Le chef milicien Yvon Konaté arrêté par les forces de l’ordre à Bossembélé. Photo CNC
STOP #ATÉNÉ
- « Le chef des anti-balakas lieutenant Konaté est abbatu ce matin après avoir été bien torturé par les requins(sic) », post Facebook, 16 décembre 2020.
- Nous nous sommes rendus à la SRI où nous avons constaté de visu que le lieutenant Yvon Konaté était bien vivant.
- Un responsable de la SRI indique qu’il a été conduit jeudi 17 décembre à l’hôpital pour des soins car il portait de légères traces de coups de crosse.
- L’information selon laquelle le lieutenant Konaté a été torturé puis tué par la milice présidentielle est donc fausse.
Un post publié sur Facebook, le 16 décembre 2020, indique que « le chef des anti-balakas lieutenant Konaté est abbatu ce matin après avoir bien torturé par les requins (sic) ». Cette publication fait référence à l’arrestation, la veille, de l’ancien porte-parole des miliciens anti-balaka, à Bossembélé par les membres de la garde présidentielle. Dans la soirée, le procureur de la République près du tribunal de grande instance de Bangui, Didier Eric Tambo, a confirmé l’interpellation et le transfert d’Yvon Konaté à la Section des recherches et d’investigation (SRI) à Bangui.
Notre équipe s’est rendue à la SRI, le 18 décembre 2020, en fin de matinée, où elle a pu constater de visu qu’Yvon Konaté était bel et bien vivant. L’ancien porte-parole des anti-balaka venait de sortir d’une audience avec le juge d’instruction et s’apprêtait à aller prendre un bain. Portant une barbe, il est apparu souriant, ne semblant montrer aucune inquiétude, mais n’a pas pu répondre à nos questions.
Quelques heures auparavant, nous avions joint, par téléphone, Béranger Igor Lamaka, actuel porte-parole des anti-Balaka qui avait démenti la mort du lieutenant Konaté : « Non, il n’a pas été tué, même s’il a été torturé au moment où il a été capturé. Je lui ai rendu visite ce matin. » Il a ajouté que dans la journée du mercredi 16 décembre, Yvon Konaté avait été transféré à l’hôpital pour bénéficier de soins, avant d’être amené à la SRI.
Cette allégation du porte-parole des anti-balaka apparaît très exagérée si l’on en croit un responsable de la SRI qui indique qu’Yvon Konaté a été conduit jeudi 17 décembre à l’hôpital pour des soins car il portait « de légères traces de coups de crosse ».
Contacté, un magistrat du parquet de Bangui a précisé que « le lieutenant Konaté est attendu au parquet dans les jours qui viennent. La SRI doit d’abord documenter les charges qui pèsent sur lui », sans toutefois s’exprimer sur l’existence d’actes de torture.
Yvon Konaté n’a donc pas été battu à mort. Il a toutefois reçu des coups qui ont nécessité des soins. Il a été présenté au juge d’instruction ce vendredi 18 décembre pour la suite des procédures judiciaires.