir les Tchadiens
Pour Mahamat Amine Ibedou, le frère cadet de Mahamat Nour Ahmat Ibedou, la lutte que mène son grand frère est tout simplement juste : “C’est sa conviction personnelle donc nous, en tant que membre de la famille, ne nous inquiétons pas parce qu’il n’est pas seul, il est soutenu par tous les Tchadiens.”
Mais il ajoute : “Je me demande maintenant si on combat même les défenseurs des droits de l’Homme, qui va sauver qui ? Est-ce que la justice existe ? Est-ce cette démocratie va exister ? Ce n’est pas la première fois qu’il est arrêté. Il n’est pas en train de servir la famille Ibedou mais il est en train de soutenir tous les Tchadiens.
Au Tchad, les défenseurs des droits de l’Homme sont souvent stigmatisés et assimilés à des opposants ou des délinquants.
Avec DW français